Quelle place pour les femmes ?
Dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, les femmes sont des actrices importantes, souligne la cheffe de Division changements climatiques au ministère de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique.
Affectant le plus sévèrement les personnes les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre et dotées de moyens limités pour s’y adapter, le changement climatique constitue l’une des principales injustices sociales de cette époque. De plus en plus de voix s’élèvent pour affirmer que les impacts du changement climatique représentent une menace majeure pour les droits humains et en particulier pour les personnes vivant déjà dans la pauvreté. Or, selon des études de la Banque mondiale, du PNUD et de la FAO de 2011, deux tiers des personnes les plus pauvres de la planète sont des femmes.
Hier, lors d'un atelier de partage et de validation de l’étude d’analyse du genre dans le processus du Plan national d’adaptation et du Plan d’action national genre et climat, la cheffe de la Division changements climatiques au ministère de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique a indiqué que les changements climatiques, par ses impacts directs et indirects, par les politiques qu’il induit, tant dans la prévention que dans l’adaptation des pays, est un phénomène extrêmement genré.
Pour Madeleine Diouf Sarr, pendant longtemps, il a été supposé que les impacts négatifs du changement climatique et les efforts faits pour les atténuer avaient des effets similaires à la fois sur les femmes et les hommes.
Cependant, dit-elle, le monde a progressivement découvert que les femmes et les hommes font l’expérience du changement climatique de manière différente et que les inégalités entre les sexes ont limité la capacité des femmes à s’en sortir. Il a aussi été reconnu que les femmes sont des actrices importantes du changement et détiennent des connaissances et des compétences significatives en ce qui concerne l’atténuation, l’adaptation et la réduction des risques face au changement climatique. Ce qui fait d’elles des agents décisifs dans ce domaine.
"En conséquence, il y a un besoin urgent d’inclure une approche sensible au genre dans le travail de confection des projets, programmes et politiques sur le changement climatique et plus particulièrement dans les plans nationaux d’adaptation au changement climatique. Établi par le cadre de Cancún pour l’adaptation en 2010, le processus du Plan national d’adaptation (PNA) est considéré comme un vecteur central pour identifier les priorités d’adaptation à moyen et long terme, ainsi que développer et mettre en œuvre des stratégies et programmes pour y répondre’’.
Le processus PNA, poursuit-elle, a été conçu pour faciliter l’intégration des défis liés aux changements climatiques dans la planification nationale, dans le cadre de l’objectif plus large de l’atteinte d’un développement durable. ‘’C’est un mécanisme essentiel pour la définition des priorités d’adaptation, l’acheminement des ressources et la mise en œuvre des mesures d’adaptation. Il constitue alors une opportunité unique pour aborder les dimensions liées au genre du changement climatique, à condition qu’il soit entrepris de manière à répondre aux questions de genre. L’adoption d’une approche qui répond aux questions de genre contribuera également à aligner les politiques et stratégies climatiques sur d’autres engagements tels que les Objectifs de développement durable (ODD), la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (Cedaw)", assure-t-elle.
En outre, elle a indiqué que le présent atelier constitue une étape importante pour une meilleure prise en compte du genre dans le processus du PNA et plus globalement dans la politique climatique. "Le Plan d’action national genre et climat a pour objectif principal de renforcer la prise en compte du genre dans les politiques publiques en lien avec le climat et par l’ensemble des acteurs", a soutenu Mme Sarr.
CHEIKH THIAM