Karim Wade drague les familles religieuses
Depuis Doha où il s’est exilé depuis sa libération de prison, le fils de l’ancien président de la République dévoile aux différentes familles religieuses du pays le fondement du programme qu’il compte proposer au peuple sénégalais, aux prochaines échéances électorales de 2019.
La course à la Présidentielle est ouverte et Karim Wade ne veut pas être en reste, bien qu’étant exilé du pays. Au moment où le l’actuel locataire du palais présidentiel multiplie les descentes sur le terrain, à travers des tournées estampillées ‘’économiques’’ à la rencontre du Sénégal des profondeurs, le fils de l’ancien président de la République drague les familles religieuses du pays. Dans une missive transmise ce week-end aux différents participants du Colloque international pour la paix, organisé samedi 3 mars dernier au King Fahd Palace, à Dakar, et parvenu à EnQuête, Karim Meissa Wade sensibilise les différentes familles religieuses du pays sur le fondement du programme qu’il compte proposer aux populations sénégalaises en perspective de la Présidentielle de 2019.
‘’Chers frères et sœurs, dignes fils de nos guides et de nos familles religieuses, cette assemblée me réconforte d’autant plus que lorsque j’ai traversé la lourde épreuve de plus de trois ans de privation de liberté injustement, chacune de vos familles respectives (Touba, Tivaouane, Ndiassane, Niassènes, Thiénaba, descendants du vénéré Omar Foutiyou Tall, Médina Gounass, le cardinal de l’Eglise, jusqu’aux fins fonds du Boundou, pour ne citer que celles-là), toutes ces grandes figures m’ont témoigné de leurs prières, leur affection, leur solidarité et leur marque de sympathie’’, écrit le fils de l’ancien président de la République. Dans la note, l’ancien ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Energie souligne que cette compassion des familles religieuses du pays a amoindri la douleur de cette épreuve.
Le fondement de son programme
Mieux, révèle-il, elle a inspiré le fondement du programme qu’il veut proposer au peuple sénégalais, aux prochaines échéances électorales de 2019. ‘’C’est avec vous et l’ensemble de tous les segments de notre société que je veux bâtir un Sénégal de prospérité, de paix et de concorde nationale’’, ajoute le candidat déclaré. Aux différentes familles religieuses du pays, Karim Wade invite à tenir fermement ce que leurs ancêtres leur ont légué pour faire comprendre à la race humaine que ‘’cette petite boule bleue qu’est la terre, perdue dans l’immensité des galaxies, ne doit sa survie que par la tolérance, la compréhension mutuelle, l’entente, la paix, la cordialité entre les peuples, qui doivent être le socle sur lequel elle repose’’.
D’ailleurs, dans la note adressée à l’assistance, à travers son président et son coordonnateur général, il souligne que la pertinence des thèmes abordés durant ce colloque est aussi justifiée par le contexte international marqué par la barbarie et la violence enfantées par l’intolérance, l’incompréhension et le fanatisme aveugle ; que par l’exception sénégalaise caractérisée par l’entente, la cordialité et la cohabitation pacifique entre toutes les races, toutes les confessions, toutes les ethnies, cette pluralité, selon l’ancien ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l'Energie, loin de nous diviser, demeure une richesse inépuisable pour notre cher pays.
Il rassure à cet effet que la seule boussole qui guide ses actions s’inspire de la philosophie de paix, de tolérance et de concorde nationale que son guide spirituel, cheikh Ahmadou Bamba, n’a cessé, selon lui, durant toute sa vie, d’utiliser comme fondement de la communauté qu’il a bâtie. ‘’L’islam, après avoir pénétré cette partie de l’Afrique, a été adopté par de grands hommes soufis qui ont su éclairer notre peuple à travers de grandes confréries : la Khadria, le Tijanisme, et enfin le Mouridisme dont le fondateur cheikh Ahmadou Bamba qui a incarné la synthèse de toutes ces grandes écoles de soufisme. Quand j’observe ce monde actuel marqué par une série de violences aveugles interconfessionnelles, je m’étonne et deviens meurtri par cette trajectoire de non-sens que notre monde contemporain est en train de suivre’’, déclare Karim Wade.
Pour étayer ce point d’interrogation face à ce qu’il considère comme une ‘’bizarrerie irrationnelle’’, Karim Wade convoque les premières heures de l’Islam, lorsque les premiers disciples du prophète Mohamed (psl) étaient persécutés à La Mecque, et qu’il avait conseillé à certains de ses compagnons d’aller demander asile et refuge auprès de la communauté chrétienne d’Ethiopie, pays se situant en Afrique noire. Cette séquence de l’histoire de l’Islam, à l’en croire, engendre deux enseignements majeurs : ‘’d’abord la religion dont Mohamed (psl) est le dépositaire ne tenait compte ni de la race encore moins de la croyance confessionnelle pour cohabiter dans la concorde, la cordialité, la solidarité et la paix’’.
Pour illustrer davantage la marque particulière de notre société, le fils de l’ancien président de la République, par ailleurs disciple mouride, invoque le rapport de Antoine de Lasselves, administrateur du Cercle de Diourbel de 1913 à 1915. Ce dernier qui, rappelle-t-il, fut à ses débuts très arrogant envers le cheikh, finit par consigner dans un de ses rapports au gouverneur de Saint-Louis ce qui suit : ‘’ce cheikh Bamba détient certes une puissance innée dont la raison ne parvient pas à saisir la source et expliquer la capacité de forcer la sympathie. La soumission des hommes envers lui est extraordinaire, et leur amour pour lui les rend inconditionnels.
Il semble qu’il détienne une lumière prophétique et un secret divin semblables à ce que nous lisons dans l’histoire des prophètes et de leurs peuples. Celui-là se distingue toutefois par une pureté de cœur, par une bonté, une grandeur d’âme et un amour du bien aussi bien pour l’ami que pour l’ennemi ; qualités pour lesquelles ses prédécesseurs l’auraient envié quelques grands que fussent leurs vertus, leur piété, leur prestige. Les plus injustes des hommes et les plus ignorants des réalités humaines sont ceux qui avaient porté contre lui de fausses accusations, consistant à lui prêter l’ambition du pouvoir temporel. Je sais que les prophètes et les saints qui ont mené une guerre sainte, l’ont fait sans disposer de la moitié de la force dont dispose ce cheikh.’’
Ce témoignage historique est, selon Karim Wade, suffisant pour nous faire comprendre que, non seulement nous devons préserver les fondements de notre propre histoire, mais que même notre sacerdoce doit être de vulgariser à travers le monde cette lumière, ce flambeau de paix et de concorde entre les peuples.
ASSANE MBAYE