Les promesses non encore tenues de Abdoulaye Baldé
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À moins d’un an de la fin de son mandat à la tête de la municipalité, le maire de Ziguinchor doit faire face au stock de promesses non tenues et dont EnQuête revisite les grandes lignes.
«Le temps de la parole et des promesses est terminé (….) Le temps de l’action est venu. Notre temps est celui des constructeurs, notre saison, celle des réalisations. Enfin, Ziguinchor va connaître le temps des réalisations !». Ces mots pleins d'emphase et de certitude, avaient été prononcés par Abdoulaye Baldé en avril 2009 à la Place de Gao, devant une foule acquise à sa cause, au soir de sa passation de service avec Robert Sagna. Aujourd'hui, quatre ans plus tard, ils appartiennent au passé. Tout comme le «défi de l’engagement et de la mobilisation de toutes les forces vives de la Casamance pour l’œuvre commune de reconstruction» sur lequel il comptait s’appuyer pour «faire de Ziguinchor une ville phare dont le rayonnement irait au-delà des frontières communales».
En effet, alors que de nombreux défis l’attendent encore, le maire de Ziguinchor semble renouer avec «le temps de la parole et des promesses», après avoir mis un pied sur le frein des réalisations, reléguant au second plan les «souffrances, angoisses et espoirs» des populations. Pourtant, celles-ci lui avaient donné «les instruments démocratiques, légaux et réglementaires ainsi que les outils nécessaires au travail colossal qui l’attendait». Un travail qu’il a démarré en trompe et qu’il est en train de poursuivre avec l’exécution du programme de voirie dont Robert Sagna et ses partisans ont toujours réclamé la paternité.
Sur ce registre, il faut souligner que l’objectif du maire de Ziguinchor était de créer, «à moyen terme un boulevard périphérique permettant le désenclavement des quartiers de Colobane, Soukoupapaye, Lindiane, Djibock, Kandé….» Cet objectif risque, au rythme où vont les choses, de ne pas être atteint avant la fin de son quinquennat. Un mandat municipal d’ailleurs rudement mis à l’épreuve par la déroute de son parti d'origine, le PDS, en mars 2012, puis par la création de l’Union des centristes sénégalais (UCS), sa formation politique. De plus, le contexte politique actuel ne lui est pas favorable avec la traque des biens mal acquis dans laquelle il est poursuivi et pour laquelle son immunité parlementaire a déjà été levée. Et à l'horizon, pointent déjà les élections locales de mars 2014. Autant de préoccupations qui risquent ainsi de prendre le dessus sur l'«ambitieux» programme d’assainissement qu’il devait lancer «sur toute l’étendue de la commune de Ziguinchor», avec un «accent particulier au niveau des quartiers de Boudody, Kadior et Santhiaba, qui souffrent le plus des inondations et le canal de Lindiane dont il avait fait ''une priorité».
Des défis économiques, sociaux et culturels loin d'être relevés
Outre la mise en place d’équipements collectifs (centres sociaux, culturels, arène municipale, plateaux multifonctionnels incluant des terrains de basket, de handball et de tennis, une maison de l’outil, un espace public équipé de lampadaires solaires avec ampoules photovoltaïques, etc.), le maire de Ziguinchor avait inscrit dans son programme la création de la «Balade» des Ziguinchorois, sorte de «Promenade des Anglais» comme à Nice, la mise en place d’un système de transport scolaire permettant «à des milliers d’élèves, d’étudiants et d’enseignants de se rendre à l’école facilement».
Abdoulaye Baldé devait aussi «s’atteler, dans les meilleurs délais, à la création d’un SAMU municipal doté d’une unité médicale légère». L’emploi des jeunes et des femmes constituait, par ailleurs, un «de ses combats majeurs», avec comme objectif 'une famille, un emploi'', de même que la création d’une «nouvelle zone économique à traitement spécial». À cela, s'ajoutent la mise en place d’un «guichet unique pour faciliter les procédures d’installation d’investisseurs», la finalisation du «concept paper» ou investir à Ziguinchor, qui devait réunir tous les deux ans des acteurs du monde de l’entreprise.
Toujours à propos des défis, le maire de Ziguinchor avait déclaré, lors de de son installation : «nous recevons demain Serigne Mboup (Président du groupe CCBM) (qui) vient nous proposer un prototype de taxis neufs qu’il mettra à la disposition des transporteurs, dans des conditions avantageuses. Il vient nous proposer aussi 36 boutiques de référence avec près de 150 emplois à la disposition des jeunes»...
A moins d'un an des élections locales, c'est-à-dire au retour des élus de mars 2009 devant les électeurs qui lui avaient fait confiance, Abdoulaye Baldé a fort à faire pour expliquer pourquoi l'écrasante majorité de ses promesses n'aura pas été tenue, mis à part l'argument de la perte du pouvoir suprême par son camp le 26 mars 2012.
HUBERT SAGNA
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