Le journaliste Adama Gaye craint pour sa vie
Qui en veut au journaliste sénégalais Adama Gaye ? Joint par EnQuête, le consultant a fait état de menaces qui pèsent sur sa personne, depuis qu'il a pris part à un débat télévisé sur la présidentielle française. ''Le 06 mai, relate-t-il, j'ai été invité à participer à un débat sur l'élection présidentielle française. J'en ai profité pour évoquer certaines questions qui me semblent importantes, relatives aux accords de défense qui ont été signés entre le Sénégal et la France, sans qu'on en ait discutés''.
A cette occasion, Adama Gaye a également évoqué le voyage «malvenu» du président Macky Sall en France ''à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle française qui était incertaine, quant à son issue...'', ainsi que d'autres questions d'actualité brûlantes dont ''la déclaration de patrimoine et le risque néo-colonial qui pèse sur notre pays''.
En dépit de ces «menaces», notre confrère tient à préciser qu'il ne se laissera pas démonter, ni intimider. ''La tentation de vouloir faire taire quelqu'un comme moi, dit-il, est vouée à l’échec''. Car poursuit-il, ''c'est une question de liberté d'opinion que je ne négocierai pas. Que les choses soient claires, je ne reviens pas sur mon engagement intellectuel à prendre des positions franches, ouvertes et sans état d'âme''. A cet effet, il indique n'avoir nulle intention de quitter le pays. ''Que ceux qui nourrissent l'idée de me faire exiler du Sénégal, se détrompent. Je suis dans ce pays pour prendre part aux débats et m'engager à lutter pour les transformations dans le sens des attentes de mes compatriotes'', prévient-il.
De ce fait, Adama Gaye prend très au sérieux, ces menaces qui lui sont parvenues de différentes sources. ''Une personne de bonne foi, ayant eu vent de ce qu'on disait de moi en quelque lieu, a eu le réflexe de me le rapporter. Vendredi après-midi , je reçois un message de mon frère, universitaire aux États-Unis, qui m'a dit de faire attention'', renseigne-t-il.
Afin de parer à toute éventualité, le consultant indique avoir déjà alerté ''un certain nombre de contacts, y compris le Comité de protection des journalistes''. Il ajoute que ''les attaques ad hominem seront soumises à la justice'', dans la mesure où il n'a pas l'intention de transiger sur les questions liées à la bonne gouvernance et à la démocratie. ''Si les gens essaient de donner ce que j'appelle 'un délai de décence démocratique', en se taisant sur ce qui mérite d'être soulevé concernant ce régime, qu'on ne compte pas sur moi. Le débat démocratique doit être vigoureux et le rester'', martèle-t-il.
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