L'Office national des pupilles, objet de revendication
Pour les victimes du naufrage du Joola, la présidence du conseil d’administration de l’Office national des pupilles de la nation doit revenir aux familles des victimes simplement pour une question de légitimité et de justice sociale.
A l’instar de la communauté nationale, Ziguinchor commémore, dans la sobriété, le recueillement et la prière, le 11e anniversaire du naufrage du ferry Le Joola qui assurait la liaison maritime Dakar-Ziguinchor avant de sombrer, quille en l’air, le 26 septembre 2002, aux larges des côtes gambiennes avec à son bord plus de 2 000 passagers dont 1 863 officiellement morts et disparus. Le port de la ville servira de cadre aux manifestations.
Cette année, la polémique pourrait être relative à la présidence du conseil de surveillance (PCS) de l’Office national des pupilles de la nation. Selon une source concordante, l’Association nationale des familles des victimes (ANFV) du naufrage va réclamer la PCS car elle estime que ce poste, «pour une question de légitimité et de cohérence, doit revenir à un membre du conseil maîtrisant le dossier et parent de victime».
Cette revendication/doléance figurera d'ailleurs en bonne place, selon nos informations, dans le mémorandum qui sera soumis au président de la République en fin de cérémonie, au cours de la rencontre entre la délégation officielle et les familles des victimes à la Gouvernance.
S’il est vrai que beaucoup d’actions ont été réalisées par l’Etat du Sénégal dans le cadre de la prise en charge des revendications des familles des victimes, des questions restent en suspens. Et comme les autres années, les familles des victimes vont remettre sur la table la question du renflouement de l’épave à partir d’un plan qui consistera à «tirer l’épave jusqu’à 500 mètres de la côte de Kafountine pour y dresser un sanctuaire marin après avoir vidé le contenu dans une fosse commune qui servira de socle sur lequel sera érigé un mémorial portant les prénoms et noms de toutes les victimes».
«Devoir de mémoire comme pour le 11-septembre»
Sur un autre terrain, les familles des victimes vont encore exiger la rétroactivité et l'application concrète de la loi instituant des pupilles de la nation, ceci pour permettre que les orphelins des victimes, devenus majeurs avant que l’Office des Pupilles de la nation démarre, soient remis dans leurs droits. La démarche concerne aussi ceux atteints aujourd’hui par la limite d’âge, et qui n’ont pu bénéficier d'allocations mensuelles que durant quelques mois, sans oublier ceux qui ont été omis alors que leurs dossiers avaient été déposés en bonne et due forme.
Pour sa part, le maire de Ziguinchor s’est insurgé contre les partisans de l'oubli. «Aux personnes qui suggèrent qu’il est temps d’oublier ce qui s’est passé la nuit du 26 au 27 septembre, je réponds qu’à l’instar des Américains qui honorent chaque année la mémoire des victimes des attaques du 11 septembre et de nombreux autres peuples frappés par des tragédies, les Sénégalais, unis dans la diversité, ne sauraient, sous prétexte de se débarrasser d’un mauvais souvenir, se laisser aller à une certaine insouciance», a déclaré Abdoulaye Baldé.