Un message de sagesse, de persévérance et de sainteté
Le 134e pèlerinage marial de Popenguine s’est déroulé ce weekend. Placé sous le thème ‘’L’amour familial : vocation et chemin de sainteté’’, cette première édition, après deux années de suspension due à la présence de la pandémie de Covid-19, a drainé des milliers de fidèles sur la terre de Popenguine. Cette année, l’homélie prononcée par l’évêque de Kaolack a rappelé aux fidèles qui ont fait le déplacement la voie à suivre pour le maintien de la paix dans les familles.
L’homélie de la 134e édition du pèlerinage marial de Popenguine a été prononcée cette année par l’évêque du diocèse de Kaolack. Monseigneur Martin Boucar Tine a prêché devant des milliers de fidèles. Son sermon a été une leçon de vie dans le contexte actuel marqué par plusieurs cas de violence, mais également un certain nombre de comportements qui ont fini de transformer radicalement le visage des Sénégalais et de leurs familles. Pour lui, ‘’les gens sont trop pressés de réussir dans la vie. Les jeunes veulent tous réussir, avoir beaucoup d’argent, sans réfléchir à comment y arriver’’, s’est-il d’emblée interrogé. Avant de continuer : ‘’Dans l’Empire romain, l’enfant avait patienté jusqu’au moment où avait commencé ce qu’on appelle la mission divine. Une mission qui va le conduire à la crucifixion.’’
Dans cette mouvance, monseigneur Martin Boucar Tine fait savoir que ‘’nos familles doivent être davantage de petites églises domestiques où Dieu est présent en apprenant à vivre la petite nouvelle de l’Évangile. Jésus répond qu’il doit être à la maison du Père, mais, il descend avec eux dans le quotidien de Nazareth et il leur était soumis’’.
À l’en croire, ‘’l’enfant avait écouté les conseils de son père Joseph et de sa mère Marie. C’est là, dans le quotidien de Nazareth, qu’il va apprendre de ses parents et de son entourage l’art d’être homme. Il regarde sa mère tendre et forte, mais jamais passive, avoir un comportement offensif. Marie n’a jamais croisé les bras et laissé son mari tout faire. Marie et Joseph ressemblent tellement à la nôtre ; une famille n’est pas un idéal, mais réel. La vie de Joseph et de Marie ressemble à tant de parents, à la nôtre. Marie et Joseph n’ont jamais reçu de Dieu un SMS, une télécopie ou un courrier électronique. Dieu n’a pas fait le travail à la place des parents. Ils (Marie et Joseph) ont dû fuir en Égypte et endurer’’, a rappelé l’évêque.
Parents permissifs et laxistes
Posant un regard critique sur le quotidien des familles sénégalaises, Mgr Tine s’est offusqué du comportement de certains parents que les vicissitudes de la vie ont poussé à fuir leurs responsabilités devant leur progéniture. ‘’Malheureusement, on entend aujourd’hui des parents dire : ’Nous n’y pouvons rien.’ Nous devons éviter de fuir nos responsabilités, parce que Marie et Joseph n’avaient pas fui la leur. La Sainte Famille n’est pas sainte, parce que Marie et Joseph n’ont jamais eu de problème. La Sainte Famille est sainte, parce qu’au milieu des épreuves, ils ont toujours mis leur amour envers Dieu et ont toujours fait de leur mieux, sachant que Dieu fera le reste. Par ailleurs, aucun saint, canonisé, n’est né saint. Les saints ont été comme vous et moi, et ont été exposés aux conditions pécheresses. Ils ont reçu les mêmes enseignements et les sacrements de l’Église. Les mêmes baptêmes qui nous font tous membres de l’Église’’.
Il estime ainsi que la valeur de l’homme doit se construire dans l’endurance et la persévérance. «Dieu n’a jamais dit que l’homme ne souffrirait pas. Le fils a souffert et a été crucifié. Il faut souffrir pour avoir de la repentance. À côté de la croix, la mère de Jésus et Marie Madeleine. Y a-t-il une souffrance plus douloureuse que d’assister à la crucifixion de son enfant ? Quand on traverse une épreuve, il ne faut pas croire que Dieu nous a oubliés’’, prêche-t-il. Il est convaincu que le chemin plein d’embûches et d’obstacles du combat de la sainteté n’est pas un privilège.
‘’Nous sommes appelés à la sagesse et non à la médiocrité’’
Il assure donc que ‘’la sainteté n’est pas réservée à une catégorie de gens ; elle est pour tous. La sainteté est synonyme de bonheur. Nous sommes appelés à la sagesse et non à la médiocrité. La voie est une voie ordinaire parsemée de virages, de nids-de-poule. C’est notre quotidien pour attirer notre endurance’’.
Il a invité les milliers de chrétiens venus des quatre coins du Sénégal et au-delà, de respecter les deniers publics et d’éviter la violence sous toutes ses formes, ainsi que le mensonge. ‘’Le combat contre le mensonge doit être de mise, car on passe tout le temps à mentir. De même que le combat contre la corruption et le culte rendu à Dieu Argent, le combat contre la violence verbale, physique et morale, quel que soit le niveau social, politique ou religieux. La violence est toujours de trop. Il n’y a pas un jour ou l’on ouvre les médias sans pour autant qu’on parle de meurtre. Chacun doit jouer son rôle qui est de s’attaquer aux causes qui ne sont rien que dans nos cœurs’’, prône-t-il.
Pour le prélat, ‘’aujourd’hui, nous copions les enfants rois, car nous avons copié les autres. Nous devons maintenir notre éducation traditionnelle, je ne dis pas de tabasser, mais de conseiller’’, indique l’évêque. ‘’Marche sur le droit chemin comme autorité et sers ton peuple sans chercher la gloire mondaine. Ne cherche pas une sanctification par procuration, car elle n’existe pas, elle est unique. Cherche à te conduire d’une manière digne de la vocation, dans l’humilité, l’amour’’, conseille-t-il.
IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)