Ousmane Sonko cogne à nouveau sur le régime
Le président du Parti Pastef a été, ce week-end, l’invité des ‘’samedis de l’économie’’. Il a dénoncé une politisation à outrance de l’administration publique et le non-respect, par Macky Sall de ses engagements de campagne.
Un ‘’samedi de l’économie’’ pas comme les autres. C’est ce que la Fondation Rosa Luxembourg a organisé ce week-end, avec comme invité Ousmane Sonko, le président des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef). Les circonstances du moment ont fait que l’invité du jour, qui vient d’être radié de la Fonction publique par le régime du Président Macky Sall, a été accueilli comme une véritable star. Ainsi, le conférencier n’a pas raté cette tribune pour s’attaquer frontalement au président de l’Alliance pour la République (APR).
L’inspecteur des Impôts et Domaines critique d’abord la manière dont l’administration publique sénégalaise est politisée. Il révèle qu’il y a des tiraillements à outrance entre ceux qui sont pour que l’administration reste une administration du peuple et l’autre camp pour qui l’administration doit être au service du parti au pouvoir. Pour lui, ce qu’il faut faire est de ‘’dépolitiser l’administration’’. ‘’Quand on est politique, on ne doit pas aspirer à devenir directeur général dans une administration’’, dit-il.
Par ailleurs, si la situation est arrivée à ce stade, accuse-t-il, c’est parce que toutes les nominations à la tête de ces directions se font sur des bases politiques. Un fait que confirme Mody Niang, ancien membre de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). ‘’L’administration sénégalaise est outrancièrement politisée’’, déplore M. Niang. Pour preuve, dit-il, le poste de secrétaire général de ministère est même tombé dans cette politisation.
D’après Mody Niang, aujourd’hui, il y a autant de secrétaires généraux que de ministères, alors qu’avant 2000, il y en avait 4 ou 5 au Sénégal dans les ministères de souveraineté. ‘’L’administration sénégalaise non seulement elle est politisée, mais elle va très mal. Les rapports dorment à la Présidence et vous n’avez jamais vu le chef de l’Etat lever le moindre petit doigt contre un fonctionnaire épinglé. Au contraire, les rapports l’énervent. Le chef de l’Etat a renié à tous ses engagements’’, attaque Mody Niang.
En outre, le président de Pastef fait savoir que depuis que le président de la République est au pouvoir, les rapports qui lui ont été présentés n’ont eu aucun effet. Pire, Ousmane Sonko note qu’au lieu de sanctionner les personnes incriminées, Macky Sall les défend. ‘’Dans ce pays, maintenant, c’est ceux qui signalent les anomalies qui deviennent les criminels et non pas ceux qui ont commis les crimes’’, déplore-t-il.
‘’Le Président Sall a renié à tous ses engagements’’
Par ailleurs, lors de cette conférence, Ousmane Sonko a fait un bref rappel de l’ensemble des promesses faites par Macky Sall, candidat à la présidentielle de 2012. Dans le Yonnu yokkute qui était son programme de campagne, le président de l’APR avait promis de supprimer le Sénat. Une chose qui a été faite, dit-il, mais malheureusement, Macky Sall l’a ramené sous la forme du Haut conseil des collectivités territoriales. ‘’Nous savons tous que le Sénégal n’a pas besoin de cet organe qui va servir à caser de la clientèle politique.
Cet organe sera mis dans les mêmes conditions que l’Assemblée nationale avec une dotation budgétaire énorme’’, dénonce-t-il. Encore, le candidat Macky Sall avait promis, une fois élu, de mettre en place un gouvernement de rassemblement national avec 25 ministres. Aujourd’hui, note M. Sonko, on ne peut plus compter le nombre de ministres, de ministres d’Etat ou de ministres Conseillers. Cela faire dire à l’ancien membre de l’Ofnac, Mody Niang que ‘’Macky Sall n’a pas de respect pour sa propre parole’’.
ALIOU NGAMBY NDIAYE