Publié le 24 Apr 2017 - 18:51
MONTEE DE L’EXTREMISME ET DU DJHADISME

Pr Serigne Mbaye Thiam et Fatou Sow Sarr sonnent l’alerte

 

Le modèle d’islam confrérique sénégalais est à la croisée des nouveaux développements stratégiques. Une étude critique des confréries elles-mêmes et d’universitaires, initiée par le comité scientifique de l’Appel des Layènes, s'est tenue ce week-end sur le thème : ''le rôle des confréries religieuses dans la stabilité sociale du Sénégal''. 

 

Le djihadisme et l’extrémisme violent contribuent à biaiser la conception d’un islam modéré. Le Sénégal qui a réussi jusque-là à trouver la bonne formule est challenger. ‘‘Le danger est dans le fruit. Les confréries sont les boucliers contre l’intolérance, mère de tous les conflits. Il y a des gens nés ici qui vont apprendre à l’extérieur pour venir nous dire que notre islam est à revoir’’, avertit le professeur Serigne Mbaye Thiam de la cellule zawiya tidiane. ''Si on ne veille pas à l’héritage des anciens, on retournera à l’état précolonial où les colons nous reprendront. C’est un thème permanent, pas un thème d’actualité’’, défend-il. Des propos tenus lors d'une table ronde sur la situation sénégalaise proposée par la commission scientifique layène du 137e Appel de Seydina Limamou Laye, ayant réuni les représentants de toutes les autres confréries, l’église catholique, ainsi que des universitaires.

Pour l'historien, le vide laissé par la résistance armée de Maba Diakhou Ba et Cheikh Oumar Tall a été comblé par les guides religieux qui ont organisé des ‘‘structures d’encadrement religieux, social et de vie en communauté’’. Que la nouvelle donne induite par l’interprétation rigoriste des textes présente plus de risques que d’avantages. ‘‘En Irak, Syrie et Liban, ils n’ont plus le temps de prier. Si la mosquée devient un risque, autant ne pas prier. Les confréries sont les boucliers de la société. Le Sénégal est un pays de religion atypique. Nous ne sommes ni arabes ou haoussas’’, revendique le professeur Serigne Mbaye Thiam.  

‘‘Si les gens viennent recruter au Sénégal, c’est qu’il y a une clientèle’’

Pour la sociologue Fatou Sow Sarr, la formalisation des humanités religieuses est une panacée urgente, puisque les parents sénégalais, soucieux d’une éducation religieuse, envoient leurs enfants dans les écoles coraniques, mais ne sont pas toujours au fait des enjeux de l’heure. ‘‘Il faut que le projet politique au Sénégal intègre le Coran. Sinon, ce sont les structures de lavage de cerveau qui vont prendre le relais. Il y a des écoles, dans la banlieue, qui apprennent à démystifier le rôle de nos guides religieux avec des propos irrévérencieux. Ils instillent la méfiance et sèment les germes de la discorde et puis on ira nous parler de djinns’’, dénonce-t-elle tout en confirmant que l’étude controversée de Bakary Samb sur la perception du djihadisme chez les jeunes est bien réelle pour les sociologues. ‘‘Si les gens viennent recruter au Sénégal, c’est qu’il y a une clientèle’’, avance-t-elle.

Le nouveau défi des autorités confrériques est de prendre une part active dans la définition d’un nouveau pacte social, comme leurs ancêtres qui ont été des refuges de la population face aux colons et à la royauté. La force de transformation sociale et du contrôle des consciences. Il y va de la responsabilité confrérique, puisque les politiques passent et vous demeurez’’, déclare-t-elle. Le fils du Khalife des Layènes enfonce même le clou. ‘‘Il y en a qui ont des daara juste pour combattre l’islam et s’ils arrivent à leurs fins, ce sera la catastrophe’’, renchérit Seyidna Issa Laye Thiaw.

Dans la même veine, le représentant de la commission culturelle mouride pour le Magal, Serigne Mbacke Mouhamed Lo, estime que ‘‘la violence est une exception au Sénégal’’ et que le modèle d’islam sénégalais intéresse tout le monde, dans le contexte actuel, attribuant les problèmes à ‘‘l’interprétation littérale et exclusiviste de la religion’’, déclare-t-il dans l’esprit de conservation de la diversité religieuse, du vivre ensemble prôné par Serigne Touba qui a gommé les derniers signes de la servitude, et éliminé les disparités sociales entre castés et nobles. ‘‘Si l’on ne marche pas sur les mêmes traces que nos ancêtres, nous pourrions connaître la même situation que nos voisins’’, prévient-il. Quant à Cheikh Bou Kounta, il a appelé à renforcer les confréries, puisqu’elles sont des périphéries dont le centre est l’Islam ; et la stratégie de dissémination de ses fondateurs ont cimenté la cohésion nationale.

OUSMANE LAYE DIOP

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