Awa Ndiaye ‘’chasse’’ l’administrateur de Seneporno
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La présidente de la Commission de protection des données personnelles (CDP), Awa Ndiaye, estime qu’au Sénégal, la loi sur la protection des données à caractère personnel doit être ‘’plus contraignante’’ afin de garantir la sécurité des usagers d’internet et notamment des réseaux sociaux. Elle s’exprimait hier, lors d’un panel sur le sujet.
‘’Le défi de la protection des données personnelles face aux usages du numérique’’, c’est le thème choisi cette année par les acteurs du secteur pour célébrer la journée internationale de la protection des données fêtée le 28 janvier. Au Sénégal, il existe depuis 2008 une législation pour protéger ces informations. Mais, elle n’est pas aussi dissuasive, selon la présidente de la Commission de protection des données personnelles (CDP), Awa Ndiaye. ‘’La loi doit être davantage contraignante au Sénégal. Elle existe mais il faut qu’elle soit effectivement appliquée. Nous nous battons pour que les Sénégalais soient conscients de l’existence de cette loi et qu’elle leur donne un cadre de protection’’, a-t-elle dit hier, lors d’un panel pour marquer cette journée.
Vu que l’environnement numérique est ‘’très large et bouge énormément’’, et l’informatique croît à un rythme ‘’exponentiel’’, il est impératif, selon la présidente de la CDP, de ‘’faire attention’’ à comment est-ce qu’on doit gérer sa vie privée sur les réseaux sociaux. ‘’Il est évident qu’il y a un manque de prise en charge de nos propres responsabilités par rapport au développement du numérique. Des efforts ont été certes faits, mais il reste encore beaucoup à faire. Pour mener à bien sa mission, la CDP a besoin d’avoir plus de moyens. Il faut absolument que le gouvernement nous aide à avoir davantage de ressources’’, a-t-elle ajouté. En effet, pour Awa Ndiaye, la protection de la vie privée ‘’n’est pas seulement l’affaire de la CDP’’, ni celle des commissaires, elle n’est pas non plus celui du secteur privé ou public. ‘’C’est l’affaire de chacun d’entre nous’’, a-t-elle soutenu. Mais, en attendant, Mme Ndiaye tient à identifier celui qui est derrière le site Seneporno.
‘’Il faut que nous sachions qui est derrière Seneporno’’
Hier, la présidente de la CDP a saisi l’occasion pour préciser qu’au Sénégal, ‘’personne n’interdit les sites pornographiques, s’ils sont légalement constitués’’. ‘’Ce sont des sites pour adultes et notre rôle, ce n’est pas de les interdire. Ce que nous considérons comme anormal, c’est le fait de voler la vidéo d’une personne qui a été faite dans un cadre privé et qu’à son insu, on la poste sur un site pornographique’’, a-t-elle indiqué. Ainsi, la patronne de la CDP souligne que sa structure essaie de chercher avec la brigade de lutte contre la cybercriminalité la personne qui est derrière le site seneporno. Un site internet qui défraie la chronique ces derniers temps avec des vidéos et photos ‘’nues’’ de certaines célébrités sénégalaises. ‘’Nous sommes dans une enquête et nous avons demandé au gouvernement de nous aider pour qu’en relation avec l’Artp, nous puissions savoir qui est l’administrateur de ce site. Il faut que nous sachions qui il est. Pas pour interdire son site, mais pour qu’il revienne dans la légalité’’, a-t-elle poursuivi.
Il faut noter que depuis 2014 (Ndlr : les statistiques de 2017, ne sont pas encore prises en compte), la CDP a reçu plus de 142 plaintes, selon son chef de la Division du contentieux, chargé des plaintes et des sanctions, Siradio Ba. Ces plaintes sont en réalité relatives aux systèmes de vidéosurveillance, à la biométrie, mais également aux réseaux sociaux notamment par rapport aux divulgations irresponsables de vidéos personnelles, de photos prises sans le consentement de la personne concernée. Il y a aussi des plaintes qui portent sur des données médicales et sur les médias et surtout la presse en ligne.
MARIAMA DIEME