Le spectre de la faim s’éloigne pour 7 collectivités minées par le conflit casamançais
Les populations de sept collectivités des régions de Kolda et de Sédhiou affectées par le conflit casamançais vivent aujourd’hui d’aviculture et d’élevage de petits ruminants. Elles sont organisées en coopératives et exploitent des périmètres maraichers et des unités de transformation de céréales et de stockage bien équipés. Ces réalisations ont été rendues possibles grâce à l’ONG Aigle. EnQuête s’est rendu dans les différentes communes bénéficiaires.
Consciente que certaines régions du Sénégal souffrent d’un problème d’insécurité alimentaire et de malnutrition, malgré les nombreuses potentialités économiques dont elles regorgent, l’ONG Aigle a décidé de jouer sa partition afin d’accompagner l’Etat à lutter contre la pauvreté et la faim dans le pays. Ainsi, à travers son projet « Action pour une sécurité Alimentaire Endogène’’, elle a choisi sept (7) collectivités locales des régions de Kolda et de Sédhiou qui sont affectées par le conflit casamançais, comme sa zone d’intervention. Il s’agit de Tanaff, de Baghère, de Kolibantang, de Niagha (région de Sédhiou), de Tankanto Escale, de Saré Bidji et de Saré Yoba Diéga (région de Kolda). Lancé le 25 octobre 2016, il a une durée d’un an.
Pour réussir sa mission, une étude du milieu a été menée pour recueillir les besoins des populations pouvant les sortir du gouffre de la pauvreté. Après avoir recensé les difficultés qui font le désespoir des populations de ces localités, l’ONG Aigle a démarré son projet qui veut contribuer à l’amélioration des conditions économiques et sociales des ménages pauvres. Ceci passe par une production satisfaisante garantissant une sécurité alimentaire et nutritionnelle. D’ailleurs, dans les sept (7) collectivités locales visitées par EnQuête, la stratégie adoptée par l’ONG Aigle consiste d’abord à appuyer les femmes membres de Groupements de Promotion Féminine (GPF) à s’organiser en coopérative. En plus cela, elle mise sur des activités d’élevage de volailles et de petits ruminants.
Un projet dont les résultats sont probants
Les activités mises en place par l’ONG Aigle dans ces zones affectées par la crise casamançaise ont porté leurs fruits. Car, à travers ce périple, nous avons pu constater du concret à travers les activités d’élevage, l’expérimentation de périmètres maraichers, la culture de manioc, du fonio et la transformation des produits agricoles, maraichers et céréaliers. A cela s’ajoute l’implantation de deux unités de transformation et de stockage des produits agricoles mises à la disposition des localités où les productions sont plus abondantes.
« Nous avons également installés cinq (5) périmètres maraichers dont trois avec équipement complet dans les communes de Kolibantang, Niagha et Tankanto Escale et qui seront expérimentés par les femmes de la coopérative », indique le coordonnateur, Ibrahima Thiédo Baldé. Qui renseigne que « le suivi et le contrôle des activités sont assurées par deux animateurs qui, périodiquement, font des visites de terrain pour assister les femmes dans le déroulement et la tenue des activités que celles-ci mènent au sein de leur coopérative ». « Les relais encadrent les bénéficiaires au niveau des poulaillers, des bergeries et des périmètres maraichers, entre autres », ajoute-t-il.
Dans ces zones visitées, l’aviculture, l’élevage de chèvres et de moutons sont devenus une profession. Et les bénéficiaires, en majorité d’anciens chômeurs, vivent aujourd’hui grâce à ces activités. Leur adhésion à ce projet à changer leur comportement et participe efficacement à lutter contre la malnutrition et l’insécurité alimentaire dans ces contrées défavorisées. « La majorité des foyers étranglés par la pauvreté et la faim vit aisément, aujourd’hui.
Parce que ces activités ont changé nos conditions de vie. Nous parvenons à subvenir à nos besoins et à ceux de nos familles, grâce à la vente de poulets et d’œufs », confie Bobo Baldé, président de la Coopérative de la commune de Kolibantang. Aminata Kandé, présidente de la coopérative de la commune de Niagha, est tout autant réjouie.
« La formation nous a permis de savoir élever les poulets, les moutons et les chèvres, les nourrir et les soigner, de même que les poussins ». La dame de poursuivre : « Grâce à cette ONG, nous sommes devenues indépendantes. Et nous avons appris beaucoup de choses qui nous permettent dans l’avenir de voler de nos propres ailes. Auparavant, en dehors de la saison des pluies, on restait neuf mois sans activités. Maintenant, nous travaillons 12 mois sur 12. Et nous gagnons notre vie à la sueur de nos fronts ».
A en croire les bénéficiaires, ces activités ont changé leurs conditions de vie. Ils peuvent consommer et ventre leurs produits. Car, la demande en poulets, œufs, viande de mouton et de chèvre ne cesse de croître.
EMMANUEL BOUBA YANGA