Les transporteurs menacent d'aller en grève dès lundi

Une grève plane sur le secteur des transports routiers avec le syndicat dirigé par Alassane Ndoye qui menace de garer les voitures lundi prochain, en protestation contre les modalités du déroulement du contrôle dans le nouveau Centre technique de contrôle des voitures. Mais pour le ministre des Infrastructures et des Transports, ce que demandent les transporteurs est impossible à réaliser.
Le syndicat des transporteurs routiers du Sénégal a menacé d'entamer dès lundi une grève générale. Ils (les syndicalistes) exigent des discussions avec leur ministre de tutelle Mor Ngom, sur les modalités du déroulement du contrôle dans le nouveau Centre technique de contrôle des voitures.
Selon le président des chauffeurs, Alassane Ndoye, joint au téléphone par EnQuête, cette décision a été prise suite à la déclaration du ministre de n'entreprendre aucune discussion avec les chauffeurs. ''Nous ne sommes pas contre le démarrage du centre. Mais nous avons aussi notre mot à dire parce que c'est nous qui conduisons. Nous voulons avoir une discussion avec notre ministre de tutelle sur les modalités du déroulement du centre. Il a refusé de nous recevoir et nous a dit que même si nous faisons un mois de grève, nous le trouverons sur le chemin. Et qu'il est du M23 et ne recevra personne'', a expliqué M. Ndoye.
A l'en croire, pour adhérer au centre, chaque chauffeur doit payer 15 000 francs Cfa plus 2 000 francs pour le timbre fiscal. Ce que n'acceptent pas les chauffeurs qui accusent le ministre Mor Ngom de chercher à ''se remplir les poches''. ''Il veut que le centre démarre ses activités alors que nous n'avons pas de voitures neuves. S'il tient vraiment à tout cela, il n'a qu'à commencer par réparer les routes. Parce que si nos voitures tombent souvent en panne, c'est en grande partie à cause des mauvaises routes'', a soutenu Alassane Ndoye.
Mor Ngom : ''Je ne ferai pas de dérogation''
Toutefois, la menace de grève des chauffeurs du syndicat des transporteurs routiers du Sénégal n'est pas partagée par tous les syndicalistes. Certains sont contre cette décision qui a fini de diviser l'intersyndicale des transporteurs. Joint au téléphone, Fallou Samb juge que la grève n'a pas sa raison d'être. ''En tant que secrétaire général, je ne suis pas d'accord avec cette décision. Je ne peux pas comprendre qu'un professionnel du transport routier refuse d'être contrôlé, vu la recrudescence des accidents et l'engagement que l’État du Sénégal a pris avec l'UEMOA concernant les centres de contrôle technique'', a fait savoir M. samb qui ajoute : ''Ces contrôles, basés sur 3 points (le freinage, la lumière et la direction), ont un intérêt général''. C'est pourquoi il estime que ''l’État a le devoir de prendre ses responsabilités. L’existence de ce centre de contrôle est d'un grand intérêt. Ces chauffeurs doivent avoir des voitures aptes comme tous les autres transporteurs. Ils ne veulent pas être contrôlés parce qu’ils pensent que leur voiture seront amenées à la fourrière. C'est pour cette raison que Alassane Ndoye a menacé d'aller en grève dès lundi. Je ne suis pas du tout d’accord'', s'est-il offusqué.
De son coté, le ministre des Infrastructures et des Transports dément Alassane Ndoye qui soutient qu'il a refusé de les rencontrer. ''Mon ministère les a reçus à trois reprises ; une fois par le Secrétaire général et deux fois par moi-même'', précise Mor Ngom joint au téléphone. Il ajoute tout de même qu'ils ne sont pas arrivés à un accord. ''Je les ai reçus, on a discuté, mais on n'est pas tombés d'accord. Ce que nous leur avons dit, c'est que le contrôle doit concerner trois points : le freinage, la lumière et la direction. Mais eux n'en veulent pas'', explique le ministre des Transports pour qui ces points ''sont non négociables. Le gouvernement ne reculera pas sur ces points du contrôle et je prends le peuple à témoin. Une voiture de transport ne peut pas rouler sans frein, sans lumière et sans une bonne direction. Je ne ferai pas de dérogation sur ces trois points''. M. Ngom fait tout de même savoir qu'il ne ferme pas la porte de son bureau aux transporteurs qu'il recevra d'ailleurs aujourd'hui, jeudi.
Viviane DIATTA