Nouvel album, Little French Songs
Pour son quatrième album, Little French Songs, couvé pendant tout un quinquennat (notoriété de son époux, l'ex-président Nicolas Sarkozy, oblige), Carla Bruni revient avec un bouquet de chansons mélancoliques, amoureuses… A double sens aussi, parfois. Chronique d’un disque annoncé.
Difficile de chroniquer ce Little French Songs de Carla Bruni, tant attendu dans les sphères politico-people. Il faudrait tenter de se concentrer sur l'aspect artistique de cet opus mais à l’écoute du titre final, celui qui fit grand bruit avant la sortie du disque, on ne peut s’empêcher de philosophiquement s’interroger, au diapason du buzz médiatique : François Hollande est-il, oui ou non, le pingouin de la chanson ? (Le Pingouin). Carla dit "non". De fins observateurs persistent : il s’agit bel et bien du Président… Quant à nous, une analyse littéraire poussée ne nous a pas encore permis, à ce jour, de nous prononcer ! De la question, gardons l’irrésolution…
Par contre, il y a Raymond. Et là, Carla assume : il s’agit bel et bien de son époux, Nicolas Sarkozy. On ne peut alors s’empêcher de ronchonner. Si la belle Italienne chantait, en 2002, Raphaël, un amoureux sexy au diable, ici, le "Raymond" (Mais pourquoi Raymond ????) prend des aspects franchouillard, un rien Bidochon. Mais paraît-il qu’il est "canon"… Bon.
Pour le reste ? Eh bien… La voix demeure, suave, cassée, fluette, équilibriste sur la corde des guitares, slameuse parfois, charmeuse toujours. Elle conte la mélancolie, la lune, les dernières cigarettes, les valses posthumes à la Chopin, reprend en italien Douce France de Charles Trenet, jongle avec les mots, rend hommage à cette grande chanson française, à ses Little french songs, celles qui consolent, et à ses grands héros (Barbara, Brassens, Gainsbourg…).
Sur une instrumentation choyée par d’émérites maîtres (Vincent Segal au violoncelle, Ballaké Sissoko à la kora, Seb Martel à la guitare…), le tour de chant paraît habile. Mais si cet album, couvé pendant le quinquennat, devait recevoir une appréciation globale, ce serait : intelligent, mais avec ficelle. Pas mal, mais sans âme.
Passé l’effet de surprise de son premier album, en 2002, Carla ne s’est en effet, guère renouvelée. Aujourd’hui, sa seconde carrière, celle d'ex-Première dame, laisse traîner les échos d’assourdissantes casseroles, qui peinent à laisser surgir son murmure, sa guitare, ses frêles aquarelles… On a beau tenter de l’oublier… On cherche la sincérité, on ne l’y trouve pas forcément.
RFI