QUELLES REPONSES A LA SORTIE D’IDRISSA SECK ?
La célébration du premier anniversaire de l’accession du Président Macky SALL à la magistrature suprême a été marquée par plusieurs événements dont l’un des plus médiatiques reste la sortie de Monsieur Idrissa SECK, Président du Rewmi. En effet, la démarche et les réflexions de M. SECK font l’objet d’une désapprobation forte conduite par des milieux proches du pouvoir et d’une partie de la société civile. Il ne me paraît pas opportun d’apostropher Idrissa SECK sur l’exigence de solidarité et de cohérence de toutes les parties prenantes à une coalition. Sa stratégie communicationnelle a été faite en toute connaissance de cause et suivant des calculs politiciens mûrement planifiés. En fait, M.SECK s’imagine parfaitement dans un champ de luttes visant à transformer le rapport de forces et à modifier l’architecture de la mouvance présidentielle.
Cette sortie du Président du Rewmi, décriée par des réactions les unes plus pertinentes que les autres, a au moins le mérite de nous avoir rappelé la dure réalité de la compétition électorale et du réalisme politique qui la sous tend. Toutes les interventions de M. SECK seront désormais guidées par son ambition présidentielle et son agenda personnel fortement influencé par les prochaines échéances électorales. Qu’on ne s’y trompe guère ! Certains leaders de la mouvance présidentielle, même s’ils arrivent encore à cacher malicieusement leurs intentions, ne sont pas loin de partager les mêmes points de vue de M.SECK et ne tarderont pas sinon, à saborder BBY, du moins à exercer un chantage inacceptable. De notre point de vue, il ne s’agit pas de dissoudre mais de consolider BBY.
Toutefois, l’une des meilleures réponses reste la massification de l’APR .dont les militants doivent, dans une parfaite symbiose, s’arc-bouter sur la vision prospective du «Yoonu Yokuté».
Les détenteurs d’une légitimité historique et les porteurs d’une légitimité politique sont invités à initier et à organiser l’opération « TEERU » pour rechercher et accueillir les nouveaux adhérents Il est heureux de noter que le Président SALL a réaffirmé de façon solennelle sa volonté inébranlable d’élargir les bases de son parti. En démocratie, les acquis électoraux ne sont jamais irréversibles du fait justement, de l’usure du pouvoir, des nombreux déçus et des frustrés victimes très souvent de leur mauvaise incompréhension des engagements électoraux. Il est impératif à la fois d’apporter des réponses tangibles aux attentes du peuple et de massifier notre parti pour aborder avec sérénité les échéances électorales futures. La pratique démocratique exige que le peuple soit le seul détenteur de la souveraine puissance qu’il peut déléguer aux termes d’une compétition électorale pluraliste, transparente et saine.
Une deuxième réponse non moins importante pourrait être envisagée à l’aune du bilan d’étape du gouvernement issu de l’alternance du 25 mars 2012. De ce point de vue, je suis tenté de m’interroger sur la passivité de nos alliés et surtout sur le silence assourdissant des cadres de l’Apr (à l’exception de quelques individualités) dans la présentation et la défense des résultats d’une année d’exercice du pouvoir. Pourtant, la Commission «orientation et stratégies politiques» avait ficelé un programme alléchant appuyé par une documentation fournie et argumentée mais certaines résistances n’ont pas aidé à sa mise en œuvre. En vérité, le chef de l’Etat a effectivement bien démarré son magistère en donnant corps à l’essentiel de ses engagements.
Dans une approche participative et inclusive, le Président SALL a réussi une baisse significative des prix des denrées de première nécessité et l’amélioration sensible du pouvoir d’achat des travailleurs à partir d’une réduction des impôts sur les revenus. On peut naturellement se féliciter également de la rationalisation des structures de l’Etat et la suppression des niches de gaspillage budgétaire dont les résultats ont permis au Président et à son gouvernement d’impulser le niveau de vie du monde paysan en même temps qu’il soulageait, par des mesures structurelles, les populations victimes des inondations.
Conscient de la lourdeur et de la complexité de l’héritage libéral, le chef de l’Etat a instruit le gouvernement du Premier Ministre Abdoul MBAYE de s’atteler à un certain nombre de réformes visant à retrouver les grands équilibres macro-économiques et financiers, et remettre l’économie sur un sentier durable de croissance.
La stabilisation économique par des réformes structurelles en profondeur vise à assainir les finances publiques avec la mise à niveau des principaux indicateurs et la création d’instruments économiques pour le soutien à l’investissement et la création d’entreprises (FONGIP, FONSIS, etc.). Le discours du Chef de l’Etat du 3 avril 2013 est d’ailleurs venu confirmer ces objectifs et surtout l’orientation qu’il entend imprimer pour infléchir la courbe du chômage. Et le Président de rassurer ses compatriotes en révélant qu’en plus des 10. 000 emplois qui seront générés par l’Agence nationale de sécurité de proximité et d’une ligne de garantie de 10 milliards pour des activités génératrices de revenus en faveur des femmes et des jeunes filles. Un financement de 17 milliards sera destiné à la création d’emplois non salariés pour les jeunes.
De même la réactivation de la cour de répression de l’enrichissement illicite et la création de l’Ofnac sont des instruments d’une très grande importance pour la moralisation de la gestion publique.
Comme on le voit et sans entrer dans les détails, le Président Macky SALL n’est absolument pas contrarié par son bilan largement positif du reste, mais plutôt par une mauvaise stratégie des hommes et des femmes sensés expliquer et vulgariser ses nombreuses initiatives et réalisations. Toutefois, quelle que puissent être leur ingéniosité et leur détermination, ils auront en face un homme politique dont les ambitions personnelles rejettent à la périphérie toute autre considération.
Dr Amadou Tidiane LY, Cadre de l’APR, UCAD