Publié le 12 May 2023 - 16:51
OMAR BLONDIN DIOP ET PRISONNIERS POLITIQUES

“50 ans après, rien n’a changé”

 

À l'occasion du cinquantenaire de la disparition d’Omar Blondin Diop, la question des "prisonniers politiques", qui occupe l'actualité, s'est invitée aux débats. Selon les organisateurs, cinquante ans après, rien n’a changé.

 

Le 11 mai fait surtout penser à Bob Marley et à la musique reggae, d'une manière générale. Mais pour les mouvements panafricanistes tels que Frapp/France dégage, Carbone 14 ou encore Africa First, cette date est aussi et avant tout celle dédiée à Omar Blondin Diop. En ce jour commémorant sa disparition, ils ont notamment organisé une rencontre (bissap débat) autour de la thématique ‘’Les prisonniers politiques au Sénégal, d'Omar Blondin Diop à nos jours’’.

Lors de ce moment de palabre tenu en plein campus social de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, au pavillon E, les participants, venus nombreux, y sont allés chacun de son appréciation.

"Le cas Blondin Diop était une sorte d'alerte. Mais aujourd'hui, force est de constater que le message est resté inaudible. Nous assistons davantage à des arrestations arbitraires et faire des détenus politiques est devenu la marque de fabrique du pouvoir en place. Mais si tout cela est possible, c'est parce que la justice sénégalaise est à la solde du régime. Elle est donc complice", constate le porte-parole du mouvement Africa First, Yoro Dia.

"L'antécédent Omar Blondin Diop, poursuit-il, fait tache d'huile aujourd'hui et on dirait que les choses ont empiré. Par exemple, pour un simple post Facebook, on peut atterrir en prison. L'histoire se répète cinquante après sa tragique disparition. C'est un énorme recul démocratique".

Selon lui, cet état de fait est dû, surtout aux "pouvoirs exorbitants" dont jouit le président de la République qui aurait la mainmise sur le dispositif judiciaire.

Étudiant au Département d'anglais et par ailleurs rappeur, Colonel a invité la jeune génération à s'approprier le legs de ce panafricaniste. ‘’Les pionniers, à l'image d’Omar Blondin Diop, ont rempli leur rôle. Maintenant, c'est à notre tour. La question serait : qu'est-ce qu'on doit faire, 50 ans après son assassinat, pour endiguer définitivement ce genre de phénomènes qui bloquent encore l'Afrique ? Car, sans liberté, sans démocratie, asseoir un processus de développement relève juste d'une certaine utopie", analyse ce membre du mouvement Carbone 14.

Selon lui, il est nécessaire de prendre à bras le corps cette problématique. "Pour endiguer ce phénomène têtu, il faut peut-être démultiplier ce genre d'initiatives, pour pouvoir parler aux Sénégalais de ce qui les guette. Car si rien n'est fait, nous risquons d'atteindre un niveau inimaginable de non-retour. En outre, il nous faut d'autres Omar Blondin Diop. Soyons tous des Blondin ; perpétuons son héritage, afin que les générations présentes et futures sachent la noblesse de son combat".

 

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