Publié le 6 May 2015 - 18:17
PANAROMA PAR MAME TALLA DIAW

A la recherche des programmes perdus

 

Les effets négatifs de la stratégie du ‘’tous contre les Wade’’ en 2012 commencent à se faire sentir au sein de la coalition ‘’Benno’’. Les alliances qui ont réussi à venir à bout du régime ‘’sopiste’’ ne s’entendaient au fond que sur le départ de l’ancien président de la République. Ils avaient différé les questions qui fâchent. Ces dernières se rappellent à leur bon souvenir avec impossibilité de les différer, après trois ans de régime du 25 mars.

Les vifs échanges, ces derniers jours, entre l’Alliance pour la République (Apr) et la Ligue démocratique renseignent sur l’état de la majorité présidentielle. Si les chefs des grands partis siégeant au gouvernement donnent le la, et jouent parfaitement  la partition de l’unité, il n’en est pas de même pour le gros des troupes.

Les échanges de bons procédés entre Macky Sall, Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng contrastent avec les divergences qui se font jour dans les rangs des militants de leurs partis respectifs. L’opinion du président de la République sur la transhumance, révélée à Kaffrine, la justifiant et l’expliquant comme une liberté individuelle, a plus que troublé le ronronnement de la majorité présidentielle. Le Ps a fait savoir ce qu’il en pensait et rappelé les déviances qu’elle a engendrées ; la Ld est allée plus loin, en marquant sa différence, pour dénoncer la stratégie de l’allié principal, qui veut se massifier et accueillir des  opposants.

Fidèle à sa ligne, la Ligue démocratique n’a pas hésité à condamner ces appels du pied et rappelé que les engagements pris par les uns et les autres en 2012 gardaient toute leur valeur, notamment au plan de ‘’l’éthique’’ dans la gouvernance. Toutefois, ce qui les rapproche est toujours plus fort que ce qui les éloigne. Ayant dépassé depuis deux mois le terme de son mi-mandat (si les cinq ans sont retenus), Macky Sall commence à vivre la sensation de collaborer avec de futurs adversaires. Ce qui lie les secrétaires généraux ne concerne, in fine, peu ou pas du tout la base.

La participation annoncée de partis membres de la majorité à la prochaine présidentielle, face à Macky Sall, est l’un de ces inévitables écueils. Si l’Alliance des forces de progrès (Afp) de Moustapha Niasse a guéri ( ?) le mal avec un remède de cheval en excluant de ses rangs d’influentes personnalités (Malick Gackou & Co) qui ont clamé haut et fort leur participation au prochain scrutin pour la magistrature suprême, la Ld, elle, a porté le débat le plus loin possible.

Au finish, Moussa Sarr, porte-parole des ‘’jallarbistes’’, pour avoir évoqué  ‘’l’immixtion de la famille du chef de l’Etat ‘’ dans les affaires de la République, a été sommé de quitter ses fonctions de directeur de cabinet de Mme Khoudia Mbaye, seule personnalité du parti à siéger au gouvernement. C’est du déjà vu !

La Ld subit les contradictions qui ont traversé les formations politiques participant à une majorité présidentielle élargie. Dans la plupart des cas, des responsables n’émettent plus sur la même longueur d’onde que ceux qui siègent au gouvernement. Le premier gouvernement de Macky Sall a ainsi profondément affecté la stabilité de Rewmi, le parti de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck. Pape Diouf et Oumar Guèye, membres fondateurs de ce parti, ont préféré se désolidariser de leur ancien leader pour appuyer la politique du quatrième président de la République.

Un peu avant, le régime du président Wade avait fait connaître à Aj/Pads  son plus grand traumatisme quand Landing Savané et Mamadou Diop Decroix (compagnons de presque quarante ans) ont diversement apprécié leur compagnonnage avec ‘’le pape du Sopi ‘’, conduisant à une douloureuse scission. A partir des années  90, les participations de Me Wade au gouvernement socialiste du président Abdou Diouf ont laissé des traces au sein du Pds. Une lecture superficielle tend à faire croire qu’il y a une raison bien objective à ces rapprochements en solo avec le locataire du palais présidentiel, à savoir les ors du pouvoir ministériel. Cela pourrait aller plus loin…

Rarement, une plate-forme commune de gouvernement n’a été élaborée par les coalitions à la veille d’une prise du pouvoir. En 2000, après la victoire de Me Wade à la présidentielle, le ‘’tous contre Diouf et le Ps ‘’ n’a été opérationnel que pendant onze mois, le temps de divorcer d’avec l’Afp et de faire quitter Moustapha Niasse la Primature et ses camarades de parti, le gouvernement.

 En 2012, bis repetita : Macky 2012, Benno Siggil Senegal et enfin Benno Bokk Yakaar vont se retrouver sans un programme commun de gouvernement. Les hommes et la recherche de leur réalisation personnelle d’abord, les programmes et idées plus tard.

 

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