Mary Teuw Niane ‘’perturbe’’ le sit-in
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Le sit-in organisé hier par le Collectif des étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a fini en queue de poisson. Il a été reproché au porte-parole du jour d’avoir omis la question principale : le départ du ministre de l’Enseignement supérieur.
Les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) réunis en collectif ont organisé un sit-in, hier, sur l’avenue du même nom pour réclamer que justice soit faite sur la mort de l’étudiant Mouhamadou Fallou Sène. Dès 7 h, le lieu choisi pour tenir le rassemblement pacifique est dégagé et les forces de l’ordre stationnées dans des endroits stratégiques. Les étudiants, la plupart habillés en noir avec des brassards rouges, ont commencé à envahir l’endroit, tôt le matin. Déterminés et révoltés, ils ont débuté le sit-in en entonnant leur chanson fétiche : ‘’Nous disons non, nous disons non, étudiants, étudiants combattants de la liberté.’’
Tout semblait être au point pour une manifestation réussie. Et pourtant, il n’en sera rien. En quelques minutes, les démons de la division vont surgir. En fait, les étudiants n’ont pas pu s’accorder sur certains points de leurs revendications.
Désigné porte-parole du jour, Franck Dady Diatta, dans un discours de 4 minutes, n’a nulle part mentionné la nécessité de la démission du ministre de l’Enseignement supérieur, qui est apparemment la principale exigence de ses camarades. L’étudiant Diatta s’est plutôt limité à dénoncer la crise universitaire et à réclamer assistance pour les blessés. ‘’Nous avons jugé opportun d’organiser ce sit-in pour nous prononcer. Et c’est l’Ucad toute entière qui est là, unie pour demander que justice soit faite sur la mort de notre camarade Fallou Sène. Nous exigeons que les blessés durant les affrontements entre gendarmes et étudiants soient pris en charge, car nous en avons 7 dans un état grave’’, a laissé entendre Franck Dady Diatta.
Annonçant une plateforme revendicative en gestation, il a précisé que les étudiants réclament une audience avec le chef de l’Etat, car ils ne veulent pas d’intermédiaire. ‘’Nous ne voulons discuter qu’avec le président de la République. Nous voulons des négociations franches et sincères pour sortir de la crise. L’Ucad exige une évaluation et même des assises sur les réformes de l’enseignement supérieur. Sinon, nous allons passer à la vitesse supérieure’’, prévient-il.
Mais, en réalité, ce n’est pas ce que ses camarades voulaient entendre de lui. Ce qui les intéresse, c’est la démission du ministre Mary Teuw Niane. En colère contre leur porte-parole, les étudiants ont voulu eux-mêmes faire passer leur message. Ainsi, pendant qu’il faisait son allocution, les autres réclamaient en même temps le départ du ministre de tutelle dont ils ont pointé du doigt la responsabilité dans la mort de leur camarade Fallou Sène, tué dans les affrontements entre étudiants et forces de l’ordre à l’Ugb, le 15 mai dernier. Ceux qui étaient avec Franck Dady Diatta sont retournés au campus, tandis que les autres sont restés sur l’avenue pour se désoler de l’attitude de leur camarade qu’il assimile à de la trahison.
Profonde division du mouvement étudiant
Selon certains délégués de faculté, les étudiants avaient tenu une réunion, la veille, pour fixer l’objet principal du rassemblement. Le départ du ministre de l’Enseignement supérieur a été retenu comme mot d’ordre. De ce fait, grande a été leur surprise, disent-ils, lors que le porte-parole a passé sous silence la question nodale. C’est dans cette cacophonie indescriptible que s’est terminé le sit-in tant attendu par les étudiants. Une issue qui renseigne sur la profonde division du mouvement étudiant à l’Ucad.
Abba Ba (Stagiaire)