Niger
La CEDEAO temporise. Après avoir menacé d’une intervention militaire, le président du Nigeria, Bola Tinubu, également à la tête de la CEDEAO, a suggéré jeudi une transition de neuf mois pour les militaires au pouvoir depuis fin juillet au Niger. Une situation qui s’était déjà présentée au Nigeria dans les années 1990. ‘’Le président ne voit pas de raison que cela ne puisse pas se reproduire au Niger, si les autorités militaires au Niger sont sincères’’, rapporte un communiqué de la CEDEAO. Bola Tinubu a rappelé que le Nigeria avait renoué avec un gouvernement civil en 1999, après une période de transition de neuf mois instituée par le général Abdulsalami Abubakar, qui avait hérité d’un pouvoir militaire à la mort du général Sani Abacha.
Abdulsalami Abubakar s’était rendu au Niger le 19 août à la tête d’une délégation de la CEDEAO. Le soir même, le nouvel homme fort à Niamey, le général Abdourahmane Tiani, avait annoncé une période de transition de trois ans maximum et mis en garde les pays étrangers contre une éventuelle intervention militaire. La CEDEAO s’était dite prête à utiliser la force pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger. Le président nigérian a par ailleurs averti jeudi que les sanctions imposées au Niger par la CEDEAO ne seraient pas allégées sans ‘’ajustements positifs’’ des militaires à Niamey. ‘’Les actes des militaires sont inacceptables. Plus tôt ils feront des ajustements positifs, le plus rapidement nous reviendrons sur les sanctions pour alléger les souffrances que nous voyons au Niger’’, a-t-il indiqué.
...La France a bien reçu de la part du régime militaire au pouvoir au Niger une lettre d'expulsion de son ambassadeur, mais rejette celle-ci, a appris BFMTV auprès d'une source diplomate. Le régime militaire, en place depuis le putsch survenu à la fin du mois de juillet au Niger, a posé vendredi dernier un ultimatum de 48 heures à l'ambassadeur de France pour quitter le territoire. Les putschistes ont annoncé ce jeudi avoir "instruit" les services de police de la nécessité de procéder à l'expulsion de Sylvain Itté. Selon un courrier du ministère des Affaires étrangères du Niger daté de mardi et adressé à Paris, l'ambassadeur de France "ne jouit plus de privilèges et immunités attachés à son statut de membre du personnel diplomatique de l'ambassade de France".
Ses "cartes diplomatiques et visas" ainsi que ceux des membres de sa famille "sont annulés", précise la lettre, ajoutant que les services de police nigériens "sont instruits afin de procéder à son expulsion". Le président de la République Emmanuel Macron, qui s'est exprimé lundi lors de la 29e édition de la conférence des ambassadrices et ambassadeurs à l'Élysée, a salué "l'engagement de notre ambassadeur sur le terrain qui reste malgré les pressions, malgré toutes les déclarations d'autorités illégitimes".