Grévistes et chauffeurs de clandos à couteaux tirés
La tension était vive hier entre les transporteurs en grève et les chauffeurs de clandos qui ont contrecarré leurs plans. Conséquence : une grande anarchie régnait à la gare routière.
C’était le grand désordre hier, deuxième jour de la grève décrétée par le Collectif des transporteurs et conducteurs du Sénégal, à la gare routière de Mbour. Un véhicule 7 places stationné de biais à la porte de la gare, sur instruction du chef de gare, a interdit l’accès des lieux aux taxis clandos qui, la veille, ne se sont pas solidarisés avec les grévistes. Cette mesure de représailles a occasionné une anarchie totale. Puisque les clandos, faute de pouvoir accéder à la gare, se sont installés à la devanture, rendant la circulation infernale sur cet axe. ‘’On n’a pas atteint notre objectif’’, remarque Malick.
Il s’explique : ‘’Nous voulions que tous les véhicules soient bloqués. Que le transport soit paralysé. Mais les conducteurs de clandos ont assuré le service et imposer leur loi. Ce n’est pas normal. Car demain, ils vont bénéficier des droits que nous réclamons. Cette grève que nous menons est tout à fait légitime. Un chauffeur est un chauffeur. Si un collègue mène un combat, les autres doivent se ranger de son côté. Les clandos devaient se rallier à notre cause. Il n’est pas normal que l’on parle de grève, que les transporteurs le suivent et que les clandos assurent les navettes’’. Malick fait aussi remarquer que les clandos ne se contentent même pas d’assurer le transport à Mbour, mais vont jusqu’à Fatick, Thiès et Kaolack. Alors qu’ils n’ont pas le droit de sortir de Mbour. En effet, celui qui est en faute paye 12 000 F CFA. Il risque aussi de se faire confisquer sa carte d’appartenance au regroupement.
La tabaski approche
A côté de ses ‘’défaillants’’, d’autres chauffeurs de clandos ont respecté le mot d’ordre. Mbaye Babacar Sèye est l’un d’eux. Trouvé dans le car d’un ami, il confie : ‘’Je me solidarise des transporteurs, parce que je travaille dans ce secteur. Leurs revendications seront bénéfiques à tous. Par exemple, le permis à points doit intéresser tout chauffeur’’. Il n’empêche que Mbaye Babacar prie pour qu’une issue favorable soit trouvée.
‘’Une grève entraîne toujours des pertes économiques. Que ce soit du côté des chauffeurs que de l’Etat. Qu’ils discutent et trouvent un terrain d’entente. Les transporteurs seuls ne sont pas les grands perdants. Il y a aussi des gens qui gravitent autour du transport. Il y a les marchands d’eau, de crédit téléphonique et j’en passe. En plus, la fête de tabaski approche, il faut que les soutiens de famille travaillent pour assurer une bonne célébration. Le transport ne peut se faire sans l’Etat, sans les clients. Comme les transporteurs ne peuvent pas vivre sans ces deux franges, qu’ils discutent et s’entendent pour le bien de tout le Sénégal’’, dit Mbaye.
KHADY NDOYE (MBOUR)