ONU Femmes ouvre le débat

Quels sont les circuits des flux financiers de la diaspora destinés aux pays africains ? La part des femmes ? Comment les impliquer davantage ? Ces questions ont intéressé, durant deux jours (2 et 3 juin), à Dakar, ONU Femmes (Afrique de l'Ouest et du Centre) et la fondation Ford.
L'apport des diasporas africaines sur l'économie du continent n'est plus à démontrer. Malgré cette manne financière importante, le caractère plus ou moins informel de sa gestion impacte négativement son efficience. “Les récentes discussions ont mis en lumière des pistes cruciales pour tirer parti des contributions de la diaspora et renforcer la confiance. Les objectifs principaux sont de reconnaître l'appui inestimable qu'apportent les diasporas aux économies, aux sociétés et aux cultures de nos pays, et d'établir des plateformes durables leur permettant d'investir dans des projets sociaux”, souligne la directrice régionale adjointe de l'ONU Femme d'Afrique de l'Ouest et du Centre.
Mais Mireille Kamitatu suggère que ces outils doivent inspirer confiance et aligner les investissements sur les priorités nationales. Car “une préoccupation majeure pour les philanthropes de la diaspora est de s'assurer que leurs contributions sont utilisées efficacement et bénéficient aux populations vulnérables’’.
Poussant sa réflexion, elle estime que l'implication des organisations de la société civile pourrait être cruciale pour y arriver. “Il faut mettre en place des systèmes garantissant la transparence sur l'affectation et l'utilisation des fonds ainsi que sur leur impact, avec des mécanismes de redevabilité solides et de mesure de l'impact. Enfin, il est crucial d'encourager les OSC à travailler avec la diaspora dès le début pour définir les projets et montrer l'impact concret de leurs fonds durement gagnés sur les communautés, comme c'est le cas au Sénégal’’, suggère Mireille Kamitatu.
Intégrer les femmes et les groupes marginalisés
Les discussions ont également abordé la question cruciale de l'intégration des femmes et des groupes marginalisés dans les systèmes financiers numériques, en s'attaquant aux obstacles structurels. “Il est impératif d'identifier et de surmonter les normes sociales, les disparités éducatives et l'accès limité aux technologies qui empêchent les femmes et les jeunes filles, surtout en milieu rural, de participer aux opérations financières”, lance-t-elle.
Mireille Kamitatu renchérit en évoquant les bonnes pratiques afin de renverser cette tendance. “Pour cela, dit-elle, il faut renforcer leurs compétences par des formations et un soutien ciblés, et développer des plateformes et des applications numériques simples et accessibles ne nécessitant qu'une formation minimale pour une utilisation efficace”.
En gros, cette approche nécessite une double implication : renforcer les capacités et proposer des solutions adaptées à leurs besoins.
MAMADOU DIOP