« Je me sens hautement trahi, mais… »
« Chassé » de la défense de Hissein Habré, Me El Hadj Diouf a juré n’avoir jamais nui aux intérêts de son client. L’avocat, qui se sent trahi par l’ancien président tchadien, a néanmoins promis de continuer à défendre son désormais ex-client.
La pilule a du mal à passer pour Me El Hadj Diouf, chassé de la défense de Hissein Habré à cause de sa rencontre avec l’actuel président tchadien, Idriss Déby. L’avocat-député a convoqué hier la presse à son domicile pour prendre sa propre défense. Il se dit « très surpris » d’être « hautement trahi » par celui qu’il a défendu durant 14 ans. Il trouve également surprenant que son désormais ex-client se soit fendu d’un communiqué pour annoncer leur séparation.
Selon l’avocat parlementaire, son client n’avait pas besoin d’ameuter la presse pour annoncer leur séparation, dans la mesure où la relation avocat-client doit se baser sur la confiance. Justement parlant de confiance, Me Diouf affirme n’avoir jamais posé un acte pouvant nuire aux intérêts de son désormais ex-client. « Billahi, wallahi tallahi, je le jure sur le Saint Coran. Tout ce que j’ai fait, c’est dans l’intérêt de Habré », jure-t-il la main sur le cœur. Car, à l’en croire, l’ex-président ainsi que son épouse étaient bel et bien au courant de sa rencontre avec Déby. « J’ai appelé son épouse, ensuite je suis allé chez elle », s’est défendu l’avocat qui affirme également que le Chef de l’Etat Macky Sall ne l’a pas démarché.
‘’C’est un mensonge grotesque de dire que le gouvernement m’a démarché pour rencontrer Déby. C’est lui-même qui m’a envoyé un émissaire’’, avance l’avocat. Ces précisions faites, la robe noire n’y est pas allée par quatre chemins pour taxer de tous les noms celui qu’il a défendu avec « courage » 14 ans durant. Il ne comprend toujours pas comment l’ex-président l’a chassé, sans même l’entendre. « C’est comme cela que je suis payé ? Est-ce que j’ai vendu mon client ? Est-ce que j’ai commis un délit ? (…) Tout ce que j’ai fait, c’est dans son intérêt », a plaidé l’avocat.
D’ailleurs, il considère qu’il n’avait pas besoin de l’autorisation de Habré pour rencontrer Déby. « Je ne suis pas son employé, ni son aide de camp, ni son secrétaire. C’est moi qui lui donne des conseils », a martelé Me Diouf. Toutefois, malgré « la haute trahison » dont il se dit victime, l’avocat a promis de poursuivre la défense de l’ex-président. Il se dit prêt à mettre sur pied un comité pour l’annulation du procès et la suppression des Chambres africaines extraordinaires (CAE), afin que Habré puisse recouvrer la liberté. « J’ai donné ma science, mon cœur à Habré, car j’en ai fait un frère et je m’identifie à sa cause », a plaidé l’avocat.
FATOU SY