Publié le 21 Dec 2013 - 21:21
LUTTE CONTRE LES INTERDITS A TOUBA

 La police change de fusil d'épaule

 

Le poste de contrôle situé à l’entrée sud de Touba suffit-il aujourd’hui à faire la police face à tous les interdits en vigueur dans la ville sainte dont notamment le tabac, les boissons alcoolisées et la drogue. En tout cas, la police a changé de fusil d’épaule avec le développement de la cité, de plus en plus tentaculaire.

 

"Le poste de contrôle existe jusqu’à présent, mais avec l’étendue actuelle de la ville et ses différentes voies d’accès, il n’est plus adapté pour ce travail. Aujourd’hui, le contrôle s’exerce sur toute l’étendue de la ville", renseigne une source proche de la police."L’interdiction est permanente.

Magal ou pas, on est toujours de veille par rapport à ces proscriptions. Personne n’ose allumer une cigarette dans rue", ajoute la même source qui a requis l’anonymat. Cependant, la traque des contrevenants en matière de tabac bute sur une difficulté liée surtout à une vacuité juridique. Le code pénal ne prévoit pas de délit reposant sur la consommation de tabac.

"Il y a une difficulté réelle parce que la loi ne prévoit pas d’arrestation en matière d'usage du tabac, mais c’est le marabout qui l’interdit. Dans cette situation, il faut choisir de faire respecter la volonté du marabout car Touba est un titre foncier lui appartenant", ajoute-t-on de même source.

Ainsi, en cas d’interpellation d’une personne pour détention ou consommation de cigarettes dans la ville, elle est soumise à un paiement d’une contravention dont le montant est compris entre 1500 et 3000 francs.De plus, le contrevenant qui ne peut être gardé outre mesure est mis en demeure avant d’être libéré. "Légalement, l’arrestation d’une personne ne peut être justifiée en la matière, mais compte tenu du statut religieux et culturel de Touba, on ne peut pas être là à regarder les gens fumer, organiser des manifestations mondaines ou boire de l’alcool", soutient-on également de même source. 

Aussi, compte tenu du contournement du poste de contrôle, la police procède par des fouilles au flair. Celles-ci sont plus serrées la nuit et plus allégées durant la journée. Sans donner de chiffres, la même source admet toutefois que beaucoup de personnes sont arrêtées pour de telles fautes. "Ici, les gens fréquentent les daraas (écoles coraniques), mais après leurs études, ils n’ont pas de distractions. Ils se réfugient derrière l’alcool, les filles, etc. C’est pourquoi il y a beaucoup de problèmes de sexe ici", souligne-t-elle. 

Le troisième khalif général des mourides, Serigne Abdou Lahad Mbacké, avait lancé une croisade contre les boissons alcoolisées, le tabac, la drogue, la contrebande, les jeux de hasard et les manifestations mondaines. Il avait déclaré ces pratiques illégales le 18 septembre 1980 sur toute l’étendue de la ville sainte de Touba.

 

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