Publié le 28 Jan 2016 - 00:29
OFFENSE AU CHEF DE L’ETAT

Me Amadou Sall assume ses propos et encourt le sursis

 

Le parquet général a requis hier trois mois assortis du sursis contre Me El Hadj Amadou Sall poursuivi pour offense au Chef de l’Etat et atteinte à la sûreté. L’ancien Garde des Sceaux a clamé son innocence, tout en assumant l’intégralité de ses propos.

 

Après plusieurs renvois, Me El Hadj Amadou Sall a été jugé hier, devant la Chambre spéciale de la Cour d’appel de Dakar. Mais dès l’entame du procès, ses avocats ont tenté d’y mettre fin en soulevant des exceptions de nullité. Selon Mes Ciré Clédor Ly et Aliou Cissé, la procédure est nulle pour plusieurs raisons. D’abord, ils pensent que les droits de la défense ont été violés, car leur confrère n’a pas bénéficié de la présence d’un conseil. D’autre part, les avocats considèrent que les poursuites ont été menées par un officier de police judiciaire sous la diligence du procureur de la république et ce, au détriment du Parquet général. La défense a aussi fondé son argumentaire sur l’absence d’avis du bâtonnier, ce qui aux yeux de Me Borso Pouye a privé Me Sall d’une procédure interne. Dans sa réplique, le substitut général a déclaré qu’aucune des exceptions n’a une raison d’être retenue, puisque la procédure est régulière.

Après avoir écouté les différentes parties, le Président Demba Kandji a joint les exceptions au fond et a ordonné l’ouverture des débats. Interrogé, Me El Hadj Amadou Sall n’a pas cherché à contester les faits, mais il s’est dit innocent. ‘’Les propos sont bien les miennes. Mais, elles ne constituent pas un délit’’, a-t-il lancé aux juges, avant de revenir sur le contexte de la sortie qui lui vaut des poursuites. Me Sall est en effet poursuivi, suite à des propos tenus lors d’un meeting de soutien à Karim Wade organisé à Guédiawaye, à quelques jours du verdict de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Il avait dénoncé l’incompétence du Président Macky Sall et avait invité les femmes à s’armer d’ustensiles de cuisine pour le chasser du pouvoir.

Hier, à la barre, il a soutenu qu’il n’a fait que répondre aux propos de ministres de la République, notamment Seydou Guèye et Mbaye Ndiaye qui avaient déclaré que Karim Wade sera condamné et tout libéral qui manifesterait serait bastonné. ‘’Si c’étaient des jeunes qui avaient fait ces sorties, des jeunes allaient répondre, mais comme il s’agit de personnalités, je devais répondre’’, a-t-il expliqué. L’avocat d’ajouter : ‘’J’ai répondu avec la même tonalité et dans les mêmes propos, car le parti auquel j’appartiens a fait l’objet d’un déchaînement médiatique, de même que mon client et ses avocats’’.

Par rapport au délit d’offense, l’ancien ministre a soutenu qu’il parlait dans un cadre purement politique et il ne savait pas s’il s’adressait au Chef de l’État ou celui d’un parti politique, du fait du dédoublement dans les deux fonctions. Lorsque que le président Demba Kandji et l’avocat général lui ont fait savoir que ses propos pouvaient être suivis d’effet, il a répondu par la négative. ‘’On ne peut pas le faire sortir du Palais. En tant qu’Africain, je peux croire qu’une pluie d’abeilles puisse pleuvoir sur le Palais’’, a-t-il dit d’un ton ironique. ‘’Est-ce que vous n’aviez pas l’intention de créer un soulèvement ?’’ lui a lancé le président Kandji. ‘’Quand il y a une oppression, le peuple a le droit de résister’’, a répliqué Me Sall, tout en expliquant que l’oppression résulte de l’emprisonnement de certains responsables libéraux.

S’agissant de l’invite faite aux femmes de s’armer d’ustensiles de cuisine (pilon, cuillère), Me Sall a laissé entendre qu’il s’agissait tout simplement d’humour. Un humour qui n’est pas du goût du substitut général Mame Cor Ndour. A son avis, les propos incriminés ont été tenus devant un public analphabète, mais le gourdin, le pilon et le bâton constituent pour lui des armes pour les Africains. Le substitut de souligner ‘’qu’avec son statut d’avocat et d’ancien ministre de la justice, Me Sall devait se garder de tenir certains propos’’. ‘’La liberté d’expression ne vous donne pas le droit de dire n’importe quoi’’, a-t-il martelé, avant de requérir trois mois assortis du sursis.

La défense s’est littéralement rétrécie, puisqu’à la place d’une soixantaine d’avocats, seuls six ont plaidé… la relaxe. Ils ont tour à tour demandé aux juges de mettre les propos dans leur contexte, puisqu’il s’agissait d’une réunion politique et que les propos n’ont créé aucun trouble. Me Sall sera édifié sur son sort le 23 février prochain.

FATOU SY

 

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