Sokhna Fatou Kiné Diène, âgée de 22 ans, est une entrepreneure. Petite-fille de Cheikh Issa Diène, elle souhaite être la première présidente de la République en 2029 avec son mouvement citoyen Sen-Forces. Qui est cette diplômée en Licence de science politique et relations internationales ?

Sokhna Fatou Kiné Diène. Retenez bien ce nom. Âgée de 22 ans, elle souhaite être la première femme présidente de la République en 2029. Elle est la présidente du mouvement citoyen Synergie pour l'émancipation nationale-Les Forces citoyennes du Sénégal (Sen-Forces).

"Le mouvement citoyen Sen-Forces est un mouvement à but politique né en 2023. Il regroupe de jeunes Sénégalaises et Sénégalais avertis qui veulent s'engager en politique autrement. Nous comptons privilégier l'action citoyenne à travers le bénévolat et le service communautaire. Explicitement, avec ce mouvement, nous avons comme objectif premier la représentation effective des jeunes dans les instances de prise de décision. Car jusqu'à présent, malgré les plus de 75 % de jeunes de la population sénégalaise, le taux de représentativité de ces jeunes dans les instances politiques reste faible. Sur ce, nous comptons davantage conscientiser les jeunes Sénégalais de tous bords sur le rôle qu'ils peuvent jouer en faveur du développement de notre pays. Actuellement, le mouvement est présent dans sept régions et nous comptons faire le maillage du territoire national", renseigne-t-elle.

Sokhna Fatou Kiné Diène ajoute : "Ma principale ambition, en tant que formation citoyenne, est de présenter la plus jeune candidature à l'élection présidentielle de 2029 dans l'optique de présenter et de faire triompher notre projet de société et nos idéaux, et de les mettre au service de notre cher Sénégal. Sen-Forces est une peau neuve qui incarne une nouvelle vision. Et pour matérialiser cette ambition, nous comptons, sous peu, lancer une pétition visant l'abaissement de l'âge minimum d'éligibilité aux élections législatives et présidentielle. Nous comptons vraiment sur le soutien de tous nos concitoyens sénégalais."

"Je compte mener des activités caritatives en Afrique et dans le monde avec une fondation"

Cette jeune fille ambitieuse compte exercer dans les think tanks internationaux en tant que spécialiste chargée des affaires politiques. Sur cette ligne, elle est actuellement admise dans une école internationale pour poursuivre ses études supérieures grâce à une bourse d'excellence destinée aux jeunes leaders africains. Elle envisage également d'entreprendre dans l'industrie du textile africain avec une marque de vêtements et d'accessoires qu'elle compte internationaliser. "Des revenus de ce business, je compte mener des activités caritatives en Afrique et dans le monde avec une fondation", annonce-t-elle.

S’agissant de son amour pour la lecture, elle souligne que c'est une longue et belle histoire. "Je me suis familiarisée avec le livre dès le bas âge ; il fut le décor de mon environnement. En classe de CE1, je flirtais déjà avec ‘Une Si Longue Lettre’ de Mariama Ba, ‘De Tilène au Plateau’ de Nafissatou Diallo et comme œuvres de la littérature française, celles de Guy des Cars, de la Comtesse de Ségur avec la Bibliothèque Rose et de Colette. Et cette passion m'a suivie jusqu'à présent. D'ailleurs, j'ai suivi la série littéraire L1 dans l'enseignement secondaire général. Actuellement, j'ai plus un penchant pour la lecture d'œuvres philosophiques et mon auteur préféré est un contemporain, le professeur Djibril Samb, dont l'œuvre ‘L'heur de philosopher le jour et la nuit, Tome 2, La mesure des choses’ m'a énormément marquée", déclare-t-elle.

Son amour pour les lettres, selon elle, l'a poussée à l’écriture. Elle a déjà remporté des prix et elle compte faire florès dans l'écriture avec des œuvres qui refléteront sa vision du monde. "Les projets littéraires sont en cuisson et vous aurez de belles surprises. En tant que fervente défenseure du droit relatif à l'accès à l'éducation, j'ai des projets éducatifs innovants pour les jeunes Africains et Sénégalais. Je suis pour une éducation qui nous ressemble. Mon rêve est que tous les jeunes, sans distinction de sexe, de race et de religion, puissent accéder à une éducation de qualité, quelle que soit leur situation familiale. Dans une optique de matérialiser ce dessein, j'ai initié les Journées de l'éducation et de la créativité des jeunes dont la première édition s'est tenue en novembre 2023 à Ndiéné Lagane (région de Fatick), grâce à une subvention du Département d'État américain et du Meridian International Center. Nous comptons l'élargir dans les autres régions du Sénégal", indique la jeune femme.

Parcours académique

Originaire de Touba, de la grande famille religieuse de Cheikh Issa Diène, elle a fait ses études primaires au Cours privé mixte sénégalais. Par la suite, elle a poursuivi ses études secondaires au lycée Seydina Limamou Laye de Guédiawaye où elle a décroché son baccalauréat L (langues et civilisations modernes) en 2021 avec mention Bien, étant première du centre Joseph Félix Correa B, jury 1465.

Actuellement, elle est diplômée en Licence de science politique et relations internationales au Madiba Leadership Institute du Groupe ISM, major de promotion en science politique et relations internationales, promotion Général (2S) Mohamadou Keita.

La jeune femme est écrivaine, entrepreneure sociale et alumni du Pan-Africa Youth Leadership Program (PAYLP) All-Stars 2023 du Département d'État américain. Elle est aussi auteure de ‘’Funeste Vie’’, deuxième prix du concours panafricain d'écriture PEH 2019 (Prix de l'Écrivain en Herbe) et ambassadrice de la World Literacy Foundation depuis 2020. Elle a été lauréate du deuxième prix du NEC (National Essay Competition) édition 2020 de la UBA Foundation et initiatrice du W2C (Week-end de la citoyenneté et du civisme) au Sénégal. Elle est également membre du Youth Panel de Plan International Sénégal, alumni du Programme leadership politique (PLP) promotion Annette Mbaye Derneville de la fondation Friedrich Ebert, bureau Sénégal.

Maintien des filles à l'école dans la capitale du mouridisme

Concernant le maintien des filles à l'école dans la capitale du mouridisme, elle a son mot à dire. "Nous avons remarqué que des efforts notables ont été faits. Aujourd'hui, partout dans le monde, dans tous les domaines, des femmes originaires de Touba réalisent des prouesses qui honorent l'héritage de Khadim Rassoul, qui selon moi, revêt trois aspects cumulatifs : le service spirituel, le service individuel et le service communautaire. Ceci doit être un challenge pour les jeunes filles de Touba qui, aujourd'hui, ne doivent pas faire moins que leurs aînées. Elles doivent avoir comme référence des femmes soufies exemplaires à l'instar de Sokhna Mouslimatou Mbacké Bint Cheikhoul Khadim, qui fut une femme pieuse, une éducatrice dévouée, entreprenante et ouverte d'esprit. D'ailleurs, elle fut la première femme sénégalaise à être élevée au rang de chevalière de l'Ordre national du mérite par le président Senghor en 1962", rappelle Sokhna Fatou Kiné Diène.

Elle confie que pour perpétuer ce legs, elle compte aussi jouer sa partition dans la capitale du mouridisme, dans le domaine de l'éducation, tout en prenant en compte les préceptes islamiques et les enseignements du cheikh.

CHEIKH THIAM