Le « F24 » juge la démarche « inopportune »
Aux motivations du projet de loi no 05/2024 portant amnistie adopté en Conseil des ministres mercredi dernier et qui a atterri ce lundi sur le Bureau de l’Assemblée nationale pour son examen en mode fast-track aux fins « permettre à des personnes privées de leurs droits civiques et politiques d’être rétablies dans leurs droits », le coordonnateur du « F24 », rejette les contours de cette loi. Selon Mouhamadou Mbodj, « la démarche du chef de l’Etat est inopportune » en ce sens que les « leaders politiques emprisonnés ne sont responsables d’aucun crime ou délit susceptible d’être pardonné ».
Le projet de loi no 05/2024 portant amnistie a ravivé les controverses dans l’espace public. Après les organisations de défense des droits humains (Amnesty international et Forum civil), les mouvements citoyens (Aar Sunu Election, Cosce, Cud) et les formations et coalitions de partis politiques de l’opposition (FC25), c’est au tour du F »24 de la condamner pour ensuite la rejeter. Selon son coordonnateur Mouhamadou Mbodj, « Notre position est celle de la condamnation et du rejet car on ne peut admettre en pleine crise politico-électorale et à un mois du départ du président de la république que l’on puisse envisager d’aministier tous les crimes et délits qui ont été perpétrés durant ces 3 dernières années et comme par hasard du 1er février 2021 au 25 février 2024. Nous estimons ue ce n’est pas le moment et c’est très gênant de voir cette loi déposée sur le Bureau de l’Assemblée nationale ». En lieu et place de l’« apaisement du climat social » évoqué, il pense qu’il s’agit plutôt d’ « un aveu de culpabilité parce que cette volonté subite d’apaisement signifie qu’on a commis des erreurs, qu’on a pas géré correctement le pays et qu’on a menacé sa stabilité e sa cohésion sociale», dira t-il. Qui plus est, « aucune enquête n’ayant été faite depuis 2021 avec tous ces meurtres, faits criminels et correctionnels, tirs à balles réelles et disparitions, aucune responsabilité n’ayant été située ». Pour lui, « il y’a une sorte d’inversion des rôles pour nous vendre cette ammistie ». Sous ce rapport, à titre d’illustration, au niveau d’informations où ils en sont, « nous ne voyons pas quels crimes les sieurs Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye ont-ils commis si ce n’est qu’ils ont certainement appelé à la résistance pour avoir été persécutés et victimes d’un lynchage médiatique sans précédent, s’est-il interrogé ? De ce point de vue, « ils n’ont rien demandé en termes de pardon. Les criminels, s’il y’en a, sont à chercher ailleurs que dans le camp de l’opposition », a-t-il soutenu. Dans la perspective de l’examen pour adoption par la plénière du projet de loi portant amnistie no 05/2024, le président Macky Sall a reçu samedi dernier les députés de sa coalition « Bennoo Bokk Yaakaar » (Bby) au Palais présidentiel, avant de quitter Dakar pour Alger où il devait prendre part au 7e Forum des pays exportateurs de gaz. A cet occasion, il les a briefé sur le sens de sa démarche et le bien-fondé de la loi d’amnistie pour réconcilier la nation sénégalaise fracturé ces trois dernières par de profondes divisions socio-politiques, rapportent certains médias.
Malamine CISSE