Le Forum civil sonne la charge
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Il est impératif de se mobiliser contre les flux financiers illicites, selon le Forum civil et Tax Justice Network Africa (Tjna) qui, en compagnie de la Fédération des amicales des étudiants de Bignona, ont organisé une conférence, ce samedi, sur le sujet.
La sous-région est engluée dans un maelstrom de problèmes qui la déchire. Il y a, en premier lieu, le terrorisme, mais aussi les trafics en tout genre et les flux financiers illicites. Sur ce dernier point, le débat organisé, ce samedi, par le Forum civil, en partenariat avec Tax Justice Network Africa (Tjna) et la Fédération des amicales des étudiants de Bignona, a permis de lever un coin du voile. Le coordonnateur du Forum civil, Birahime Seck, a présenté une étude du Groupe intergouvernemental d'action contre le blanchiment d'argent en Afrique de l'Ouest (Giaba) sur les mines d’or. Celle-ci, dit-il, montre que le financement du terrorisme provient de l’exploitation de ces mines d’or. Elle démontre que des produits tirés de la corruption, de la drogue, sont injectés dans l’industrie minière extractive.
La situation est d’autant plus périlleuse que le gouvernement, dénonce le coordonnateur, refuse de publier les rapports des corps de contrôle. ‘’Autrement dit, on assiste à une neutralisation des corps de contrôle au Sénégal, que ça soit l’Ige, la Cour des comptes qui ont des rapports qu’ils n’ont pas publiés’’, fustige Birahim Seck. Qui souhaite la mise en œuvre de stratégies combinées, croisées, afin de toucher le maximum de populations sur les méfaits des flux financiers illicites au Sénégal. Ceux-ci sont une instrumentalisation du flux financier international, une surfacturation consistant à dissimuler des capitaux.
Paradoxe
En outre, Birahime Seck a pointé le paradoxe au Sénégal et dans les autres pays de l’Uemoa, surtout ceux qui sont impactés par le terrorisme comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Il souligne que, dans ces différents pays, on dit qu’il y a des avancées faites, dans le cadre du Doing Business. Alors que leur situation est très peu reluisante, car le cadre juridique n’est pas approprié. ‘’Je prends l’exemple du Sénégal qui, nous dit-on, a gagné dix-huit places par rapport à l’année dernière. Mais on se rend compte, si on fait une petite comparaison par rapport aux résultats qui ont été produits par l’indice de développement humain (Idh) du Pnud, que ces pays sont presque à la queue, que ça soit le Niger, le Sénégal, le Burkina Faso ou le Mali’’, décrypte Birakhim Seck.
Si on prend l’indice de perception de la corruption, c’est la même situation, dit-il. Car ces pays sont tous dans la zone rouge. Aucun d’entre eux ne dispose de la moyenne de 50/100.
Au même moment, de plus en plus, on se rend compte que ces pays sont dans la pauvreté et les inégalités s’accentuent, corrélées à une insécurité galopante. Birahime Seck préconise, donc, une mobilisation impérative pour la lutte contre les flux financiers.
Le partenariat avec les étudiants de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, à travers la Fédération des amicales des étudiants de Bignona, a pour objet de disséminer l’information. Les membres sont allés dans les différentes localités du pays pour toucher les populations à la base. Ils comptent poursuivre leur plaidoyer pour que l’information sur le flux financier illicite soit une problématique majeure.
AIDA DIENE