Le procès Barça-Barsax

Après Moussa Touré avec ''La Pirogue'', c’est à un autre Moussa de dénoncer l'émigration clandestine à travers sa production ''Yoolé'' en compétition dans la catégorie documentaire. La pellicule a été projetée hier au CCF de Ouagadougou.
''Yoolé'', un film de 75 minutes de Moussa Sène Absa, est une suite dans la dénonciation de l'émigration clandestine et ses drames. Le documentaire a été projeté hier dans la salle de cinéma du Centre culturel français de Ouagadougou. De jeunes candidats à l’aventure Barça-Barsax (voir Barcelone ou mourir), y racontent leur traversée en mer. Ils s’appellent Ibrahim, Aziz, etc.
Devant les caméras, ces jeunes y sont allés à cœur ouvert. Ils ont commencé par avancer les raisons d'un voyage aussi périlleux. Le désespoir se sent dans leurs voix. Ils sont tous partis pour chercher un avenir radieux et subvenir aux besoins de leurs mamans. L’émotion est à son comble quand ces jeunes racontent que pour leur retour, ils ne savaient pas qu’ils venaient au Sénégal. ''On nous a dit qu’on allait à Madrid et Malaga et on a atterri au Sénégal. C’était un choc émotionnel inimaginable'', témoignent ces jeunes.
Comme son titre l’indique en wolof, ''Yoolé'' est une dénonciation. Sans porter de gants ni faire dans la langue de bois, Moussa Sène Absa indexe les responsables du phénomène Barça-Barsax. Il condamne les gouvernants et les accusent d'avoir poussé ces jeunes à décider de braver la mer et faire face à la mort. Face à des promesses non tenues, le chômage, la mal gouvernance, le népotisme et le pillage des ressources financières du Sénégal, ces jeunes ont perdu espoir. Ils ont vu en l’Europe l’Eldorado et n’ont pas hésité à emprunter des pirogues pour rallier l’Espagne. Le réalisateur a repris des images de meetings du Président Abdoulaye Wade avec ses chapelets de promesses. Poussant le bouchon, le cinéaste a montré des vidéos d’Abdoulaye Wade parlant du Monument de la renaissance au moment où les priorités des Sénégalais ne sont pas prises en compte.
Pression sociale
A la faute des gouvernants s’ajoute la pression sociale. Dans une société sénégalaise où certains pays d’Europe sont vus comme des lieux de réussite à coup sûr, tout parent veut y envoyer son fils. Les plus belles voitures appartiennent souvent aux émigrés qui aiment parader avec et en mettent plein la vue avec de belles maisons. En entendant leurs proches leur seriner qu’ils doivent imiter ces émigrés, les jeunes sont poussés à bout. Les gouvernants du Nord ne sont pas non plus exempts de reproches. Leurs chalutiers ont pillé les mers du Sénégal. Ce qui fait que les jeunes n’ont plus de travail et ont tenté l’aventure. Le film est en compétition dans la catégorie documentaire avec ''Président Dia'' d’Ousmane William Mbaye.
Bigué BOB
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