Mamadou Ndoye à l’épreuve d’une probable fronde
Derrière les apparences, la désignation de Mamadou Ndoye comme nouveau secrétaire général de la Ligue démocratique est loin de faire l’unanimité. Certains cadres du parti, qui critiquent le choix porté sur Mamadou Ndoye du fait de son âge, ont brillé par leur absence lors du dernier congrès du parti.
La Ligue démocratique réussira-t-elle à préserver son unité sous l’ère Mamadou Ndoye ? Rien n’est moins sûr. Car, la désignation de ce dernier à la tête de ce parti suscite des grincements de dents au sein des cadres du parti. Selon des sources dignes de foi, certains cadres sont mécontents à l’idée de voir la direction confiée à un «vieux» alors que le parti regorge de «jeunes capables de conduire les destinées du parti». L’autre reproche qui est fait au successeur d’Abdoulaye Bathily, c’est le fait qu’il soit «déconnecté des réalités du pays». «Il a vécu à l’étranger durant une dizaine d'années en tant que fonctionnaire international. Aujourd’hui, il ne maîtrise pas réellement certaines choses», confie-t-on. Cette situation a donc installé le malaise au sein du parti qui risque de connaître une fronde ou pire, une scission. Et parmi les cadres en désaccord avec le parti, nos sources citent le nom de Seydou Sy Sall. L’ancien ministre de l’Urbanisme a d’ailleurs brillé par son absence lors du congrès de son parti. La raison ? L’intéressé, contacté par EnQuête, n’a pas voulu s’expliquer. «Où est le problème ? Je n’étais pas là, comment je peux être contre (Mamadou Ndoye) ?», se demande ce «jallarbiste» qui n’a cessé de demander à EnQuête quelle était sa «source». De plus, nos sources nous apprennent que Seydou Sy Sall et d’autres cadres du parti n’assistent plus aux rencontres du parti depuis belle lurette. Abdou Karim Ndiaye, porte-parole de la Ld, confirme. «C’est des camardes qu’on ne voit pas dans les instances. C’est la vérité. J’attends de voir quelles sont les arguments qu’ils vont avancer. S’ils ne sont pas venus au congrès, ils donneront les raisons». Les démarches entreprises par le parti n’ont apparemment rien donné. «Il y a une mission qui les a rencontrés plusieurs fois, nous avons fait tout ce que nous avons pu, en vain», confie M. Ndiaye. «Vous savez, dans un parti politique, ce sont des querelles internes. Les gens ne sont pas toujours d’accord. En cas de désaccord, les gens doivent trouver des compromis dynamiques. C’est dans les instances d’idées. Ce n’est pas en faisant la politique de la chaise vide qu’on va régler les problèmes dans un parti politique. Il peut y avoir des problèmes», explique le porte-parole de la Ld qui se garde de rentrer dans les détails.
Le syndrome Mbaye Diack
Toutefois, M. Ndiaye refuse de lier ce «malaise» au Congrès qui, selon lui, n’a souffert d’aucune «contestation» du point de vue des procédures. «Les délégués qui viennent au congrès sont choisis au niveau local. Ensuite, le bureau politique sortant installe le nouveau bureau politique. C’est ce dernier qui va élire les instances. On a discuté et on est tombé d’accord sur un bureau consensuel qui a porté son choix sur Mamadou Ndoye». Par conséquent, évoquer la question de l’âge du nouveau secrétaire général de la Ld relève, aux yeux de Cheikh Guèye, membre du Bureau politique, d’une mauvaise querelle. «Mamadou Ndoye est jeune d’esprit. C’est un grand militant, le mémoire du parti. Quelqu’un dont la trajectoire est reconnu de tous». Pour le 1er adjoint au maire de Dakar, «le problème d’âge n’a aucun sens» puisque «l’âge est un état d’esprit». «On a des jeunes qui sont vieux. On a des vieux sur le plan de l’âge mais qui sont jeunes. C’est un problème de capacité, de posture, de statut», souligne M. Guèye. Ce dernier juge «normal qu’à la veille d’un congrès, que les jeunes, les femmes affichent leurs ambitions et veuillent être quelque part». Mais «au finish, un consensus a été trouvé et les gens avancent». Son camarade Abdou Karim Ndiaye rappelle à cet effet que «parmi les 21 membres, le plus ancien, c’est Ousmane Badiane hormis Mamadou Ndoye».
Il faut rappeler que ce n’est pas la première fois que la Ld traverse une telle situation même si, il faut le reconnaître, la discipline du parti est très respectée. La dernière crise remonte à 2000 et opposait l’ancien secrétaire général du parti Abdoulaye Bathily à son ancien numéro 2 du parti, Mbaye Diack. Non content d’avoir été zappé dans le premier gouvernement de Wade au profit de Seydou Sy Sall, dans le cadre du quota, Mbaye Diack avait claqué la porte de la Ld et avait rejoint, avec sa propre formation politique, le camp de Wade. Ce dernier, en fin politique, le nomma secrétaire général du gouvernement adjoint. Un maroquin qu’il conserva pendant 12 ans.