Publié le 6 Oct 2020 - 05:27
MAGAL

Retour sur le sens d’un événement

 

Le Magal marque l'anniversaire du départ en exil, le 12 août 1895, du fondateur du mouridisme, à la fin du XIXe siècle, Ahmad ibn Muhammad ibn Ḥabīb Allāh, plus connu sous le nom de Cheikh Ahmadou Bamba. Il aura vécu 72 ans et surmonté plusieurs épreuves.

 

 Cheikh Ahmadou Bamba était de croyance traditionnelle sunnite. Ainsi, il dit au début de son livre ‘’Mawâhibou l-Qouddoûs’’ : ‘’Il (Allâh) n’a pas de semblable, Il ne dépend pas du temps, Il est exempt du genre et Il est sans endroit.’’ Son mysticisme soufi s'inscrit ainsi dans le cadre du fiqh et une vision orthodoxe du sunnisme.

Reprenant la charge de l'école de Mbacké, après le rappel à Dieu de son père, il organise un système d'enseignement articulé autour de trois piliers que sont l'instruction (‘’taalim’’), l'éducation (‘’tarbiyya’’) et l’entraînement à la vie (‘’tarqiyya’’).

Le premier correspond à l'enseignement religieux et traditionnel des écoles coraniques, alors que les deux autres répondent à des objectifs alors nouveaux. La ‘’tarbiyya’’ repose sur la soumission volontaire du mouride à un maître. Lors de la ‘’tarqiyya’’, qui marque la fin de l'enseignement, le disciple aide son marabout dans la gestion de son domaine, et celui-ci, en retour, l'introduit à la vie réelle et lui apprend à se débrouiller face aux aléas du quotidien.

Pendant le Magal, des fidèles lisent des versets du Coran et des ‘’khassaïdes’’, poèmes écrits par Cheikh Ahmadou Bamba. Né en 1853, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké va mener la vie dure aux Français, non en levant les armes, mais en résistant à travers sa foi et son rayonnement sur ses disciples sénégalais de cette époque. De fait, le chef religieux avait été contraint par les autorités coloniales françaises à l'exil au Gabon, sur l'île de Mayombé (1895-1902), puis en Mauritanie (1903-1907), avant d'être placé en résidence surveillée dans le nord du pays. Il avait lui-même souhaité que cet événement soit commémoré par ses disciples qui se comptent à présent par millions au Sénégal et dans la diaspora.

Ainsi, en 1921, le cheikh organisa publiquement, pour la première fois, l'anniversaire de son départ en exil. Depuis lors, chaque année, les fidèles commémorent cet événement qui est devenu l’un des plus importants de la religion musulmane au Sénégal.

Masques ignorés par les pèlerins

Arrivés en voitures, en taxis collectifs ou ‘’cars rapides’’’ de tout le Sénégal, bravant la chaleur et des embouteillages monstres, les fidèles se sont pressés, hier, aux alentours de la grande mosquée et des mausolées des descendants du cheikh, de ses compagnons et des dignitaires mourides.

Pour ce Magal qui se passe dans un contexte marqué par la Covid-19, les gestes barrières édictées par les spécialistes en santé publique et réitérés par le khalife général des mourides sont foulés aux pieds. La plupart des fidèles ne portent pas de masque.

Boucar Aliou Diallo (avec Wikipédia)

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