Publié le 24 Dec 2012 - 22:15
MANOEUVRES ENTRE TIVAOUANE ET DAKAR

 Que cherche Serigne Moustapha Sy ?

 

 

Alors que le peuple tidiane attend encore d'entendre la voix de Serigne Cheikh, successeur désigné de Serigne Mansour Sy Borom Daara yi, les manœuvres continuent, avec en relief celles de Serigne Moustapha Sy qui souhaiterait garder un espace d'influence dans une famille où les retrouvailles restent possibles.

 

 

La récente sortie de Serigne Moustapha Sy lors de l’inhumation à Tivaouane du Vieux Oumar Samb dit Baye Oumar, Moukhadam et proche de son grand-père Serigne Babacar Sy puis de son père Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy, continue d’installer la polémique. On se rappelle que le responsable moral du mouvement des Moustarchidines avait martelé que quiconque voulait accéder à son père devait obligatoirement passer par lui. Dans notre édition du jeudi 20 décembre dernier, nous écrivions déjà que les choses n’étaient pas aussi simples que Moustapha Sy voulait bien le faire croire. Après avoir approché certains membres de la famille de Tivaouane et du mouvement des Moustarchidines en particulier, il nous a bel et bien été confirmé que Serigne Moustapha Sy voyait très peu son père et ne l’avait pas physiquement rencontré depuis la période du Maouloud de l’année dernière. Un Moustarchidine qui souhaite garder l’anonymat nous a soufflé qu’en clamant haut et fort qu’il était désormais la porte d’entrée pour accéder à son père, il essayait de contrecarrer un éventuel rapprochement entre Serigne Cheikh d'une part, Al amine et ses cousins de Tivaouane d'autre part.

 

Beaucoup de langues se délient et fustigent l’attitude et les déclarations de Moustapha Sy. Nos sources confirment bel et bien qu’en fait, Serigne Cheikh qui s’est quasiment totalement replié sur lui-même depuis deux ans, n’a jamais eu ou voulu d’un porte- parole, ce qui ne fait que confirmer son amour légendaire pour la solitude et la méditation, d’où le surnom d’Al Maktoum que lui avait donné son professeur coranique, El Hadj Abdoul Aziz Sy Dabakh. Moustapha Sy, au même titre que plusieurs membres de la famille, n’a pratiquement pas accès à lui et sa déclaration serait «un cri du cœur pour rester un membre influent de la famille envers les autorités politiques et les talibés». Fait très révélateur, lors de la dernière élection présidentielle de février 2012, après avoir appelé les Moustarchidines à voter pour le candidat sortant Abdoulaye Wade, Moustapha Sy s’est vu contredire par ses jeunes frères qui ont fait une contre-déclaration médiatique pour préciser que leur père et guide spirituel des Moustarchidines n’avait donné aucune consigne de vote. Des éléments qui confirment que les choses ne sont pas aussi claires que l’avance Moustapha Sy. Le rappel à Dieu du Khalife Général des Tidianes Serigne Mansour Sy et le silence dans lequel Al Maktoum s’enferme, en déroutent donc plus d’un dans la famille tidiane de Tivaouane.

 

Retrouvailles à Tivaouane ?

 

Lors de l’enterrement du Vieux Samb, beaucoup ont été surpris par la chaleur des échanges entre Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, Serigne Pape Malick Sy et des fils de Serigne Cheikh présents sur place. Serigne Abdoul Aziz a très souvent eu des rapports très heurtés avec son neveu Moustapha Sy et certains pensent que ce dernier a souvent été un frein à une réconciliation avec son grand frère Serigne Cheikh. D’ailleurs, c’est Al Amine qui a dirigé la prière mortuaire aux côtés de son jeune frère et de ses neveux. Il n’a pas manqué de rappeler les rapports du défunt Vieux Oumar Samb avec son père Serigne Babacar Sy, sa mère Sokhna Astou Kane, Serigne Cheikh et lui-même.

 

Beaucoup de gens dans la ville sainte ont perçu ces gestes comme le début de retrouvailles possibles entre Al Amine et son grand frère Serigne Cheikh Tidiane Sy. Et une de nos sources de souligner que, selon les règles de la confrérie tidiane, Al Maktoum est bel et bien le guide et Marabout de Al Amine depuis la disparition de Serigne Babacar Sy. En effet, pratiquement l’ensemble de l’entourage proche de ce dernier, en commençant par leur propre mère, Sokhna Astou Kane, avait fait allégeance (Yeeslu en wolof) à Serigne Cheikh à la disparition du Khalife le 25 mars 1957 alors que celui-ci était encore très jeune mais, semble-t-il, désigné déjà par son père comme son successeur. Les rapports entre Serigne Babacar Sy et ses jeunes frères (Cheikh El Hadj Mansour Sy, El Hadj Abdoul Aziz Sy Dabakh, El Hadj Habib Sy), tous fils du Maodo, étaient alors au plus bas. Serigne Babacar Sy n’avait plus de contacts avec ses frères les dernières années de sa vie. Une anecdote racontée par un des vieux de la ville de Tivaouane souligne que c’est un administrateur colonial français qui est venu réclamer les clefs de la mosquée d’El Hadj Malick à Al Maktoum peu après la mort de Khalifa. Ce dernier ordonna à un des compagnons de son père, Serigne Moussa Niang, de s’exécuter.

 

Des années plus tard, Serigne Cheikh réussit la prouesse de faire construire la zawiya de Serigne Babacar Sy comme demandé par son père avant sa disparition, et ceci, contre les pressions politiques, coloniales et familiales. L’aîné de Serigne Babacar Sy, Serigne Moustapha Sy Djamil (Père de Mansour Sy Djamil de Fass) s’étant définitivement installé à Dakar, Serigne Cheikh, à peine âgé de trente ans, avec ses frères Serigne Mansour Sy Borom Daara yi, Serigne Abdoul Aziz et Serigne Pape Malick Sy à ses côtes, avait non seulement hérité de l’autorité de Serigne Babacar Sy, mais également du conflit qui existait dans la famille. Serigne Cheikh n’a jamais voulu s’éloigner de la position et des ultimes recommandations de son père. C’est ce qui compliqua ses relations avec ses oncles puis son défunt frère et ami Serigne Mansour Sy quand ce dernier reçut le khilafat d’El Hadj Abdoul Aziz Sy Dabakh.

Nos sources confirment qu’il est certain que Serigne Cheikh s’adressera à la communauté en temps voulu et de conclure qu’il faut prier pour un apaisement des rapports entre les membres de la Famille Sy, tout en soulignant que ceci n’est pas une première dans l’histoire des familles religieuses car celle du Prophète Mohamed (PSL) a connu des déchirements beaucoup plus profonds.

 

ABDOUL MBAYE

 

 

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