Racolage cathodique
Son rôle est de dénoncer les dérives des médias. Seulement, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) s’en arrête plus à des déclarations et autres avertissements qu’à de véritables moyens de dissuasion. Résultat : le dernier communiqué prend des allures de déjà entendu. Lorsque cette ''police'' des médias met encore en garde la RDV pour cause de publicité de produits aphrodisiaques, l’on se demande si la chaîne fait du ''je-m’en-foutisme'' ou si ce n’est là que l’expression du caractère inoffensif du CNRA ?
Dans son dernier rapport trimestriel, le Conseil - peut-être que c'est sur sa dénomination que réside ses limites - dénonce, entre autres, la publicité déguisée dans certaines émissions, l’image dégradante de la femme utilisée dans certaines publicités ou encore les propos choquants utilisés dans certaines émissions de faits divers. Mais que faire des clips aux danses si lascives, suggestives diffusées à longueur de programmes, toutes chaînes confondues. Les précédents rapports ont déjà exprimé leur indignation, mais cela ne suffit plus. Lorsqu’une danse, comme celle qui est en vogue en ce moment – thiankhagoune - fait le buzz sur le net, dans une version servie par Fatou Laobé et sa bande, l’on se dit que certaines chaînes devraient s’inspirer d’autres qui diffusent ce genre de ''chorégraphie'' à une heure tardive de la nuit. Imaginez un peu le malaise à la maison, lorsqu’un programme aux allures familiales se transforme tout à coup en séance de danse érotique. Les parents n’ont plus qu’à s’emparer de la télécommande et zapper aussi vite que leur ombre.
Néanmoins, lorsque la société devient voyeuriste à l’extrême, ce sont les médias qui lui emboîtent le pas. Si ce n’est pas du racolage médiatique ça y ressemble. Des années en arrière, à l’époque de la chaîne unique nationale, des députés avaient réussi à faire arrêter la diffusion de séries comme Dallas ou Dynastie, arguant qu’elles véhiculaient des contre-valeurs susceptibles de nuire à la société. A présent que les chaînes se comptent en demi douzaine, le mal a atteint le seuil critique face à l'impuissance du CNRA. Alors, aux parents de faire la police et de protéger leur progéniture.
Karo DIAGNE-NDAW