Publié le 11 Jan 2025 - 14:02
DPG DU PM

L’analyse exhaustive d’AM-FIT

 

Une analyse approfondie de la déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre Ousmane Sonko a été réalisée hier par l’Alliance des mouvements pour la force et l’intensité du travail (AM-FIT).

 

L’Alliance des mouvements pour la Force et l’intensité du travail (AM-FIT) a tenu, hier, à Kolda, une conférence de presse pour faire part de son analyse sur la déclaration de politique générale du Premier ministre à l’Assemblée nationale. Elle relève trois aspects : les innovations et les ruptures annonciatrices d’une nouvelle ère pour notre pays, les points d’attention critiques et des préconisations.

Concernant les innovations et les ruptures, Ousmane Sonko a annoncé des mesures et des initiatives inédites qui témoignent d’un pays résolu à recouvrer sa souveraineté, selon le président de l’AM-FIT, Sanoussi Diakité. En guise d’exemples, il a cité le recours aux organismes de placement collectif (OPC) permettant aux épargnants d'acquérir des obligations émises par le Trésor public.

Deuxièmement, il y a la possibilité offerte aux personnes physiques de participer à des fonds d'investissement alternatifs (FIA), leur permettant de souscrire aux actions dans les entreprises publiques. ‘’Lors de sa grande conférence tenue à Paris en mai 2023, AM-FIT avait clairement indiqué cette solution de financement de l’État par ses citoyens, avec une garantie et un gain issus des obligations ou des actions, comme on en voit en Israël ou en Éthiopie’’, a souligné M. Diakité.

En troisième lieu, l’on note l’élargissement du Code des investissements aux TPE. Pour AM-FIT, c’est ‘’une nouvelle impulsion à la recherche et à l’innovation par un financement équivalent à 1,5 % du PIB’’, même s’il faut se désoler du fait que les chercheurs et inventeurs indépendants sont toutefois ignorés dans l'écosystème régional d'innovation qu'il préconise, puisque celui-ci ne vise que les universités, centres de recherche, industries et écoles d'ingénieurs. Il en est de même pour les centres de formation professionnelle qui sont de véritables lieux de recherche appliquée sur des problématiques de PME-PMI.

Les points d’attention critiques

Concernant les points d’attention critiques, AM-FIT a d’abord abordé la question de l’emploi, qui apparaît comme le talon d’Achille des orientations que le Premier ministre imprime à la politique gouvernementale. ‘’Il n’y a dans la déclaration aucune solution préconisée sur la situation, je le cite, ‘d’une jeunesse désabusée, sans perspective dans son propre pays’. Chaque année, le nombre d’emplois formels créés est très largement inférieur au nombre de jeunes arrivant sur le marché du travail’’.

Pour principale mesure en matière d’emploi, Sanoussi Diakité relève que le PM n’annonce à la page 74 que la création d’une grande coalition pour l'emploi : mutualisation et optimisation des structures, programmes et interventions. Sinon, le PM réaffirme l’engagement de son gouvernement à faire du secteur privé le moteur de la création de richesses et d’emplois. ‘’Il maintient la politique jusque-là pratiquée depuis les indépendances d’accompagnement, d’encadrement et de financement. Le recours à la formation par alternance, apprentissage ou service civique national pour l’acquisition de compétences et de qualifications pour favoriser l’insertion. En somme, rien de nouveau sur ce plan et on connaît les résultats’’, regrette M. Diakité.

À l’en croire, les manifestations récentes des conducteurs de Jakarta rappellent que la question de l’emploi est la surpriorité. ‘’Elle vient même avant les questions de santé ou d’éducation. On pourrait se demander si l’on prend la pleine mesure de l’enjeu et de la portée de la question de l’emploi pour un pays comme le Sénégal. Même le Conseil des Droits de l’homme des Nations Unies, lors de sa 53e session en juin-juillet 2023, rappelle que ‘le droit au travail est un droit de l’homme’’’, a indiqué le président de l’AM-FIT.

La logique de recettes plutôt que la logique de production

Pour Sanoussi Diakité, le manque de solution sur la question de l’emploi résulte en fait d’’’une emphase trop marquée’’ sur la logique de recettes au détriment de la logique de production. ‘’La DPG a fait la part belle à la mobilisation de ressources par l’État par la fiscalité et le financement. Plus de 17 pages y sont consacrées. Nous pensons, à AM-FIT, que la croissance est basée sur la production et non sur la recette. Produire d’abord et avant tout’’, a-t-il soutenu.

Les préconisations

L’AM-FIT souhaite la mise en œuvre de programmes productifs économiquement viables offrant de l’emploi salarié aux millions de jeunes. Ainsi, elle a identifié neuf domaines dans lesquels il est possible de procéder à des recrutements massifs à travers des programmes ‘’productifs autonomes’’ à but non lucratif, dont la production assurerait la rémunération des travailleurs et dont l’objectif est d’assurer le plein emploi et de faire du travail le principal levier de la croissance économique.

Les neuf domaines sont les suivants : agriculture, élevage, artisanat, transformation agroalimentaire, environnement, numérique, transport, infrastructures et pêche. ‘’Une fiche technique est élaborée pour chaque programme, démontrant sa viabilité et le nombre d’emplois escomptés. Tous ces programmes sont mis en œuvre par l'État, donc ils sont publics’’, a expliqué Sanoussi Diakité.

À l’en croire, ceux qui affirment que l’État n’a pas vocation à créer de l’emploi semblent ignorer la première mission d’un État : s’occuper du bien-être du citoyen. ‘’L’Organisation internationale du travail n’engage-t-elle pas les États parties à prendre des mesures propres à parvenir à un plein emploi productif dans les conditions qui sauvegardent aux individus la jouissance de libertés politiques et économiques fondamentales ?’’, a-t-il fait remarquer.

Membre de la coalition DiomayePrésident depuis le 31 janvier 2024, AM-FIT se dit pleinement concernée par la déclaration de politique générale du Premier ministre, en ce sens qu’’’elle se préoccupe, au premier rang, du soutien et du succès d’un régime qu’elle a contribué à établir’’.

BABACAR SY SEYE

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