Publié le 3 Oct 2014 - 05:27
PROCES KARIM WADE - ME EL HADJI DIOUF

‘’Bibo Bourgi ne reviendra pas’’

 

L’évacuation sanitaire d’Ibrahim Aboukhalil Bourgi, alias Bibo Bourgi, en France, laisse planer le spectre d’un aller sans retour. Me El Hadji Diouf y croit dur comme fer. Les autres acteurs du procès assurent qu’avec ou sans Bibo, il y aura un verdict.

 

L’évacuation de Bibo Bourgi est un fait majeur qui interpelle les acteurs engagés dans le procès Karim Wade. D’autant qu’elle intervient après moult péripéties. Alors que des interrogations demeurent sur la suite des événements, Me El Hadj Diouf, avocat de l’Etat dans ce procès marathon à sensations, se veut clair : ‘’Avec ou sans Bourgi, le procès se déroulera dans les conditions normales, comme cela a été le cas jusqu’à présent’’. De l’avis du parlementaire, la cour ne peut pas avoir une garantie totale par rapport au retour de Ibrahim Aboukhalil, ‘’puisque son propre frère qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international refuse de revenir au Sénégal pour être jugé’’.

Le considérant comme un ‘’malade imaginaire’’, l’avocat persiste à croire que Bibo Bourgi veut se soustraire à la justice. ‘’Les médecins ont diagnostiqué une simple infection urinaire qui peut se soigner au Sénégal, grâce notamment à la prise d’antibiotiques’’, dit-il. ‘’C’est une volonté manifeste pour Bourgi de ne pas être jugé, il ne faut pas que les gens soient naïfs. Ce qu’on lui reproche est extrêmement grave. Son nom est cité partout dans le dossier. Comment se fait-il qu’il soit propriétaire de toutes ces sociétés ?’’ s’interroge Me Diouf.

D’ailleurs, il croit savoir que si Bourgi s’est envolé pour la France, c’est seulement à cause de la pression énorme qui pesait sur la cour. ‘’Les gens ont voulu faire passer la thèse de la mort subite pendant deux mois. Ses parents médecins ont essayé de l’aider. On a vu l’infirmier qui l’assistait avec ses perfusions bidon, sans savoir ce qu’il y avait dans la bouteille. Quand on a commencé à poser les questions, on nous l’a amené sur une civière. L’infirmier a dit qu’il ne sait pas ce qu’il y a dans la bouteille. Ce n’est pas possible qu’on prenne autant les Sénégalais pour des demeurés. Bourgi ne peut pas prendre tous les Sénégalais comme un peuple d’idiots’’, a fulminé l’avocat au bout du fil. Une chose est sûre, Me EL Hadj Diouf ne croit pas à un retour de Bibo Bourgi et il le dit. Toutefois, le ‘’député du peuple’’ assure que le procès ira à son terme et qu’il y aura bel et bien un verdict.

‘’Une décision souveraine de la Cour’’

Aux assurances de Me El Hadji Diouf fait écho celle de Me Baboucar Cissé, avocat de Bibo. ‘’C’est une décision qui a été prise souverainement par la Cour, au vu des écrits qui ont été produits et qui attestent l’urgence d’une intervention chirurgicale’’, a-t-il commenté, joint par EnQuête. Cependant, il n’a pas souhaité se prononcer sur une éventuelle défection de son client attendu à Dakar, d’ici un mois.

Par contre, Me Assane Dioma Ndiaye, président de la Ligue sénégalaise des droits de l’Homme, croit au retour de Bourgi. Il énonce trois exigences qui, selon lui, garantissent un retour de l’homme d’affaires. D’abord, il est de l’intérêt de la Cour et du Parquet d’entendre Bourgi. Il y va également de l’intérêt de Bourgi de se défendre publiquement et enfin de celui de ses co-prévenus qu’il soit présent. ‘’En droit pénal, il n’est pas permis de se faire représenter et nous ne sommes pas dans le cas où la juridiction peut dispenser un prévenu de comparution.

Nous pouvons dire, de façon certaine, que cette présence est obligatoire’’, déclare l’avocat qui n’écarte pas néanmoins un faux bond de Bourgi. Dans ce cas, poursuit-il, si c’est volontaire, la cour le considérera comme quelqu’un qui se soustrait de l’action de la justice et en tirera les conséquences.  D’après l’avocat, il sera alors jugé par défaut, à ‘’ses risques et périls’’, avec une décision réputée contradictoire, ‘’comme si la personne avait été jugée en sa présence. Si ce cas de figure venait à se présenter, il se peut donc que cela soit préjudiciable pour ses co-prévenus qui l’ont indexé comme l’élément capital. Mais tout ceci, c’est beaucoup de bruits pour rien, car l’évacuation de Bibo Bourgi ‘’est un non-événement’’, dit-il.

ANTOINE DE PADOU

 

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