Publié le 11 Jan 2014 - 12:57
PROTOCOLE D’ACCORD ENTRE LE GOUVERNEMENT ET LES ETUDIANTS

Ziguinchor, Thiès et Bambey signent, l’UGB refuse, l’Ucad boycotte

 

Le ministre de l'Enseignement supérieur a sifflé hier «la fin de la récréation» après les divisions intervenues dans le mouvement étudiant par rapport au protocole d'accord devant mettre fin à la crise universitaire. Pour Mary Teuw Niane, les 78 recommandations de la concertation nationale vont être intégralement appliquées. 

 

La dernière journée de négociations entre le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et la Coordination nationale des étudiants était très attendue par le monde universitaire. Cette rencontre devait mettre un terme à la crise qui secoue l’espace universitaire depuis la publication des 78 recommandations sorties de la Concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur.

Après plusieurs semaines de brouilles et d'affrontements, seules les universités de Bambey, Thiès et Ziguinchor ont signé le protocole d’accord mis sur la table de négociation par le ministre Mary Teuw Niane. L’université Gaston Berger, par la voix de son coordonnateur, Cheikh Mbacké Sène, a refusé de signer, et la Coordination des étudiants de l’Ucad a préféré boycotter la rencontre.

Dans son discours, l’étudiant de l’UGB s'est attaqué à la Fédération nationale des parents d’élèves et d’étudiants du Sénégal, représenté par son président, Bakary Badiane. Il a accuse la FENAPES de ne pas soutenir l’étudiant Ibrahima Diouf, blessé. «Depuis qu'il a été touché et a perdu l’usage de son œil gauche, il n’a pas reçu leur visite (alors) qu'ils devraient être les premiers à soutenir les étudiants.» Puis il a tiré sur une autre cible.

«Nous condamnons fermement le comportement des camarades de Thiès, de Ziguinchor et de Bambey, qui ont trahi toutes les décisions qu’on avait prises dans la Coordination nationale des étudiants.» Réplique de Ameth Fall, de l'Université Alioune Diop de Bambey : «si on parle de trahison, ce sont plutôt les universités de Dakar et de Saint-Louis qui ont été les premières à trahir.»

‘’La discussion est terminée, c’est le temps de l’application’’

Le refus des étudiants de Saint-Louis et de Dakar, les deux plus grandes universités du Sénégal, a semblé contrarier le ministre. «Si aujourd’hui une université vient nous dire qu’elle ne signe pas alors que c’est son représentant lui-même qui s’était adressé à nous pour donner sa parole, nous sommes surpris», s'est insurgé Mary Teuw Niane. Qui est resté ferme dans sa position et a assuré que toutes les décisions prises avec les étudiants seront respectées.

‘’Je vous dis simplement que le temps de la discussion est terminé. Aujourd’hui, c’est le temps de l’application des mesures que nous venons de nous accorder avec les étudiants. Ce protocole sera appliqué à 100%. Ceux qui souhaitent étudier auront la possibilité d’étudier et nous prendrons toutes les dispositions pour qu’ils étudient’’, conclut l’ancien recteur de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.

‘’Pourquoi la Coordination de Dakar a boycotté la rencontre ?’’

Selon certaines indiscrétions, ce sont des divisions internes qui ont poussé la Coordination des étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar à boycotter la rencontre avec le ministre de l’Enseignement supérieur, alors que la majorité des membres était disposée à y aller «contre un petit groupe (qui) s’y opposait». D'après nos informations, «le coordonnateur a reçu pendant toute la journée de jeudi des menaces. Par la suite, lui-même a convoqué une assemblée générale, vendredi matin à 11h alors que la rencontre avec le ministre était prévue le même jour à 10h», raconte une source qui a requis l'anonymat. «Quand nous sommes venus à l’Ag, il a parlé de désaccords entre étudiants. C’est une première fuite en avant.»

Par ailleurs, le coordonnateur des étudiants de l’Ucad, Alpha Sow, qui devrait signer le protocole, n’a pas voulu donner les détails du boycott. Joint par EnQuête, il a fait état de «problèmes internes». Par contre, un autre membre de la coordination, Ndème Dieng, a été plus prolixe : «on s’est réveillé le matin et il y a eu quelques divergences. Comme on ne voulait pas se chamailler devant le ministre, nous avons choisi de ne pas y aller», explique-t-il. Ensuite, le délégué à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Ucad de poursuivre : ‘’On est en train de régler tout cela, mais il y a une probabilité que Dakar signe le protocole’’.

DROITS D’INSCRIPTION

Les 25.000F, 50.000F et 75.000 maintenus, les modalités de paiement changent

Le protocole d’accord entre la Coordination nationale des étudiants du Sénégal et le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Mary Teuw Niane, porte sur les quatre points de la négociation : le paiement des droits d’inscription, les bourses et allocutions d’études, la police universitaire et le cas de l’étudiant Ibrahima Diouf, blessé à l’œil. 

Pour les droits d’inscription, les deux parties étaient parvenues à un accord. Et sur la période 2013-2016, les droits d’inscription s’élèvent à 25.000F, 50.000F et 75.000F, respectivement pour la Licence, le Master et le Doctorat. Après les négociations, le gouvernement a pris l’engagement d’alléger les modalités de paiement. Ainsi, il a été retenu que ‘’l'étudiant dont le maintien de la bourse n’est pas assujetti aux résultats aux examens est autorisé à s’inscrire s’il le souhaite, en signant une autorisation de prélèvement sur sa bourse d’un montant équivalent à ses droits d’inscription’’.

Pour les étudiants non boursiers, ils ont la possibilité de s’inscrire en donnant une avance de 10.000F sur ces droits d’inscription et le reste complété au plus tard le 15 mars 2014. Par ailleurs, concernant les bourses des étudiants, le ministre a pris l’engagement de ‘’payer les bourses des étudiants qui sont assurés de conserver leurs bourses d’études et qui ont souscrit aux formalités d’inscription’’.

Toutefois, il est mentionné dans ce protocole ‘’qu’un seul redoublement est permis dans chaque cycle’’. Et pour les étudiants de médecine, ‘’un seul redoublement est permis de la première année à la troisième année et de la quatrième année à la sixième année et de la possibilité de terminer la thèse en deux ans’’. Encore, il a été maintenu que les étudiants âgés de plus de 30 ans ne bénéficient plus de bourses d’études au niveau Licence et Master.

Concernant la police universitaire, le processus de partage et de validation des textes est en cours d’élaboration et les étudiants seront associés, rassure le ministre. Et enfin, pour le blessé Ibrahima Diouf, le ministre de l’Enseignement supérieur a promis de l’évacuer dans une structure sanitaire européenne adéquate et lui accorder une bourse pour ses études.

A.NG. NDIAYE

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