Ansar Eddine renonce à appliquer la charia, sauf à Kidal
Les islamistes d'Ansar Eddine ont annoncé, mercredi 14 novembre, qu'ils renonçaient à vouloir appliquer la charia au Mali. Ils souhaitent toutefois imposer la loi islamique dans leur bastion de Kidal, dans le nord-est du pays.
C'est un revirement idéologique, mais aussi stratégique, important. Ansar Eddine, l'un des groupes islamistes armés qui occupent actuellement le Nord du Mali, a annoncé mercredi qu'il renonçait à vouloir imposer la charia dans tout le pays, mais a exigé de pouvoir l'appliquer dans son seul fief de Kidal.
« Nous renonçons à l'application de la charia sur toute l'étendue du territoire malien, sauf dans notre région de Kidal où la charia sera appliquée en tenant compte de nos réalités », a déclaré Hamada Ag Bibi, l'un des membres d'une délégation d'Ansar Eddine présente à Ouagadougou, sans plus de précision.
« Nous souhaitons seulement l'application de la charia dans les zones sous notre contrôle, c'est-à-dire dans la région de Kidal. Tout se fera avec pédagogie, et nous allons détailler notre argumentation lors des négociations avec l'autre partie », les autorités maliennes de transition, a expliqué Mohamed Ag Aharib, porte-parole de la délégation.
Intervention militaire
Ansar Eddine, ainsi que les djihadistes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), occupent le nord du Mali depuis avril et y appliquent de façon très stricte la charia (amputations, lapidations...). Ils commettent aussi de nombreuses exactions ainsi que des destructions de mausolées.
Ces pratiques ont été constamment condamnées par la communauté internationale et le pouvoir de Bamako. Ce revirement spectaculaire d'Ansar Eddine sur la charia survient alors que la menace d'une intervention militaire africaine se précise : des dirigeants africains ont décidé dimanche à Abuja d'envoyer 3 300 militaires pour aider l'armée malienne à en déloger les groupes armés islamistes, tout en ne fermant pas la porte à la négociation. Mardi, l'Union africaine a donné son aval à l'envoi de cette force. Le plan d'intervention militaire doit être transmis avant la fin novembre au Conseil de sécurité de l'ONU, pour qu'il donne son feu vert.
Jeuneafrique