Publié le 23 Feb 2019 - 16:16
PRESIDENTIELLE 2019

Les raisons d’une abstention du Pds

 

Essoufflé, impuissant, impulsif et très peiné, Abdoulaye Wade reste toujours un combattant redoutable et redouté. Conscient de ses limites, il continue de peaufiner sa stratégie afin de maximiser ses chances dans son dernier combat contre le régime.

 

De 1974 à 2012, Abdoulaye Wade et le Parti démocratique sénégalais (Pds) auront marqué toutes les élections qui se sont passées au Sénégal. S’il ne les gagne pas, il est simplement deuxième. Cette fois, pour la première fois depuis sa création, le Pds est exclu, contre sa volonté, de la course à la présidence de la République. Leur candidat emprisonné, les libéraux se refusent à soutenir un autre. Cette posture est diversement appréciée par les observateurs. Ce qui est certain, c’est que la véritable bataille pour le Pds, ce n’est pas l’élection de ce 24 février dont il est exclu. Son combat reste à se battre contre l’épée de Damoclès qui continue de planer sur la tête de son nouvel homme fort. Comment obtenir l’amnistie pour Karim Wade ? Cela semble même être le seul et unique combat qui maintient le patriarche dans le landerneau politique national. Certaines sources n’ont d’ailleurs pas manqué de souligner que cette question a été au cœur des discussions récemment, lors de son voyage à Conakry.

Jusque-là décidé à saboter le scrutin, Abdoulaye Wade est sorti de son entrevue avec Alpha Condé en mettant un peu d’eau dans son vin. Malgré ses multiples pamphlets contre le président Macky Sall et son régime, il invoque l’intervention de certains chefs d’Etat voisins pour justifier sa nouvelle posture qui consiste à ne pas se rendre complice de ce qu’il considère comme un simulacre de scrutin, mais sans faire usage de violence. Pourquoi ce changement brutal d’attitude ? Qu’est-ce qu’il a bien pu obtenir en guise de consolation auprès de Condé ?

Pour le moment, c’est un mystère total. Ce qui est sûr, c’est que Wade, combattant dans l’âme, ne laisse rien pour rien. Logé à l’hôtel Terrou Bi depuis son retour de Doha, il n’arrête pas de tirer les ficelles. Malgré les accusations de deal, lui est resté constant dans ses positions contre le régime du président Macky Sall. Quand il ouvre la bouche, c’est pour faire feu de tout bois contre son ancien Premier ministre.

L’ultime combat du patriarche

Dans sa dernière lettre, après avoir décliné son intention de ne pas voter le 24 février, il fait cette confession qui en dit long sur ses préférences. ‘’Je peux comprendre tous ceux qui, parmi nous (militants libéraux) pensent qu’ils pourront défaire Macky Sall en soutenant un des candidats de l’opposition (Idrissa Seck, Ousmane Sonko ou Issa Sall), même si ce n’est pas la position du parti. Nous nous retrouverons après l’élection pour en faire le bilan et mieux armer notre parti’’. Dans ses schémas donc, seuls deux hypothèses sont exclues. Voter Macky Sall ou voter Madické Niang. Mais le style employé laisse paraitre qu’Abdoulaye Wade ne croit pas du tout en l’avènement d’une nouvelle alternance au soir du 24 février 2019. ‘’C’est une mascarade électorale, fulminait-il. Cette élection est planifiée de longue date par Macky Sall qui, pour obtenir sa réélection, a modifié la Constitution, la loi électorale, condamné, emprisonné et exilé des leaders politiques qui pouvaient valablement lui faire face et le battre dans une élection digne de ce nom’’. Ce qu’il croit, c’est le déluge, le chaos après le scrutin.

En effet, toujours dans sa lettre, il disait : ‘’Personne ne doit douter que lorsque tous les Sénégalais comprendront que cette élection-mascarade n’est qu’une énorme farce de mauvais goût de Macky Sall pour organiser sa réélection, le peuple, souverain, se dressera pour organiser une véritable élection présidentielle.’’

 A ce moment-là, Abdoulaye Wade espère sans doute se positionner en véritable force catalyseur de toute l’opposition sénégalaise. Et le fait d’être à équidistance des trois forces de l’opposition lui permet d’avoir les coudées franches. En plus, le fait de ne miser sur aucun des candidats permet au Pds de garder toutes ses cartes en main, quelle que soit l’issue de cette Présidentielle. Une défaite de l’opposition ne saurait lui être opposable, puisqu’il a décidé de rester sur la touche et de ne mouiller le maillot pour aucun des candidats. Le futur vainqueur, s’il est de l’opposition, ne pourra pas lui reprocher d’avoir soutenu une liste concurrente. Ces inquiétudes seront toutefois levées en cas de deuxième tour. En revanche, en cas de défaite de l’opposition, l’ancien président, comme il l’a dit dans sa dernière lettre, va ‘’entreprendre de larges consultations pour, dit-il, réinstaurer la nécessaire confiance préalable à l’organisation d’une élection ouverte, juste, transparente et incontestable, susceptible de permettre aux citoyens d’exprimer librement leurs choix’’.

Cette posture, il faut le dire, fait suite à de multiples appels à l’insurrection, restés sans effets. Impuissants, le libéral en chef change de stratégie. En bon chasseur, il attend sans doute le moment opportun pour sauter sur sa proie.

MOR AMAR

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