En formation au Sénégal, les étudiants du Réseau MDP (Master en pratiques de développement) sont descendus sur le terrain, samedi, dans la communauté rurale de Léona. Ils entendaient ainsi s'imprégner et contribuer relativement aux pratiques initiées par le Projet des villages du millénaire.

Le Professeur Aly Mbaye, Doyen de la Faculté des Sciences économiques et de gestion de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), a conduit une délégation d'étudiants en Master en pratiques de développement (MDP) dans la communauté rurale de Léona, région de Louga. Venus d’Amérique, du Canada, du Brésil, du Costa Rica, du Nigeria, du Botswana, de l’Inde et de la Chine, ils ont mis à profit l’organisation, cette année par l’Ucad, du Sommet du Réseau Mdp, composé de vingt quatre Universités, pour initier cette visite de terrain.

Celle-ci intervient dans le cadre d'un partenariat noué depuis quatre ans avec le Projet des villages du millénaire du Sénégal (PVM). ''La plupart des formations dans le monde sont faites en classe. Nous sommes un groupe d’Universités et d’universitaires à avoir remis en question cette méthode de faire. C’est comme un étudiant qui apprendrait la Médecine seulement en classe sans jamais consulter un malade. Le volet pratique est une composante extrêmement importante du MDP'', a expliqué M. Mbaye, coordonnateur de ce programme novateur à l’Ucad.

Accompagnant la délégation, le Docteur Oumar Diouf, Directeur des opérations du Millenium Promise, Directeur adjoint du Centre Omd de Dakar, a indiqué qu'''on doit utiliser les programmes de l’État qui sont en cours et apporter une valeur ajoutée''. Il a ajouté que c’est pour apporter une synergie dans le processus de développement, celui-ci ne pouvant se faire sans un partenariat fort.

A l’épreuve des réalités du milieu

Présentées comme l’une des expériences les mieux réussies, les interventions du PVM dans la zone de Léona sont sensées permettre aux étudiants de tirer des leçons pertinentes pour leurs propres Universités. ''Chaque année, nous accueillons un certain nombre d’étudiants qui viennent vivre les réalités du milieu. S’ils ont appris les concepts au niveau de l’Université, la pratique se fait ici en milieu intégré avec différents domaines de compétences. Ici, l’étudiant vit en milieu réel. Et le mémoire d’études constitue une thématique à notre niveau. Nous aidons l’étudiant à identifier le problème. Et il va le faire avec les communautés à la base. Et même avant de partir pour sa soutenance à l’Université, il le fait d’abord au sein de la communauté. Cette problématique, les solutions, les résultats et les orientations sont validés par la communauté. Les résultats, nous les mettons directement en application'', renseigne Pape Meissa Diop, chef du PVM à Louga.

''Rattrapage'' par la technologie

Entre le Réseau MDP et le PVM, les échanges ne concernent pas seulement les étudiants. L’accent est aussi mis sur les nouvelles technologies disponibles et qui sont testées à travers l’Afrique de l’Ouest et de l’Est. Dans la communauté rurale de Léona, les activités sont déclinées à travers une approche intégrée du développement (santé, éducation, agriculture, gestion de l’eau). ''Nous enseignons à nos étudiants que les rattrapages sont extrêmement importants en termes de développement. Les pays sous-développés ont plus de potentiels de croissance que les pays qui sont en phase de développement plus avancée. Il y a beaucoup d’opportunités que la science et la technologie mettent à la disposition de nos politiques pour impulser le processus de développement'', a avisé le Pr. Mbaye.

''Depuis une trentaine d’années, beaucoup d’Universités ont été créées en Afrique, des Centres de recherche aussi, mais beaucoup de résultats générés ne sont pas utilisés pour le développement'', a regretté le Docteur Diouf. Il relève que tous les pays développés se sont basés sur l’éducation, la recherche et la science comme leviers. C’est ce qui explique l’approche des villages du millénaire qui accorde une part prépondérante aux nouvelles technologies. ''Nous avons travaillé sur les nouvelles technologies avec les téléphones Androïde et nous sommes parvenus à suivre correctement les femmes enceintes soumises aux quatre visites prénatales. En cas de difficultés, le téléphone Androïde est là à chaque fois pour lancer un SMS au niveau du serveur. Et nos agents de terrain vont côtoyer cette personne et l’accompagner à venir au niveau des structures de santé. Pour faciliter tout cela, nous avons mis un dispositif, une logistique adéquate, pour permettre à toutes les femmes de la communauté d’accoucher au niveau des postes de santé'', cité, en guise d'exemple, Pape Meissa Diop, chef du PVM à Louga.

 Moustapha SECK

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