Publié le 8 Jan 2016 - 16:11
RECHERCHE DU JIHADISTE SALECK OULD CHEIKH

La traque s’organise à Saint-Louis

 

Une atmosphère jamais connue règne à Saint-Louis : des policiers encagoulés et armés font des descentes dans les hôtels et maisons d'hôtes pour traquer des individus, depuis des jours. La DIC est déterminée à mettre la main sur le djihadiste Saleck Ould Cheikh.

 

La peur se lit sur les visages des Saint-Louisiens et le sujet est sur toutes les lèvres. Des hommes encagoulés fouillent partout, depuis dimanche, pour mettre la main sur l'islamiste Saleck Ould Cheikh qui s’est évadé de la prison de Nouakchott. Il y purgeait une peine pour tentative d'assassinat sur l’actuel chef de l'Etat mauritanien. Selon certaines informations, la police sénégalaise et celle de la Mauritanie unissent leurs efforts pour mettre la main sur le fugitif. En plus des policiers spécialisés, des magistrats chargés de l'enquête sont présents dans la ville tricentenaire, dit-on.

De ce fait, des réunions de coordination se tiennent régulièrement à la Cour d'appel de Saint-Louis. « Des personnes d'origine mauritanienne sont en garde à vue. Elles sont soupçonnées d'avoir eu des contacts avec l'islamiste Saleck Ould Cheikh », indique une source qui ne veut, cependant, pas se prononcer sur le nombre exact des gardés à vue.

De la frontière à la commune de Saint-Louis, en passant par les agglomérations qui sont situées sur la route nationale, l'alerte est donnée, depuis dimanche, lorsque les hôtels de Saint-Louis ont été visités par les éléments de la Division des Investigations Criminelles (DIC). Sur la route, les véhicules font l’objet d’une fouille systématique. A Sal Sal, zone frontalière située à Gokhou Mbacc, un quartier qui jouxte la Mauritanie, les moindres gestes des populations sont surveillés. En effet, à Gokhou Mbacc vit une importante communauté mauritanienne. Cette zone est réputée être une passoire pour rallier l'autre rive. Là-bas, les éléments de la DIC se mêlent aux populations pour recueillir les moindres informations susceptibles de les mettre sur la piste de Saleck Ould Cheikh, considéré par les autorités des deux pays comme ennemi public numéro un.

Rosso Sénégal, Richard-Toll, Dagana et Podor également investies par la DIC

La nuit, dans l'île de Saint-Louis, les autochtones ont actuellement peur de mettre les pieds dehors. Ce n'est plus la grande ambiance dans les bars. « Depuis que le bruit court comme quoi il y a un islamiste qui s’est échappé de la Mauritanie et qu'il serait à Saint-Louis, la DIC est annoncée. Alors les clients ont peur de sortir et de fréquenter les cabarets et terrasses de la ville », souligne le concierge d'un motel. En effet, les quartiers populaires comme Pikine, Guet-Ndar, Gokhou Mbacc sont dans la  ligne de mire des enquêteurs. La même situation prévaut à Rosso Sénégal, Richard-Toll, Dagana et Podor. Dans la ville sucrière, la nuit, ce n'est plus la grande ambiance.

« Nous demandons à Allah de nous prémunir de ces islamistes », confie Ibrahima Faye, boutiquier. A la gare routière de Richard-Toll, ville cosmopolite et inter ethnique, on a plus confiance en personne. Les hommes au teint clair, notamment les maures, font l’objet de soupçons. « Nous avons vu la photo de l'homme recherché dans la presse. En ce qui me concerne, si je le vois, je vais composer le numéro vert de la gendarmerie », déclare un jeune que trouvé devant un cyber espace. « Au Sénégal, on entre, on sort comme on veut. Surtout le long du fleuve », dit-il. Selon le jeune homme, il est temps d'avoir une police des frontières. « Nous sommes à quelques jets de la Mauritanie et du Maghreb, bastion des groupes  islamistes comme Aqmi. Il faut renforcer la surveillance de cette frontière ».

En attendant, les forces de sécurité sont en alerte maximale à Saint-Louis. 

FARA SYLLA (SAINT-LOUIS)

 

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