Quand Seynabou Ndiaye veut ''arrêter le temps''
Avec ''J’ai voulu arrêter le temps'', un recueil de poèmes de 53 pages, Seynabou Ndiaye signe un premier ouvrage qui relève du diamant brut.
De très belles images. C’est ce que l’on doit retenir du premier opus de l’auteure kaolackoise Seynabou Ndiaye, publié tout dernièrement aux éditions Abis. Au fil des 53 pages de cet ouvrage de poésie intimiste, on ressent très fortement le tempérament de l’écrivaine, totalement moulée et formatée par la culture dans laquelle elle s’immerge.
Parents sérère et diola, Mouride convaincue, Seynabou Ndiaye incarne à elle seule un Sénégal uni mais dans sa diversité. La poésie de l’auteure est intrinsèquement contemporaine, elle témoigne d’un pays enraciné mais moderne, presque adolescent bien que séculaire.
Au fil des vers, on découvre donc une rhétorique bondissante, furieusement, prête à se jeter corps et âme dans une quête d’un avenir chatoyant. Ou serait-ce déjà le passé ? Seynabou Ndiaye suggère, dans son titre même, un début de réponse avec un ''J’ai voulu arrêter le temps'' plein de nostalgie mais sans désuétude.
Guerre en Casamance, viol, handicap, isolement, nostalgie, deuil… On croirait l’auteure décidée à nous faire vivre toutes les facettes de ce que l’on partage tous, en tant que membre de la société sénégalaise. On pourrait presque y affecter des rubriques semblables à celles d’un journal. Omniprésente, demeure quant à elle l’imagerie dont se sert l’auteur.
Seul bémol, l’absence totale de la moindre notion de métrique dans la versification qui, vu l’abondance (la ''sur-présence'', dirait-on même) de rimes, ne peut pas prétendre au statut de vers libres. On sent là une certaine immaturité du poète qui, porté par son émotion, pèche dans la technique. Mais elle peut se prévaloir de l'excuse du début.
De belle choses sont à attendre de Seynabou Ndiaye, diplômée de bureautique et agent immobilier de son état, elle qui signe là un premier essai prometteur. Il faut se fier à son éditeur : C'est ''une poésie saisissante qui nous embarque'', note-t-il sur la quatrième de couverture.
Alors laissez-vous embarquer.