La tutelle fixe ses objectifs stratégiques
Pour réduire la mortalité maternelle et infanto-juvénile, le ministère de la Santé et de l'Action sociale a défini une stratégie dont l’horizon est 2028.
En 2023, le Sénégal a enregistré 153 décès néonatals pour 100 000 naissances vivantes. Il se classe derrière le Cap-Vert, qui présente les meilleurs indicateurs dans ce secteur, en Afrique de l’Ouest. Hier, lors de l’atelier sur l'utilisation du numérique pour la promotion de la santé sexuelle et reproductive et la création de contenus en ligne, le chef de la Cellule de la promotion et du partenariat de la Direction de la Santé de la mère et de l'enfant au ministère de la Santé et de l'Action sociale a abordé les principales causes des décès maternels, néonatals et infanto-juvéniles.
Selon le docteur Massamba Sall, elles sont au nombre de trois. La première est liée à la consultation des services de santé et à la prise de décision (faible pouvoir de décision des femmes, qualité de l’accueil, barrières financières). La deuxième concerne le retard pour atteindre la structure de santé (ambulances, état des routes). Enfin, la dernière est le retard observé pour recevoir un traitement adéquat dans la structure sanitaire (organisation des services non adaptée, plateau technique insuffisant, insuffisance de personnel qualifié).
Concernant les principales causes de décès néonatals en 2023, selon le Dr Sall, 36 % sont liées à la prématurité, 21 % à l’asphyxie et 13 % à des infections, entre autres. Pour les décès maternels en 2023, 41 % sont dus à l’hémorragie, 22 % à l’éclampsie/pré-éclampsie, 5 % à la dystocie, 5 % à des infections et 27 % à d’autres causes.
Pour les décès infanto-juvéniles, 13 % sont dus au cancer, 12 % à des accidents ou blessures et 17 % à d'autres infections.
Ainsi, pour relever les défis en matière de santé de la reproduction, de la mère, du nouveau-né, de l’infertilité et de l’adolescent (SRMNIA), le Dr Sall annonce le renforcement de la sensibilisation et du plaidoyer pour promouvoir des comportements favorables à la santé, la révision de la loi sur la santé de la reproduction (SR) et la signature de décrets d’application, la fonctionnalité des structures Sonu existantes 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, la mise en place de coins pour nouveau-nés respectant les normes dans toutes les maternités, la systématisation des notifications et audits des décès néonatals et des mortinaissances, l’intégration des intrants nutritionnels dans le circuit de distribution de la SEN-PNA, l’aménagement d’espaces pour adolescents/jeunes dans toutes les structures sanitaires, le respect des normes en ressources humaines, équipement, matériel et produits, ainsi que l’amélioration de la gouvernance et de la redevabilité.
D’ici 2028, le MSAS s’est fixé des objectifs stratégiques. Le Dr Sall a indiqué qu'il s’agit de réduire la mortalité maternelle de 153 pour 100 000 naissances vivantes en 2023 à 94 pour 100 000 naissances vivantes d’ici 2028 ; de réduire la mortalité infanto-juvénile de 40 pour 1 000 naissances vivantes en 2023 à 29,3 pour 1 000 naissances vivantes d’ici 2028 ; de réduire la mortalité néonatale de 23 pour 1 000 naissances vivantes en 2023 à 15,1 pour 1 000 naissances vivantes d’ici 2028 et de réduire la mortalité infantile de 31 pour 1 000 naissances vivantes en 2023 à 20,4 pour 1 000 naissances vivantes d’ici 2028.
Le rôle des médias dans la promotion de la SRMNIA
À ce sujet, le Dr Sall souligne que la SRMNIA est un domaine crucial pour le développement des politiques de santé et des droits humains. Et que les médias jouent un rôle essentiel dans la promotion de cette initiative à travers la sensibilisation, l’information, le plaidoyer, l’éducation communautaire, l’accessibilité numérique, l’inclusion, la mobilisation sociale, la surveillance et la responsabilisation.
Il attend donc des médias qu'ils sensibilisent et qu'ils informent en diffusant des informations fiables, combattent les idées fausses et encouragent le dialogue.
Il y a également le plaidoyer pour mettre en lumière les besoins et défis, promouvoir des politiques publiques et amplifier la voix des jeunes. L’éducation communautaire doit permettre de diffuser des programmes éducatifs et soutenir le changement de comportement. L’accessibilité numérique et l’inclusion via les plateformes numériques (sites web, applications, réseaux sociaux) permettent de toucher un large public, en particulier les jeunes qui utilisent fréquemment ces outils. Les médias sont invités veiller à rendre leurs contenus inclusifs et accessibles, y compris aux populations marginalisées ou vivant dans des zones reculées.
Enfin, la mobilisation sociale doit créer des campagnes massives et collaborer avec des influenceurs. La surveillance et la responsabilisation sont également essentielles, car les médias peuvent jouer un rôle de veille et d’alerte en surveillant la mise en œuvre des politiques et programmes liés à la SRMNIA.
CHEIKH THIAM