UNIS dénonce des «effets d’annonce»
Conscient que «la quête de l’emploi est légitime et pressante», le président de la République a annoncé, avant-hier, lors de son adresse à la Nation, une ligne de garantie de 10 milliards de francs Cfa pour des activités génératrices de revenus en faveur des femmes et des jeunes filles, et un financement de 17 milliards destiné à la création d’emplois non salariés pour les jeunes.
Dans sa politique d’emploi, Macky Sall compte mettre en œuvre une nouvelle approche qui vise à rationaliser les structures de promotion de l’emploi, à mettre en cohérence la formation professionnelle et les besoins du marché, à mieux encadrer les fermes agricoles et assurer une meilleure collecte des données statistiques sur l’offre et la demande d’emplois.
Mais ces projets sont loin de convaincre Amadou Guèye, président de l’Union des indépendants du Sénégal (UNIS), qui y voit des «effets d’annonce» et «un jeu d’illusions» de la part du Président Macky Sall. «Après avoir fait la même annonce en décembre à travers le FONGIP qui n’est par ailleurs pas sorti des tiroirs depuis le vote du projet de loi pour l’instituer, cette nouvelle annonce est un effet d’illusion pour faire croire que le gouvernement a pris de nouvelles mesures de financement. Ce n’est pas le cas», souligne M. Guèye. Considérant que «les jeunes méritent plus que ces effets de manche», il estime que «les lignes de financement annoncées restent une promesse déjà faite et non réalisée jusqu’à ce jour puisqu’on n’a ni échéance, ni source identifiée de financement». Ce qui lui fait dire que «la stratégie du gouvernement reste encore bâtie sur les mêmes stratégies et le dispositif légués par le défunt régime et qui a montré ses limites».
L’Ansp est une «milice»
Autre annonce du président de la République qui courrouce Unis, c'est le stock de 10 mille emplois que devrait générer l’Agence nationale de sécurité de proximité (ANSP). Le leader de l’Unis tient à «avertir le Président sur cette idée dangereuse de mettre en place une milice de 10 000 jeunes aux ordres du chef de parti qu’il est». Car il est évident à ses yeux que l’Ansp est une «milice» qui ne dit pas son nom. «Avoir une agence qu’il va confier à des gens qui étaient ses gardes du corps, ça c’est une milice. On ne va pas donner des ressources (du pays) à ces jeunes - parce que ce sont des emplois salariés - alors que les forces de sécurité ne sont pas en nombre suffisant.»
Finalement, le seul «bol d’air» qu'Amadou Guèye a noté dans le discours du chef de l'Etat, c’est l’annonce de la concertation sur l’emploi. Cette idée constitue d’ailleurs, selon lui, «un aveu franc sur l’absence d’une réponse au problème du chômage massif des jeunes par ce régime qui a pourtant promis 500 000 emplois pour se faire élire». Or, cette promesse électorale est conçue «sans disposer de la moindre idée pour y arriver, excepté de dire aux jeunes d'aller cultiver la terre». L'Union nationale des indépendants exhorte donc l’Etat à mettre fin au «pilotage à vue sur la question de l’emploi (…) au risque de décrédibiliser la plus haute autorité de ce pays aux yeux des jeunes qui ont besoin d'espoir et de réponses, et non uniquement de promesses sans lendemain».
DAOUDA GBAYA
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