Publié le 26 Aug 2017 - 23:01
MAMADOU CISSOKHO, PRINCIPAL DU CEM DJIM MOMAR GUEYE

‘’L’environnement hétéroclite nous pénalise’’

 

Le bruit infernal, le contact permanent avec les badauds, la proximité avec le marché importunent le principal du CEM Momar Guèye. Face au silence des autorités, Mamadou Cissokho invite les anciens de l’école à retourner au royaume d’enfance.

 

Quelle est la situation du CEM Djim Momar Guèye ?

Parler de la situation du CEM Djim Momar Guèye me paraît un peu complexe, parce que c’est très vaste. Voilà un vieux CEM qui a fait son chemin dans le temps. Moi qui vous parle, j’ai fait mes études ici. A l’époque, on l’appelait l’’’annexe du lycée Gaston Berger’’. C’est là où j’ai fait ma quatrième, c’était en 1976. C’est un bâtiment en état de délabrement très, très avancé. D’ailleurs, chaque fin d’année, on envoie des rapports. Les correspondances que l’on envoie, aussi bien mes prédécesseurs que moi-même, attirent l’attention de l’Administration sur l’état du bâtiment. D’abord l’état, avec des plafonds branlants, des fissures sur la dalle, mais aussi et surtout c’est un établissement qui souffre de sa position géographique, de son emplacement. Comme vous pouvez le constater, c’est un établissement qui est situé au carrefour où l’on se croit tout le temps au marché. Les élèves n’ont pas de cour sécurisée, on est tout le temps en contact avec les badauds, les malades mentaux, les marchands ambulants, si bien qu’on se croirait dans un endroit autre qu’une école. Il y a trop de bruit et ça pose énormément de problèmes dans le cadre des enseignements apprentissages.

Est-ce que le bâtiment peut encore tenir ?

On l’espère, en tout cas, on attire l’attention des autorités. Ce que nous souhaitons, c’est sa délocalisation. S’il y a possibilité, il faudra le faire. Il faut donc délocaliser ou réhabiliter. Sinon, trouver un site pour procéder à la construction de nouveaux bâtiments.

Est-ce que les autorités locales sont averties ?

Tout le monde est avertie, parce qu’on envoie des rapports. Récemment, avec celui de fin d’année, j’ai transmis une lettre d’information adressée à l’Inspection de l’éducation et de la formation (IEF), l’autorité de tutelle. J’ai attiré son attention sur ça et maintenant j’attends sa réaction.

Quelle a été leur réponse ?

Rien pour le moment. On attend encore.

Est-ce que vous connaissez des anciens qui sont passés et qui sont aujourd’hui dans le gouvernement ?

Je ne sais pas… je le crois bien. Je sais qu’il y a une amicale des anciens élèves du CEM Djim Momar Gueye, mais très souvent c’est constitué d’élèves qui sont en seconde, première et terminale. C’est vraiment dommage. On aurait souhaité que ces anciens, s’ils sont aujourd’hui bien placés dans l’Administration, qu’ils fassent une descente, une visite des lieux. Ce que l’on appelle un retour au royaume d’enfance, pour essayer de voir l’état de cet établissement et éventuellement faire quelque chose.

Qu’en est-il du matériel didactique ?

On ne se plaint pas tellement, parce que nous avons des ordinateurs, même si c’est en nombre insuffisant. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une salle informatique. La réhabilitation de la salle, parce qu’elle manque de machines, ce qui fait que les deux dernières années, elle n’a pas fonctionné. Alors on aurait souhaité, dès la rentrée, que l’on remette sur pied cette salle.

Est-ce que le personnel enseignant fait défaut ?

Nous en avons assez. Franchement, il n’y a pas de problème à ce niveau.

Quels sont les résultats enregistrés lors des derniers examens ?

En octobre 2015, le CEM avait réalisé 41 % de taux de réussite au BFEM. En 2016, il a été à 54 %. Cette année, nous avons un peu chuté, nous sommes à 48 %. C’est une évolution en dents-de-scie. Les résultats auraient pu être meilleurs, si les conditions étaient encore beaucoup plus favorables. Je le répète encore une fois, le bruit infernal, le contact permanent avec les badauds ne nous aident pas. Sinon, il y a une bonne ambiance au sein de l’établissement, avec une équipe pédagogique dégourdie, engagée. Ils font tout pour que les élèves réussissent. Il n’y a que l’environnement hétéroclite qui nous pénalise. Je sais que cette année, même avec la moyenne nationale, le score que nous avons réalisé n’est pas mal, même si nous sommes en deçà des 50 %. Je sais que cette année, on pouvait faire plus de 60 %. Mais il y a des paramètres que l’on ne maitrise pas.

Est-ce que le CEM connait des perturbations durant l’année scolaire ?

Non, Dieu merci, et je touche du bois. L’établissement ne connait pas de grève, ni de perturbation. J’en veux pour preuve, l’année dernière, il y a eu la grève des enseignants partout au Sénégal. Le CEM Djim Momar Guèye fait partie des rares collèges du Sénégal qui n’ont pas connu de perturbation. Les enseignements se sont poursuivis normalement et les collègues ont tenu à faire leurs cours. Sur ce plan, il y a la quiétude, le calme. Nous souhaitons qu’il soit l’un des meilleurs établissements de la région, sinon du Sénégal, avec des bâtiments neufs, avec tout ce que ça peut comporter comme avantages. Que l’on mette le personnel et les élèves dans de bonnes conditions de travail, pour que les résultats puissent être meilleurs.

 

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