Publié le 8 Mar 2021 - 13:09
NDEYE DIEYNABA DIOP - MAMAN, EPOUSE ET FOOTBALLEUSE

Le tiercé peu évident du dernier rempart de DSC

 

‘’Naba’’, Ndèye Dieynaba Diop à l’état civil, est la personnification de la persévérance, une attitude qu’elle adopte au quotidien pour réussir sur tous les fronts. Mariée et mère d’une fille, la portière de l’Académie Dakar Sacré-Cœur garde les buts du club d’une main ferme. Son histoire est singulière, dans un pays où le foot féminin tarde à décoller. 

 

Le destin de Ndèye Dieynaba Diop est indissociable du football, une discipline qu’elle pratique depuis ses 13 ans. Pourtant, rien ne la prédestinait à une telle carrière, car dans sa famille, il n’y a aucune footballeuse. Tout commence dans les rues de Rufisque, sa ville natale. La fillette frêle et timide trouve du plaisir à taper dans le ballon. Ainsi, elle s'invite sans cesse dans les matches des garçons, en l’absence de filles de son âge qui s’y adonnent. Rapidement, son talent est reconnu dehors, mais elle ne reçoit pas l’aval de sa mère. C’est donc de manière cachottière que Naba vit sa passion. Avec l’aide de son père, elle atterrit dans l’un des clubs de la ville, l’ASC Médiour. Ce dernier l’aide aussi à convaincre sa mère qui finit par lui donner sa bénédiction.  C’est à Médiour que Dieynaba Diop fera toutes ses classes, se faisant un nom dans le milieu. A ses débuts, elle évoluait au poste de latéral droit, avant de découvrir ses qualités dans les buts qu’elle ne quittera plus.

Du haut de son 1m75, la jeune gardienne au teint noir et à la démarche soutenue, poursuit son chemin et est sélectionnée en équipe nationale U16, U18, puis U20. Vouée à un avenir prometteur, la jeune internationale sénégalaise fait une pause forcée en 2018, à la faveur d'évènements importants : son mariage suivi de l’arrivée d’une petite fille. Dieynaba prend une année sabbatique avant de reprendre le chemin des buts, juste trois mois après la venue au monde de son bébé.

De Valenciennes à DSC

Cette pause se révèle positive, puisque dès la reprise, la jeune dame obtient un contrat à Valenciennes, en France. Elle laisse derrière elle sa fille âgée seulement de 9 mois pour tenter l’aventure professionnelle. Après quelques mois dans l’Hexagone, l’expérience n’est pas concluante. Elle décide de rentrer au bercail pour s’occuper de sa petite famille. A la question de savoir pourquoi elle n’est pas restée en France tenter l’aventure avec d’autres clubs, elle répond : ‘’J’étais partie pour un contrat précis, je ne trouve pas pertinent de rester là-bas au moment où ma fille a besoin de moi. Je suis une croyante ; j’aurais un autre contrat encore plus avantageux.’’

 A son retour, elle est approchée par les dirigeants de Dakar Sacré-Cœur pour rejoindre leur équipe féminine ; une proposition qu’elle accepte avec enthousiasme. Son apport dans l’équipe est très apprécié par son entraîneur. Ce dernier la considère comme un des ‘’piliers de son team’’. Cette confiance, Naba la doit à son talent et à son ouverture d’esprit. ‘’C’est une joueuse sur qui je m'appuie pour gérer convenablement le groupe. Elle est posée et calme. Elle joue le rôle de capitaine sans porter le brassard ; elle communique beaucoup avec l’équipe de derrière et me facilite la tâche en tant que coach’’.

En plus de ses qualités humaines, la Rufisquoise est excellente dans son domaine. En attestent les témoignages unanimes de ses formateurs et dirigeants. Papa Alassane Seck, préparateur des portiers de Dakar Sacré-Cœur confirme : ‘’Dieynaba m’a agréablement surpris, dès notre prise de contact, parce que c’est difficile de voir une fille avec ces aptitudes. Elle réussit des prouesses que beaucoup de portiers n’arrivent pas à assurer. Sa souplesse est son véritable atout. En plus, elle se donne à fond quand elle est sur le terrain. C’est une joueuse passionnée ; elle est concentrée du début à la fin des matches. Vraiment, elle m’épate, elle est techniquement propre et mentalement forte.’’

Derrière Naba, il y a Kana

Derrière les performances de l’internationale sénégalaise, se cache son mari Khalifa Ababacar Fall dit ‘’Kana’’, préparateur des gardiens de l’équipe nationale U20 et de Teungueth FC. Parallèlement aux séances d'entraînement avec son club, la jeune portière affûte ses armes au sein du centre de formation exclusivement réservé aux gardiens de but, que tient son homme depuis 2005. La jeune maman bosse dur pour rester au top après sa maternité. Tâche difficile, mais qu’elle arrive à mener grâce à l’appui de Kana. ‘’Mon époux m’a permis de me concentrer sur mes entraînements, en me trouvant une personne qui m’aide dans les tâches ménagères et à garder ma fille. Ainsi, je suis concentrée quand je m’entraine’’.

Bien que son palmarès soit riche avec trois Coupes du Sénégal remportées, un titre de champion du Sénégal en 2018, avec, à la clé, le trophée de Meilleure gardienne la même année, Naba ne compte pas lever le pied. Son ambition est de donner à son club le premier trophée de son histoire et retourner en équipe nationale lors des prochaines campagnes. L’ancienne capitaine des U20 du Sénégal (2015-2020) travaille d’arrache-pied pour mériter une sélection.  

SOKHNA ANTA NDIAYE (STAGIAIRE)

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