Net campagne
Fureur politique sur le web. Partout sur la toile s’affichent les bannières pour informer de la tenue de meeting d’investiture pour les candidats déclarés, les uns après les autres. Il leur faudra disposer d’un budget de communication conséquent pour occuper l’espace médiatique et assurer leur présence dans l’arène politique. Pour utiliser un vocabulaire emprunté à la lutte qui, après la politique et les faits divers, occupent la troisième place du podium des sujets favoris des ''revueurs de presse''.
Comme les commerçants à l’approche des fêtes, les sites sénégalais se réjouissent de cette période préélectorale et cèdent volontiers certaines parties de leurs pages d’accueil à ce marketing politique. Mais là encore, l’argent, le nerf de la guerre, va opérer une sélection naturelle qui va augurer du déroulement de la campagne sur le terrain. En attendant, les portails les mieux référencés affichent les photos des candidats pour informer de la tenue d’une manifestation quelconque ou tout simplement de l’adresse du site dédié à ces prétendants à la magistrature suprême.
Dans ce climat politique, voici que Seneweb a lancé ses blogs. La révolution du web 2.0 est arrivée et les journalistes made in Sénégal n’ont qu’à suivre le mouvement. Principaux fournisseurs d’infos, ils devront désormais partager cet espace avec des auteurs qui veulent aussi donner de la voix dans ce concert médiatique qui n’est plus la chasse gardée d’une corporation. Au même moment, voici l’entrée en politique d’un de ses éminents membres, le journaliste Abdou Latif Coulibaly. Investi par la Coalition Benno Alternative 2012. Un candidat de plus ?
Lui aussi était présent lors de la troisième édition du gala de la presse organisé par la Convention des Jeunes Reporters, dont les photos ont été jetées en pâture sur le web. Au risque de nous répéter, internet serait-il un ghetto médiatique où le droit à l’image n’existerait pas ? Peut-être la vengeance d’une autre corporation, celle des photographes, qui a vu certains de ses membres accusés de plagiat et qui n’ont pas eu droit au trophée décerné pour cette catégorie.
Mais toute cette agitation sur la toile côtoie le flux ininterrompu de l’information dominée par cette tragédie qui touche la communauté sénégalaise en Italie. Conséquence : une journée de deuil à Florence, mercredi 14 décembre 2011, suite au meurtre raciste de deux Sénégalais : Modou Samb et Mor Diop. Victimes de la folie d’un homme, Gianluca Casseri, qui a fini par se donner la mort après son acte ignoble. Laissant une communauté d’immigrés sénégalais en colère et réclamant justice. Mais comment et à qui ?
Ce sera encore un acte à ranger dans la série ''drame de l’immigration'' en attendant le suivant ? C’est justement ce que veulent éviter leurs compatriotes afin que ces trois personnes sorties de l’anonymat de la plus horrible des manières n’y retournent pas et ne soient pas morts pour rien.
Quid de la politique d’immigration des candidats à l’élection présidentielle ? Leurs programmes en font-elle état ? Au-delà des déclarations pour exprimer leur indignation et réclamer justice, eux aussi, ont-ils réfléchi sur cette question qui touche des millions de Sénégalais établis à l’étranger ? Eux aussi constituent un électorat à ne surtout pas négliger.
Karo DIAGNE-NDAW