Thierno Alassane Sall appelle à l’exclusion des deux K de la course
Khalifa Ababacar Sall et Karim Wade sont à exclure de la course à la Présidentielle, d'après Thierno Alassane Sall. L'invité du ''Jury du dimanche'' d'hier a également montré son opposition au parrainage. Par ailleurs, sur la production de pétrole, il a dénoncé une accélération des projets et programmes, appelant à la sauvegarde de nos intérêts.
Aux yeux du leader de la République des valeurs, l’ancien maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall et l’ancien ministre Karim Wade ne devraient pas se présenter à la Présidentielle du 24 février prochain. D'après Thierno Alassane Sall, on ne doit pas confier les deniers de la République, la gestion de ce pays à des personnes qui ont été déjà condamnées ou qui portent de fortes présomptions de détournement de deniers publics. ''Les deux K ne devraient pas être réintégrés dans le jeu politique. On est contre l’utilisation de la justice pour sélectionner qui va participer à l’élection présidentielle'', a dit le député élu sous la bannière de la coalition Aar Sénégal. Tout ce qu'il regrette, c'est le fait que Karim Wade et Khalifa Sall aient été les seuls poursuivis par la justice. ''C’est pourquoi on était contre la volonté du gouvernement de les exclure. On a condamné le fait qu’ils soient les seuls à comparaître devant les tribunaux'', a-t-il expliqué hier dans l'émission ''Jury du dimanche'' sur iRadio.
Ainsi, c'est avec cette croyance selon laquelle la justice est utilisée pour sélectionner les participants à l’élection présidentielle que Thierno Alassane Sall estime que la révision de la Constitution a été faite pour des cas particuliers. Or, souligne-t-il, on dit que la règle de droit doit être générale et impersonnelle. ''Mais, regrette-t-il, ça permet de régler certains cas tout en excluant celui du leader du Pastef’’.
Il ajoute : ‘’L’autre aspect des choses est que je trouve que certains délits ou crimes, une fois constatés ou actés, devraient exclure définitivement les personnes concernées de la gestion des ressources publiques."
Parrainage
À propos du parrainage, rappelons d'abord que les députés ont adopté, le 20 juillet dernier, le projet de révision de la Constitution qui assouplit le système de parrainages nécessaires pour participer à la Présidentielle de février 2024. Thierno Alassane Sall est contre ce filtre comme opération de sélection. ''C’est le Conseil constitutionnel qui définit les règles qu’il s’applique à lui-même. Si on cherche à rationaliser, pourquoi ne pas opter pour le bulletin unique ? Normalement, le Conseil constitutionnel ne devrait pas être législateur et juge'', déclare Thierno Alassane Sall.
Poursuivant, il rappelle qu'en 2019, il y a eu cette polémique sur le problème des noms. ''Parfois, dans la fatigue, l’empressement, l’habitude d’écrire, les gens commettent des erreurs'', dit-il.
''On avait fait un texte relatif au Conseil constitutionnel, à l’époque, pour lui dire que se tromper sur une lettre ne peut pas constituer un motif de rejet. C’est d’autant plus logique que la Direction des élections, en présentant le parrainage, avait dit que ces genres d’erreurs ne constituent pas une source de rejet'', poursuit-il.
Ainsi, à l'en croire, ''le parrainage est une source absolue de corruption''. Car, dénonce-t-il, ''des centaines de millions ont été dépensés pour acheter des parrainages. Le parrainage est une façon d’éliminer beaucoup de potentiels candidats qui ont leur mot à dire''.
Production de pétrole
Par ailleurs, Thierno Alassane Sall s’est prononcé sur le report de la production des premiers barils de pétrole annoncée par Woodside. À l'en croire, il y a eu une accélération des projets et des programmes pour qu'il ait une coïncidence avec la fin du mandat de l’actuel président. ''Il y a beaucoup d’éléments de sauvegarde de nos intérêts qui devraient nous amener à davantage étaler le projet dans le temps'', a apprécié le député.
''Quand on propose un plan d’exploitation, on doit recruter des cabinets très compétents là-dessus pour voir si ce plan de production est dans le meilleur intérêt du Sénégal. Parce que ces investissements, pour pouvoir produire, vont être défalqués des ressources avant qu’on se partage (…). Mais si on est dans la précipitation et qu’on donne carte blanche à la compagnie pour développer, elle va développer en tenant compte de ses seuls intérêts'', explique Thierno Alassane Sall.
Pour ce qui concerne ce champ, il considère que le contrat initial a été très mal négocié.
À l'en croire, même dans le maximum de production, le Sénégal ne pourra pas avoir 40 % après le recouvrement des coûts. Poursuivant, il estime que la compagnie peut se situer dans un palier moindre en prétextant des difficultés de production, des difficultés d’extraction, etc., et pouvoir tirer plus.
Pour M. Sall, dans les trois premières années de production, dans un contexte extrêmement favorable pour vendre du pétrole, l’État gagnera 251 milliards par an. ''Ça veut dire que notre machine économique continuera à être alimentée par la dette. C’est quand même horrible'', indique le leader de la République des valeurs.
BABACAR SY SEYE