Publié le 28 Jan 2016 - 04:00
RENCONTRE ENTRE LE MINISTRE ET LES SORTANTS DE LA FASTEF

Guerre des versions entre Serigne Mbaye Thiam et les grévistes

 

Entre le ministre de l’Education nationale et les grévistes sortants de la formation payante de la promotion 2013, c’est le dialogue de sourds. Serigne Mbaye Thiam leur a promis d’être recrutés en cas de besoin. Eux parlent d’un mauvais prétexte, convaincus que les besoins existent bel et bien.

 

Le ministre de l’Education nationale a rendu hier une visite inopinée aux sortants non affectés de la promotion 2013 de la Faculté des sciences et techniques de l’éducation et de la formation (FASTEF). Serigne Mbaye Thiam qui présidait, à l’ex-Ecole normale supérieure, la cérémonie de démarrage des activités de la réforme du curricula de l’Education nationale, en a profité pour aller voir les grévistes. Ces derniers exigent leur recrutement dans le système.

Serigne Mbaye Thiam leur a fait comprendre qu’ils n’ont pas besoin d’observer une grève de la faim pour réclamer ce qui n’est pas un droit. ‘’Je comprends que vous soyez désespérés, mais le moyen de lutte que vous avez adopté n’est pas approprié. Je vous tiens le même langage qu’en 2014. Je vous avais dit qu’il n’y a pas un droit absolu pour ceux qui ont fait la formation payante à être recrutés automatiquement dans l’enseignement’’. Toutefois, a précisé le ministre, compte tenu du nouveau programme dont un des piliers est l’amélioration de la qualité des enseignements-apprentissages, un enseignant ne sera pas recruté, s’il n’a pas la formation requise. Etant déjà formés, ils sont donc prioritaires. ‘’À chaque fois que, dans les disciplines qui sont les vôtres, on a un besoin en enseignant dans le système éducatif, vous serez recrutés en priorité, en fonction bien sûr des postes budgétaires qui seront attribués au ministère de l’Education nationale’’, a-t-il promis.

Pour les rassurer davantage, Serigne Mbaye Thiam a rappelé qu’il y a un recensement en cours. A l’issue de cela, si des besoins sont exprimés, ils seront recrutés, a soutenu le ministre qui, toutefois, se garde de prendre des engagements d’épuiser le stock dans l’immédiat. Il a décliné cependant un processus qui risque d’être lent, certes, mais peut résorber le gap, dans les années à venir. ‘’Là où les années passées, on commandait à la FASTEF une centaine de LHG (Lettres, Histoire-Géographie), l’année dernière, on n’a fait sortir que 20 LHG. Pour la commande qui vient, il y en a moins de 10. Si nous réduisons la commande progressivement dans les disciplines qui sont les vôtres, c’est que nous voulons, à terme, vous recruter tous. Je pense que vous pouvez nous faire confiance’’, a-t-il invité. Après son adresse, le ministre s’en est allé, laissant derrière lui des interlocuteurs qui ne sont pas du tout en phase avec lui.

‘’Il y a une forte demande sur le terrain’’

Bien qu’ayant apprécié la visite du ministre et se disant ouverts au dialogue, les grévistes de la faim ont réaffirmé leur détermination à aller au bout de leur logique. ‘’Il n’est pas question d’arrêter la grève de la faim. Nous sommes prêts à mourir’’, a soutenu le coordonnateur des sortants de la promotion payante 2013, Alphousseyni Keïta. Selon ses dires, il y a aujourd’hui 253 professeurs qui réclament leurs ordres de services. ‘’253 par rapport aux besoins qui se présentent sur le terrain, c’est un nombre très insignifiant. Même le département de Dakar seulement peut absorber ce nombre-là. A plus forte raison, les 14 régions du Sénégal’’, a ajouté M. Keïta qui en veut pour preuve les élèves qui vont en grève pour réclamer des professeurs et les redéploiements auxquels se livre le ministère.

Il se veut catégorique : il y a bel et bien un besoin en Lettres, Histoire-Géographie et en Langues. Qu’il suffisse de descendre sur le terrain pour le constater. Il pose un problème de volonté. A propos du dialogue, Alphousseyni Keïta rappelle  toutes les démarches faites pour ne pas en arriver là. Notamment une rencontre avec le directeur de cabinet du ministre qui leur a parlé de besoins. Alors qu’à leurs yeux, cela n’est pas conforme à la réalité. Le sortant de la formation payante de dire que le dialogue a toujours eu lieu. Ce sont les promesses qui n’ont pas été respectées.

Les sortants 2013 de la formation payante faisaient plus de 800 enseignants. 93 parmi eux ont été recrutés, il y a deux ans. En 2015, sur 717, 368 ont été enrôlés.

BABACAR WILLANE

 

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