Les 7 nouveaux qui font leur entrée

Ils sont sept ministres à faire leur entrée, hier, dans le nouveau gouvernement du président de la République Macky Sall, composé de 33 ministres avec des portefeuilles et 4 ministres d’Etat. Dans ce lot, on retrouve des personnalités politiques, surtout de l’opposition, qui ont déjà occupé des postes ministériels, comme Aïssata Tall Sall et Oumar Sarr, mais aussi des bleus comme Antoine Félix Babacar Diome, jusque-là Agent judiciaire de l’Etat.
Aïssata Tall Sall, ministre des Affaires étrangères
La mairesse de Podor revient aux affaires, après avoir été, du 4 juillet 1998 au 4 avril 2000, ministre de la Communication, porte-parole du dernier gouvernement socialiste du Premier ministre Mamadou Lamine Loum. Aïssata Tall Sall succède à Amadou Ba, à la tête du département des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. Aïssata Tall Sall répond aux sirènes de Macky Sall, alors qu’elle a résisté aux multiples tentatives de débauchage politique d’Abdoulaye Wade qui voulait même faire d’elle Premier ministre du Sénégal.
Exclue du PS, en 2017, alors qu’elle fut en 2007, à l'issue du Congrès du Parti socialiste, la première femme de l'histoire de ce parti à accéder au poste de secrétaire général de l'Union régionale PS de Saint-Louis, elle n’a pas su pardonner au secrétaire général du Parti socialiste, feu Ousmane Tanor Dieng, ses choix politiques. Lui qui avait décidé de se faire remorquer par le parti présidentiel, dans le cadre de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY). Avec son mouvement politique Osons l’avenir, Aïssata Tall Sall a intégré l’hémicycle, au sortir des élections législatives du 30 juillet 2017.
Sa maturité, Aïssata Tall Sall la doit à son riche parcours politique. Titulaire d’une Maîtrise en droit à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar où elle est d’ailleurs sortie major de sa promotion et d’un MBA en Programm For International Management à l'Université américaine de Paris (IUA), Aïssata Tall Sall s’est tracé un parcours politique exemplaire durant le règne du régime socialiste. De par sa résistance à la transhumance politique sous Abdoulaye Wade, ses combats politiques et ses prises de position courageuses, elle se voit attribuer le surnom de ‘’Lionne du Fouta’’.
Parallèlement à ce parcours politique, elle a mené une florissante carrière d’avocate. En effet, après avoir prêté serment en 1982, c’est dans le cabinet de Maître Mour Seck qu’elle a fourbi ses armes. Lauréate à la première rentrée de la Conférence solennelle du stage du barreau de Dakar, elle décide, en 1986, de prendre son destin en main et de faire cavalier seul. En 1992, après des stages au cabinet de Maître Mour Seck et Bourgi, elle s'installe à son propre compte au centre-ville de Dakar et gère depuis lors un cabinet de six collaborateurs, avec lequel elle gagne beaucoup de procès internationaux.
Outre les généraux ivoiriens Palenfo et Coulibaly, accusés d’atteinte à la sûreté de l’État, elle a également plaidé pour l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Haidalla, l’ex-Premier ministre togolais Agbéyomé Kodjo ou encore l’ancien président malien par intérim Dioncounda Traoré. C’est d’ailleurs, selon ‘’Jeune Afrique’’, au procès des deux Ivoiriens, que le cinéaste Abderrahmane Sissako l’a remarquée. Quelques années plus tard, il lui proposera de jouer son propre rôle dans son film ‘’Bamako’’, où elle défend la cause de l’Afrique face aux institutions de Bretton Woods, que sont le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM). Cela lui vaudra, en 2006, de monter les marches du festival de Cannes au bras d’Abdou Diouf, alors Secrétaire général de la Francophonie.
Oumar Sarr, ministre des Mines et de la Géologie
Comme Aïssata Sall, l’ancien numéro 2 du Parti démocratique sénégalais (PDS) revient au-devant de la scène par la grande porte. Né le 12 janvier 1958 à Dagana, le maire de cette ville depuis 1996, a été le ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction d’Abdoulaye Wade. Oumar Sarr est connu pour son penchant pour les mathématiques supérieures, puis les mathématiques spéciales au lycée Thiers de Marseille (1976-1978). Il a eu son diplôme d’ingénieur en juillet 1981 avec la mention ‘’Très bien’’ et a passé son Doctorat à l’université Paris 6 où il a soutenu sa thèse en décembre 1985, avec la mention ‘’Très honorable’’.
Pendant cette période, le remplaçant de Sophie Gladima s’était fortement engagé dans le milieu associatif, en intégrant l’Association des étudiants sénégalais en France (AESF) et la Fédération des étudiants d’Afrique noire vivant en France, dès son arrivée en 1976. Il a même eu à diriger la première organisation susnommée entre 1981 et 1985. Il rejoint le Pds entre 1993 et 1994. Par ailleurs, il fut membre de la Ligue communiste des travailleurs (LCT) avec les Doudou Sarr, Bamba Ndiaye (MSU) et Mimi Touré, son ancienne épouse avec qui il a eu trois enfants.
Au PDS, il est présenté comme étant parmi ceux qui ont rendu ‘’transparent’’ le fichier électoral, en dénichant les méthodes de fraude qu’utilisait le Parti socialiste pour truquer les élections. Et c’est à la sortie des élections locales de 1996 qu’il est devenu maire, grâce à son mouvement dénommé Taxaw Sopi Dagana.
Il convient de noter qu’Oumar Sarr était dans le premier gouvernement de l’alternance, en tant que ministre de la Pêche. A peine un an plus tard, il est limogé pour être nommé directeur général de la Sicap jusqu’en 2005. En juin 2007, Wade élargit ses pouvoirs. Il est désormais à la tête du département de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction. L’ascension continue, et en 2009, de nouvelles attributions (l’Hydraulique et l’Assainissement) viennent s’ajouter à son ministère. Sa série de promotions connaît son apogée en 2012, lorsque le chargé des élections est désigné secrétaire général adjoint, coordonnateur du parti. Autrement dit, le numéro 2 de fait du PDS. Et depuis septembre dernier, Oumar Sarr a déposé à la préfecture de Dakar le dossier de sa formation politique : le Parti des libéraux et démocrates/And Suqali (PLD/AS).
L’actuel ministre des Mines a aussi un curriculum vitae bien fourni. Il est titulaire d’un diplôme de mathématiques, d’un Dea de l’université de Paris VI en septembre 1981, d’ingénieur informaticien (IIE-Cnam) à Paris et d’un Doctorat spécialité informatique de l’université Pierre et Marie Curie (Paris 6) avec la mention ‘’Très honorable’’.
Après des études militaires au Burkina Faso et un Baccalauréat série C, mention ‘’Bien’’, il se rend en France. De 1978 à 1981, ce mélomane, fan de Mozart et de Pape & Cheikh, est étudiant à l’Ecole nationale supérieure d’informatique pour l’industrie et l’entreprise (ENSIIE). Enseignant à l’université de Paris 12 Créteil puis consultant à l’aéroport de cette même ville, Oumar Sarr a été professeur permanent à l’Institut africain d’informatique au Gabon (1989-1990).
Revenu au Sénégal en 1990, il intègre le Département génie informatique de l’Ecole supérieure polytechnique de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et devient membre du SAES la même année.
Dr Papa Amadou Ndiaye, Ministre de l’Artisanat et de la Transformation du secteur informel
Le nouveau ministre du nouveau département de l’Artisanat et de la Transformation du secteur informel, n’a pas tardé à réagir, à la suite de sa nomination. Le gynécologue, Dr Papa Amadou Ndiaye, a fait savoir hier, sur la TFM, qu’il compte suivre la feuille tracée par le chef de l’Etat Macky Sall, pour mener sa mission. ‘’Nous allons suivre la feuille de route du président de la République pour mener notre mission. Mais, la transformation informelle se fera par étapes. Il faut d’abord former les acteurs avant de les formaliser. C’est cette formalisation qui va renforcer notre économie, dès l’instant que ces acteurs comprendront les enjeux de créer une entreprise formelle, des GIE. Car ils auront une sécurité supplémentaire pour leurs affaires et leurs ressources. Et ce travail, il ne peut pas le faire d’un seul coup’’, dit-il.
D’après le Dr Ndiaye, connu dans la région de Thiès et particulièrement dans la commune de Thiès-Ouest, pour ses activités en faveur des petites et moyennes entreprises (PME), il sera d’abord nécessaire de sensibiliser les acteurs de l’informel, afin qu’ils comprennent que la formalisation est ce qu’il y a de ‘’mieux’’ pour eux. L’ancien président du Conseil d’administration du Fonds de garantie des investissements prioritaires (Fongip) souligne que le travail doit être fait en collaboration avec ses collègues ministres des Petites et moyennes entreprises (PME) et des Petites et moyennes industries (PMI).
Homme d’action, le Dr Ndiaye est considéré comme quelqu’un qui a su allier son travail, la politique et le social. Et selon lui, la Covid a montré qu’il urge, pour le Sénégal, d’être autosuffisant et de produire ce dont le pays a besoin. ‘’Il faut qu’on transforme nos produits sur place pour renforcer notre économie. On a toujours exporté nos matières premières et cela n’est pas trop rentable pour le pays. Or, si on les transformait sur place, cela constituerait des ressources supplémentaires pour notre économie. Il faut que cette transformation soit réelle, car le consommé local est important pour un pays’’, dit l’ancien mandataire de Benno Bokk Yaakaar dans sa commune, lors des Législatives du 30 juillet 2019.
Le ministre de l’Artisanat et de la Transformation du secteur informel relève qu’entre 60 et 95 % des Sénégalais sont dans l’informel et l’artisanat. Donc, Papa Amadou Ndiaye soutient qu’il est nécessaire de trouver des mécanismes pour appuyer ces acteurs économiques, afin qu’ils contribuent à la consolidation de l’économie nationale et de régler les difficultés que rencontre la jeunesse actuellement.
Aly Saleh Diop, Ministre de l’Elevage et des Productions animales
Le parti Rewmi, même s’il n’a pas rejoint officiellement la mouvance présidentielle, a eu une part belle du remaniement. Avec leur leader à la tête du Conseil économique, social et environnemental (Cese), des hommes du parti ont été nommés à la tête de départements ministériels. Il s’agit de Yankhoba Diattara, en charge de l’Economie numérique, et d’Aly Saleh Diop, Ministre de l’Elevage et des Productions animales.
Né en 1954 à Kamb, dans le Djollof, le successeur de Samba Ndiobène Ka est un acteur du secteur privé. Aly Saleh Diop a fréquenté l'école élémentaire de Maguette Ndiaye de Dahra. Après l’obtention du Certificat de fin d’études élémentaires (Cfee) ou entrée en sixième à l’époque, il est venu à Dakar poursuivre ses études jusqu'à l'obtention du Baccalauréat. Il fut orienté à la faculté des Sciences économiques et juridiques. Après 4 ans, il décroche la Maîtrise. Assoiffé de savoir, l'homonyme du premier maire de Dahra s'envole pour la France et fréquente l'université Montpellier 1 où il décroche un DEA en économie et plusieurs spécialisations. Il est aussi membre d'une équipe de recherche de l’Afrique de l'Ouest.
Economiste agricole, Aly Saleh Diop a aussi travaillé au sein de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et à la Sils, plus précisément à Ouagadougou.
Yankhoba Diattara, Ministre de l’Economie numérique et des Télécommunications
Le 1er vice-président du Conseil départemental de Thiès est porté à la tête du ministre de l’Economie numérique et des Télécommunications, succédant ainsi à Ndèye Tické Ndiaye Diop. Yankhoba Diattara était, en fait, au Conseil départemental de Thiès depuis juillet 2014. Il fut aussi le 1er adjoint au maire de la ville de Thiès, entre 2009 et juin 2014.
En charge de la gestion administrative et financière de la mairie et aussi représentant du maire aux cérémonies officielles et chargé des relations de coopération avec les villes et institutions partenaires, le désormais ministre de l’Economie numérique a également travaillé, pendant un an, aux Industries chimiques du Sénégal, comme cadre administratif à la Direction générale des ICS. Ceci entre juin 2003 et juin 2004.
Yankhoba Diattara est un ancien pensionnaire de l’Ecole nationale d'administration (ENA) et s’est spécialisé en gestion axée sur les résultats (Gar) en 2013. Il a obtenu aussi un diplôme de l’Ecole des sciences de gestion (ESG) de l’université du Québec à Montréal ESG et d’un MBA CadreFinance, stratégie, management, gestion de projets, entre 2004 et 2008.
Antoine Félix Abdoulaye Diome, ministre de l’Intérieur
Le ministère de l’Intérieur est désormais dirigé par l’agent judiciaire de l’État (AJE) Antoine Félix Diome, jusqu’alors peu connu du terrain politique sénégalais. Avec une grande expérience judiciaire, le successeur d’Aly Ngouille Ndiaye a été au cœur de plusieurs grands dossiers, à l’instar de l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar dans laquelle était impliqué Khalifa Sall. Il était également ancien substitut du procureur de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), lors du procès de la traque des biens mal acquis.
Considéré comme celui qui a ‘’débusqué’’ les comptes de Monaco dans l’affaire Karim Wade et aussi de son patrimoine en France ou encore ses assurances au Luxembourg, Antoine Félix Diome a fait ses études primaires et secondaires entre Dakar et Thiès.
Après l’obtention de son Bac au lycée Blaise Diagne de Dakar, le natif de Khombole est orienté à la faculté des Sciences juridiques et politiques à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Quatre ans plus tard, il décroche sa Maitrise en droit et tente le concours de l’ENA qu’il réussit en 2000. Son ascension est jugée ‘’fulgurante’’.
Antoine Félix Diome est alors affecté au parquet de Diourbel, puis il est muté comme substitut général près le parquet général de la Cour d’appel de Dakar. De substitut général, il passe délégué du procureur du tribunal départemental de Guédiawaye, avant de se retrouver comme second d’Alioune Ndao au niveau de la Crei.
Abdoulaye Saydou Sow, ministre de l’Urbanisme
Nommé à la Direction générale du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) en 2019, Abdoulaye Seydou Sow rejoint le gouvernement et va cohabiter avec son prédécesseur au Coud, le ministre de l’Enseignement supérieur Cheikh Oumar Anne. Administrateur civil, le natif de Ndoucoumane, Ministre conseiller et ancien Président du Conseil d’orientation du Programme national des domaines agricoles communautaires (Prodac) est nommé ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique. Il succède ainsi à Abdou Karim Fofana qui est chargé du Suivi du Plan Sénégal émergent auprès du chef de l’Etat. Il était, par ailleurs, au sein du Parti démocratique sénégalais (PDS), tête de liste départementale à Kaffrine en 2014.
Enseignant de formation, Abdoulaye Seydou Sow a été admis à l'Ecole nationale de l’administration (ENA) au cycle B (secrétaire d'administration), puis au cycle A. Il a eu à travailler au cabinet du ministère de la Jeunesse avec Aliou Sow. Dans le cadre du sport, il fut d'abord secrétaire général de zone, président de zone, d'ASC, président de l'Oncav et de l'Orcav. Il a été président de la ligue de Kaffrine, président de la Commission de discipline de la Fédération sénégalaise de football (FSF), président de la Ligue de football amateur et 2e vice-président de la FSF.
MARIAMA DIEME