Publié le 14 Feb 2023 - 19:41
PARTICIPATION À UNE MANIFESTATION NON AUTORISÉE

12 personnes arrêtées entre la cité Keur Gorgui et Mermoz jugés  

 

Jugées hier devant le tribunal d’instance de Dakar, les douze personnes qui ont été arrêtées à Mermoz et à la cité Keur Gorgui ont plaidé non coupables. Malgré leur dénégation, la déléguée du procureur de la République a requis six mois d’emprisonnement ferme contre certains parmi eux. Ce, au moment où les avocats de la défense se sont inquiétés sur les garanties du droit de circuler librement dans ce pays à chaque fois que Sonko est convoqué par la justice.

 

Douze individus étaient alignés, hier, à la barre du tribunal d’instance de Dakar pour répondre du délit de participation à une manifestation non déclarée. Âgés de 20 à 37 ans, les prévenus, qui ont été arrêtés le 2 février près de la cité Keur Gorgui, ont tous clamé leur innocence. Toutes ces personnes qui s’activent dans le milieu informel ont  sous-entendu avoir été au mauvais endroit au mauvais moment.

Ce jour-là devait se tenir le procès qui oppose le leader du Pastef Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang. Comme à l’accoutumée, la zone où habite l’opposant, jusqu’au palais de Justice de Dakar, est quadrillée par les forces de l’ordre. Ceux-ci, veillant au moindre débordement, n’hésitent pas à appréhender les plus téméraires. Mais ils sont nombreux à fustiger cette méthode, alléguant que leur droit de circuler librement est bafoué. Comme l’ont décrié hier avec ferveur les avocats des comparants lors de leurs plaidoiries. Estimant que la détention de ces individus est arbitraire, ils ont sollicité le renvoi de ceux-ci des fins de la poursuite.

Selon les avocats, la déléguée du procureur de la République, qui a requis six mois d’emprisonnement contre six des prévenus, a même des difficultés pour articuler l’infraction retenue à l’encontre de leurs clients.

D’ailleurs, l’un d’eux, en l’occurrence Abdoulaye Daouda Kébé, soutient avoir été malmené par les gendarmes, lors de son arrestation. ‘’Je me suis même évanoui. Alors que je me rendais chez des élèves à qui je dispense des cours coraniques à domicile, j’ai été appréhendé. J’ignorais qu’il y avait une manifestation à cet endroit’’, a-t-il raconté. Donnant ainsi raison à Me Moussa Sarr qui se demande où s’est tenue une manifestation à cette date du 2 février.

Quant à Cheikh Dièye, le prévenu le plus jeune, car âgé de 20 ans, il renseigne qu’il a été alpagué à Mermoz. ‘’J’étais au milieu des journalistes et des gendarmes. Je ne revenais du travail. Pourtant, ma  mère m’a défendu de m’approcher de cet endroit, car il y aurait probablement des échauffourées’’, a-t-il dit.

En outre, si Kébé et Dièye n’ont pas été longtemps auditionnés lors de l’audience, ce ne fut pas le cas pour Fakéba Cissé, El Hadj Badji et Alpha Moussa Sow. Leur présence aux endroits où ils ont été appréhendés a suscité beaucoup d’interrogations du côté du ministère public. El Hadj Badji, qui a quitté la banlieue dakaroise pour se rendre au tribunal avant de rallier Mermoz où il a été arrêté, a laissé la représentante du ministère public sur sa faim. Dans sa réponse, il s’est limité à dire : ‘’J’accompagnais mon grand frère Laye et les gendarmes m’ont arrêté devant chez lui à Mermoz. Il a réussi à les échapper contrairement à moi.’’

Moussa Sow, pour sa part, renseigne qu’il cherchait une pièce détachée. Ayant quitté  le quartier Boune, il a préféré sillonner à pied les boutiques de Mermoz jusqu’à Dakar. Parmi les prévenus qui ont le plus été questionnés par la représentante du ministère public, se trouve Matar Cissé. Soutenant être journaliste, il renseigne qu’il a perdu sa carte de presse au moment de son arrestation. ‘’Es-tu vraiment un journaliste ? Je ne peux pas concevoir que tu sois arrêté. N’as-tu pas montré ta carte ? Tu n’étais pas en service. Que faisais-tu là-bas ?’’. Autant de questions que lui a posées la déléguée du procureur de la République. Tergiversant, le prévenu lui rétorque qu’il devait effectuer un dépôt de dossier pour l’obtention de sa carte de presse nationale. Réponse qui n’a pas convaincu la représentante du ministère public qui lui a asséné : ‘’Tu n’es même pas en mesure de prouver ta qualité de journaliste.’’

Au terme des débats qui ont duré près de deux tours d’horloge, le tribunal a mis l’affaire en délibéré. La décision sera rendue le 16 février prochain.

En attendant, tous les prévenus qui n’ont pas obtenu une liberté provisoire retournent à la citadelle du silence.

MAGUETTE NDAO

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