Plusieurs personnes devant la justice
Un élève âgé de 12 ans est mort par noyade dans un hôtel du lac Rose. Le gamin était en sortie avec ses camarades de classe. Poursuivis pour homicide involontaire, les piscinistes Gabriel Faye et Alassane Diop, le surveillant de l'école Dicory Sèye, les enseignants Papa Mame Mbaye Ndiaye et Aliou Guèye ont comparu devant la barre. Tour à tour, ils sont revenus sur les faits.
Ce qui était censé être une journée merveilleuse pour les élèves en classe de CM2 de l’école Dicory Sèye s’est transformé en journée tragique. Un élève âgé de 12 ans s’est noyé dans la piscine d'un hôtel du lac Rose. Ses camarades de classe et lui étaient en sortie en cette période de vacances scolaires. Le jour des faits, neuf enseignants se sont portés volontaires pour encadrer les gamins dans ce site naturel. Ces derniers ont embarqué 54 élèves dans cette aventure. Arrivés à l'hôtel sis au lac Rose, les enfants furent divisés en deux groupes. Le pisciniste Gabriel Faye s'occupait des filles et Alassane Diop des garçons. La baignade s’est bien passée jusqu'à ce que l'irréparable se produise.
En effet, alors que les enfants sortaient de la piscine pour aller se restaurer, Diop nettoyait la piscine. Tout d'un coup, un bruit assourdissant attire son attention. Le maitre-nageur se précipite afin de faire sortir le gamin de l'eau. Mais N. M. était déjà mort.
Suite au drame, les autorités judiciaires se sont autosaisies avant de convoquer les potentiels responsables. Il s'agit des piscinistes Gabriel Faye et Alassane Diop, du surveillant de l'école Dicory Sèye, des enseignants Papa Mame Mbaye Ndiaye et Aliou Guèye. Devant les agents enquêteurs, ces derniers ont tous contesté les faits qui leur sont reprochés. Placés en garde à vue, les mis en cause ont bénéficié d'une mise en liberté provisoire le 16 août 2024. C'est ce mercredi qu'ils ont fait face aux juges du tribunal des flagrants délits de Dakar.
D'emblée, les conseils de la défense ont introduit une exemption de nullité, réclamant l'annulation du procès-verbal. En cause, la faute de notification tardive du droit d'un conseil aux mis en cause. Une réclamation acceptée par le président qui le joint au dossier.
Cependant, les prévenus, poursuivis pour homicide involontaire, ont réitéré leur contestation. Âgé de 39 ans, le pisciniste Gabriel Faye s'en est lavé les mains et a renseigné : ‘’Ils étaient plus de 100 élèves. Lorsqu'ils sont venus, je les ai divisés en deux groupes. Je m'occupais des filles et Alassane des garçons.’’
Né en 1988, Papa Mame Mbaye Ndiaye est revenu sur le film du drame et a contesté les allégations du pisciniste. ‘’Je précise que les élèves n'étaient pas au nombre de 100, mais 54 avec neuf accompagnants. L’accident est survenu après le repas. Quand ils ont fini la baignade, ils sont allés se restaurer. Il y avait deux élèves qui célébraient leur anniversaire. Dans l'euphorie, on ne l'a pas vu quitter le groupe. Ce n'est que quelques minutes plus tard que l'on a remarqué son absence. L'irréparable s'était déjà produit’’, a-t-il raconté.
Toutefois, le pisciniste qui était chargé de surveiller les garçons a assuré que l'accident est survenu en dehors des heures de la baignade. Marié et père de trois enfants, Alassane Diop a expliqué : ‘’Lorsque les enfants sont sortis de l'eau, j'étais en train de la nettoyer. À un moment, j'ai entendu un bruit. Lorsque je me suis retourné, je l'ai aperçu avant de l'extraire de l'eau. Il était déjà inconscient. Au moment des faits, le défunt était seul au bord de la piscine. C'était en dehors des heures de la baignade.’’
L'enseignant Aliou Guèye, pour sa part, a dit : ‘’Je suis prestataire dans cette école. J'ai été sollicité pour les accompagner à une sortie, pour l'encadrement de façon bénévole. Je me suis joint à eux le jour J.’’
Néanmoins, la représentante du ministère public, qui a requis l'application de la loi pénale, a asséné ses vérités aux prévenus : ‘’C’est parce que vous avez manqué de vigilance que l'enfant a pu s'échapper. Lorsqu'on vous confie des enfants, vous devez les surveiller méticuleusement. Vous avez été neuf à surveiller une cinquantaine d'élèves. Comment a-t-il pu échapper à votre vigilance ? C'est un manque de responsabilité notoire de la part des enseignants qui les accompagnaient.’’
Mais le conseil de la défense de tous les prévenus, Me Dieng, a estimé qu'il n'y a pas d'infraction pénale dans cette affaire. ‘’Cela devrait être imputé aux responsables de l'hôtel ou bien de l'école. Recherchons ailleurs les responsabilités civiles’’, a plaidé la robe noire. Quant aux conseils des piscinistes, ils ont réclamé le renvoi des prévenus des fins de la poursuite. ‘’Ils étaient délégués pour surveiller la baignade. Celle-ci s'étant bien passée, ils n'étaient pas tenus d'effectuer leur office. La mort est survenue après les heures de baignade’’, a soutenu l'avocat. Ce dernier a eu gain de cause.
En effet, le tribunal, après en avoir délibéré, a relaxé Gabriel Faye et Alassane Diop. Le juge a déclaré Papa Mame Mbaye Ndiaye, Aliou Gueye et Dicory Sèye coupables des chefs d'homicide involontaire. Les prévenus n’iront pas en prison, car ils sont dispensés de peine.
MAGUETTE NDAO