Le parquet et des conseils de l’Etat acculent Diassé
Alioune Samba Diassé a comparu hier, pour la cinquième fois à la barre de Cour de répression de l’enrichissement (CREI) pour son interrogatoire d’audience. Une fois encore, le directeur général de Airport bus services (ABS) a clamé son innocence, tout en promettant de se battre pour récupérer sa société.
L’instruction d’audience dans le procès de Karim Wade s’est poursuivie hier avec l’interrogatoire d’Alioune Samba Diassé. Durant toute la matinée, le directeur général de ABS SA (Airport bus services) a été soumis au feu roulant des questions du parquet spécial et des conseils de l’Etat. Un interrogatoire au cours duquel ces derniers se sont évertués à relever les énièmes incohérences et contradictions notées chez le prévenu. La première incongruité relevée par le substitut du procureur spécial est liée à la dénomination d’ABS. Diassé prétend que sa société s’appelait au départ Aéroport bus Sénégal et qu’elle a changé de dénomination en 2003, pour devenir Airport bus services.
Or, un document signé postérieurement au changement porte l’entête d’Aéroport bus Sénégal. Le prévenu a mis cette contradiction sur le dos de son assistante qui aurait commis une erreur. ‘’C’est une erreur de l’assistante, car quand il y a eu augmentation du capital en 2003, je ne m’appelais plus Aéroport bus sénégalais, mais Airport bus services. Elle a utilisé une entête que je n’utilisais plus’’, s’est-il défendu. Cet argument n’a pas convaincu le substitut Antoine Diome, d’autant que le compte de la société a été ouvert au nom d’Airport. ‘’Il faut poser la question à la banque, car en 2002, je m’appelais Aéroport Bus Sénégal’’, a rétorqué Diassé.
La question de l’actionnariat d’ABS SA était encore au centre des débats. Il a surtout été question des cas de Véronique Manga et Fatou Babou présentées comme des actionnaires d’ABS et désignées par l’accusation comme respectivement la domestique de la mère de Pape Mamadou Pouye et la secrétaire à Bourgi Transit. Ce qui intrigue Me Aly Fall, c’est le fait que les procès-verbaux de réunion portent la signature de Véronique Manga, alors qu’elle est une illettrée. L’avocat a relevé une seconde incohérence. Il s’agit de la cession des parts entre Fatou Babou et le prévenu.
En effet, Diassé reconnaît avoir acheté les 2 000 actions de la dame à 20 millions, alors que celle-ci ne faisait que porter ses parts à lui. Il s’y ajoute que la dame lui reversait les dividendes. Fort de ces constats, Me Fall a lancé au prévenu : ‘’Est-ce cohérent de payer un prix sur l’achat d’un bien qui vous appartient ?’’. Sur sa lancée, la robe s’est interrogée sur les 40 millions versés par Diassé à Wolfgang, lorsque celui-ci se retirait de la société. ‘’Une personne qui fait un apport en industrie reçoit en retour des actions. Donc, pourquoi lui verser encore 40 millions, alors qu’il détenait 45 % des actions ? Vous avez doublement payé’’, lui a fait remarquer Me Fall.
Après les questions piège des conseils de l’Etat et du parquet spécial, la défense est venue à la ‘’rescousse’’, en tentant d’innocenter le prévenu. Partant du principe que la société appartient exclusivement à son client, après le départ de son associé allemand, Me Ousmane Sèye a expliqué à Diassé qu’on lui reproche d’avoir retiré des chèques au nom de la dame Fatou Babou. ‘’Mais, il y a rien d’anormal. Ces montants me reviennent. Ce sont des dividendes. C’est le fruit de mon investissement’’, a rétorqué le prévenu. Ensuite, Me Seydou Diagne lui a rappelé les propos d’Eli Manel Diop qui le taxe d’être un prête-nom. ‘’Je ne l’ai jamais rencontré, même quand il était directeur général de AHS. Je ne pense pas qu’il pourrait même me reconnaître s’il me voyait’’, a réagi Diassé, avant de marteler : ‘’je ne suis pas un prête-nom et je n’en serai jamais’’.
‘’Je me battrai pour reprendre tout ce qu’on m’a pris’’
Au-delà de ses dénégations, le prévenu s’est inquiété du sort de sa société et des 46 chefs de famille qui y travaillent. ‘’Cela me fait mal et je suis en train de souffrir’’, a répondu le Dg sur une interpellation de Me Alioune Badara Cissé. Même s’il confie s’en remettre à Dieu, il a promis de se battre pour récupérer son bien. ‘’Je prie pour qu’on me remette tout ce qu’on m’a pris. Je n’ai rien fait de tout ce qu’on me reproche’’, a soutenu le patron de ABS SA. Avant d’ajouter : ‘’je me suis battu à la sueur de mon front pour mettre sur pied cette société. Si Dieu me donne la force, je me battrai pour relever cette société, ne serait-ce que pour les travailleurs’’.
FATOU SY