Publié le 1 Aug 2013 - 13:02
MALI- LA PUBLICATION DES RÉSULTATS PARTIELS

 Le camp de Soumaïla Cissé divisé

 

Après la publication avant-hier des résultats partiels du scrutin présidentiel malien qui annoncent ‘’une large avance’’ d'Ibrahim Boubacar Keïta sur ses adversaires, le Front uni pour la défense de la République (FDR), coalition à laquelle appartient l’Urd de Soumaïla Cissé, ne parle plus le même langage. Si Soumaïla Cissé est dans une logique de contestation, ses alliés dont l’ADEMA/PSJ ont appelé à l’apaisement et au respect du verdict des urnes.

Le Front uni pour la défense de la République (Fdr), coalition qui regroupe plus d’une trentaine de formations politiques dont ceux des candidats Soumaïla Cissé, Modibo Sidibé, Dramane Dembélé et Jeamille Bittar, ne parle plus le même langage. Ils sont désormais divisés sur les commentaires que le ministre malien de l’administration territoriale a fait des premières tendances du scrutin présidentiel du dimanche dernier et qui donne une ‘’large avance’’ au candidat Ibrahim Boubacar Keïta sur ses adversaires. Contestant ces résultats, Soumaïla Cissé, par la voix de son porte-parole Adama Koïta, estime que ‘’le ministre de l’Administration territoriale, le colonel, Moussa Sinko Coulibaly, est allé vite en besogne’’. Selon lui, ‘’ce que le ministre a dit n'est pas proche de la vérité dans la mesure où le taux de dépouillement est à 12% contrairement au 33% annoncés par le ministère de l’Administration territoriale’’.

Le colonel Moussa Sinko Coulibaly a en effet tenu avant-hier une conférence de presse pour rendre publics les résultats partiels de l’élection présidentielle malienne. Sans donner des statistiques, il avait soutenu que le processus de dépouillement qui était fait au tiers, révélait que le candidat Ibrahim Boubacar Keïta dit IBK était largement en tête et que si les tendances se confirmaient, il n'y aurait pas de second tour.  Mais pour Soumaïla Cissé, ‘’Ibrahim Boubacar Keïta est certes en tête mais il n’est pas le vainqueur dès le premier tour’’. Et que compte tenu des résultats que ses représentants dans les bureaux de vote ont pu recueillir, le second est inévitable. 

         «Si quelqu’un est élu président, en tant que républicain, je l'accepte»

Une position vis-à-vis de laquelle se démarque son allié Dramane Dembélé, le candidat de l’ADEMA/PSJ. Ce dernier se dit attaché aux valeurs républicaines. ‘’Je suis un candidat d’un parti qui a géré le pays pendant 10 ans, qui a une conscience de l’Etat de droit et qui sait ce que signifie la stabilité dans un pays’’, a soutenu Dramane Dembélé au cours d’un point de presse tenu hier au siège de son parti. Comme pour sermonner Soumaïla Cissé, le leader del'ADEMA/PSJ ajoute : ’’A la fin du processus, si quelqu’un est élu président, en tant que républicain, je l'accepte. Moi, je n’ai pas un agenda autre qu'un agenda républicain. Je mets le pays au-dessus de tout’’. Cette sortie du candidat malheureux de l’ADEMA a provoqué une avalanche de réactions du côté des autres candidats qui ont embouché la même trompette. Dans un communiqué rendu public, le collectif des candidats à l’élection présidentielle dénommé ‘’Nous candidats’’, a invité les candidats ‘’à respecter la volonté du peuple malien et à agir dans le sens de l’apaisement indispensable pour éviter les affres du conflit postélectoraux’’. Ils ont par la même occasion réitéré leur confiance aux autorités nationales dans la conduite du processus électoral. Non sans déplorer les quelques insuffisances notées dans l’organisation du scrutin. Les candidats Ousmane Ben Fana Traoré, Moussa Mara, Cheikh Diarra, Racine Seydou Thiam, Al Ousseynou Abamaïga et Sibiri Koumal, signataires de ladite déclaration, ont invité l’administration à les corriger avant les élections législatives.

Prenant acte des résultats provisoires de l’élection présidentielle publiés par l’organe chargé de son organisation, le Congrès national d’initiative démocratique (CNID) est allé plus loin en adressant ses félicitations à Ibrahim Boubacar Keïta. Son candidat, Me Mountaga Tall, déclare : ‘’La situation particulière que vit notre pays doit amener tous les candidats à mettre en pratique leurs engagements, à mettre le pays au-dessus de tout, en s’abstenant de rentrer dans des logiques de contestation qui ne peuvent que fragiliser davantage notre pays à des moments particulièrement difficiles.’’ Malgré certaines insuffisances constatées dans le processus électoral, il  a invité ‘’à l’acceptation par tous, des résultats qui seront proclamés et des conclusions formulées par la Communauté internationale dont la présence a été souhaitée par les Maliens eux-mêmes’’.

                            IBK appelle à la patience

Jusque-là emmuré dans un silence troublant, le camp de IBK est monté hier au créneau pour appeler l’ensemble des candidats à faire preuve de patience. ‘’Aujourd’hui, nous devons être patients et attendre dans le calme tous les résultats officiels. Nous devons penser au Mali que nous aimons tous et pour lequel nous sommes tous engagés’’, a déclaré Moussa Timbéné, président de la coalition IBK Mali d’abord, au cours d’une conférence de presse tenue dans l’après-midi. Selon le président du Mouvement des jeunes du Rassemblement pour le Mali (Rpm), ‘’la confrontation politique, c’était le 28 juillet’’. Aujourd’hui, dit-il, ‘’c’est la communion autour des valeurs démocratiques, du respect du verdict des urnes, de la confiance à nos institutions et à nos organes électoraux’’. ‘’Ne cédons donc pas à nos peurs personnelles, à nos désirs personnels ou à notre traumatisme’’, conseille-t-il tout en invitant les uns et les autres à faire appel à «leur foi, à leur amour pour le Mali et à leur dignité». ‘’ Soyons toujours du côté de la raison et de la sagesse’’, lance-t-il à l’endroit de ses adversaires politiques.

Annoncés hier par le ministre de l’Administration territoriale, les résultats provisoires ne sont toujours pas publiés. Pour quelle raison ? Mystère et boule de gomme. De toute évidence, le ministre de l’Administration a, selon la loi électorale malienne, jusqu’à vendredi pour proclamer les résultats provisoires qui vont être validés ou invalidés par la Cour constitutionnelle deux mois plus tard.

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